Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20150618_NogayeDieye
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Entretien : Nogaye Dièye, Ndiassane, le 18 Juin 2015
00 :01 : Daouda Faye (DF) : Aujourd'hui nous recevons Nogaye Dièye. Madame Bonjour, c'est un plaisir de vous recevoir.
Nogaye Dièye : Bonjour!
00 :12 : DF : Madame, est-ce que vous pouvez vous présenter?
Je m'appelle Nogaye Dièye. Je suis née à Tivaouane et j'ai grandi à Ndiassane. Je suis venue à Ndiassane à l'âge de sept ans, accompagnée de ma mère. Je suis venue à Ndiassane à la naissance de mon jeune frère et depuis lors j'y vis.
00 :42 : DF : Est-ce-que vous pouvez nous parler de votre éducation?
Je peux dire que j'ai été bien éduquée par ma mère et mon beau-père avec qui je vivais.
01 :08 : DF : Donc votre père est décédé?
Oui, il est décédé.
01 :10 : DF : Cela fait combien de temps qu'il est décédé?
Il n'y a pas longtemps qu'il est décédé.
01 :16 : DF : Vous aviez quel âge quand il est décédé?
Cela ne fait même pas quatre ans lorsqu'il est décédé.
01 :21 : DF : Lorsqu'il est décédé, qui est-ce-qui a joué le rôle de père pour vous ?
Il y a mon grand frère de même père et de même mère qui s'occupait de nous pendant tout ce temps.
01 :32 : DF : On a entendu dire que vous étiez la présidente du projet TOSTAN. Est-ce-que vous pouvez nous parler de la genèse de ce projet et comment est-ce qu'il s'est terminé?
Ils ont commencé à nous enseigner. Moi je n'avais appris ni le français ni l'arabe. Si aujourd'hui je sais lire ou faire quoi que ce soit c'est grâce aux enseignements dispensés par TOSTAN.
02 :18 : DF : Pourquoi ce projet de TOSTAN a-t-il pris fin?
Ils nous ont dit que le programme était terminé et qu'ils devaient aller dans d'autres localités. Ils nous ont beaucoup aidés quand même.
02 :34 : DF : Comment avez-vous fait pour être choisie comment présidente?
A dire vrai, je ne me suis pas nommée moi-même à ce poste. On m'a nommé lors de nos rencontres qui se tenaient au daara où l'on étudiait. C'est comme cela que je suis devenue leur présidente.
02 : 52 : DF : Quelles étaient vos responsabilités dans le projet?
Il s'agissait d'unir tout le monde. C'est-à-dire que, quelle que soit la décision prise par les membres, j'y adhérais.
03 :04 : DF: En tant que présidente, est ce que vous pouvez nous parler des réalisations de TOSTAN dans la cité ?
Franchement, ils ont eu à faire beaucoup de choses ici. Par exemple, ceux qui n'étaient pas instruits, l'ont été. Il y' en a qui ont eu des métiers grâce à moi parce que quand TOSTAN s'implantait ici j'étais déjà couturière. Ainsi ils m'ont dit qu'ils voulaient nous payer des machines à coudre pour que j'enseigne la couture. C'est pourquoi il y a beaucoup de gens à qui j'ai enseigné la couture. Il y en a quatre qui sont là, et d'autre, mariées maintenant, ont rejoint leur époux. TOSTAN a aussi fait don de beaucoup de médicaments qu'on a mis à la disposition de l'hôpital. Les médicaments peuvent être estimés à 200.000F CFA. Ils ont aussi construit des latrines. Lorsqu'ils sont venus pour les toilettes, ils m'ont contacté et m'ont demandé de répertorier les maisons qui n'avaient pas de latrines. Je suis partie dans les maisons, et à chaque fois que j'entrais dans une maison je disais que je voulais aller aux toilettes, histoire de voir s'ils en avaient vraiment. En fait, ce projet de latrine avait été initié avant mais cela avait échoué tout simplement parce que l'enquête pour savoir ceux qui en avait et ceux qui n'en n'avaient pas n'était pas bien faite. Parfois les gens ont des toilettes mais ils veulent qu'on les en construises de nouvelles. Les gens ne savaient pas ce que je faisais. C'est quand on les a appelé pour qu'ils prennent leurs matériels de construction qu'ils ont compris. Monsieur Kounta avait même beaucoup apprécié ma démarche. Ils ont aussi mis sur pied une micro-finance d'un budget de 400.000F CFA qui nous permettait de travailler un peu.
05 :26 : DF : Donc, on peut dire que TOSTAN a participé au développement de la localité?
Oui, le projet a participé au développement de la localité.
05 :35 : DF : Y a-t-il des projets à Ndiassane qui ont fait le même travail que TOSTAN?
Oui, il y a des projets à Ndiassane mais ils ne peuvent pas être comparés à TOSTAN.
05 :49 : DF : Quels sont ces projet?
Il y a les crédits mutuels. Il y a aussi un autre projet qu'on appelle AVEC et au moment où je vous parle nous travaillons avec ce projet-là. AVEC nous permet d'emprunter de l'argent, on a à peu près 15 caisses dans la cité, les femmes empruntent de l'argent pour faire de petits commerces et d'épargne, même hier soir on avait un programme avec ce projet.
06 :31 : DF : Quelles sont vos responsabilités dans ce projet?
C'est moi la présidente.
06 : 36 : DF : Est-ce-que vous pouvez nous en parler un tout petit peu?
C'est un bon projet. En fait, les tontines qu'on mettait sur place se soldaient par des échecs. Les gens prenaient l'argent et ne remboursaient pas. Maintenant, les caisses qu'on n'a mises sur place ont trois clés et chacune des responsables en détient une. Si vous versez, il y a un carnet pour chaque membre qui permet d'avoir une certaine traçabilité. Par exemple, si vous avez besoin de 50.000F CFA, on vous prête et au bout de trois mois, vous remboursez.
Quelque que soit la somme dont vous avez besoin, on vous le prêtera sans aucune difficulté.
07 :09 : DF : Qui sont les initiateurs d'un tel projet ici?
Ce sont les travailleurs de PLAN [International] qui l'ont instauré ici.
07 : 30 : DF : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes à chaque fois nommée présidente?
En tout cas, je sais que je ne suis pas meilleure que ceux qui sont là, parce que je n'ai pas fait les bancs.1 C'est Dieu qui a fait qu'ils ont confiance en moi. A l'école française, au poste de santé, c'est moi qui suis la présidente. Même à l'école arabe, ils voulaient faire de moi la présidente mais j'ai dit non parce que j'avais beaucoup de responsabilités. Je peux dire que c'est un don de Dieu.
08 :16 : DF : Qu'est-ce que vous faisiez avant d'être à TOSTAN?
Je fais de la couture. Vous voyez même la machine là-bas, je m'apprêtais même à travailler. C'est ce que je fais comme travail afin de joindre les deux bouts.
08 :35 : DF : Est-ce que vous avez des responsabilités dans la vie religieuse de la cité?
Oui, j'ai des responsabilités. Lors des gamous ou des ziaras, par exemple, je fais partie de celles qui s'occupent des achats. Ce fut même le cas lors du récent anniversaire du rappel à Dieu de Cheikh Bou. El Hadji Sidy Yakhya me confie tout si le père de Minetou est là. Minetou le sait même.
09 :10 : DF : Quels sont vos souhaits pour la cité?
Tout ce que l'on souhaite, c'est le développement de la localité, quelqu'un qui puisse nous aider à nous développer socialement et dans tous les secteurs.
09 :38 : DF : Qu'est-ce qui vous a le plus plu dans votre existence?
Ce qui me plait le plus, c'est la bonne cohabitation qui règne ici à Ndiassane.
09 :56 : DF : Je veux dire, qu'est qui vous a le plus marqué dans votre existence?
Ce qui me plait le plus c'est l'éducation qu'on m'a inculquée et qui m'a permise d'avoir toutes ces responsabilités et qui a fait aussi que les gens ont confiance en moi.
10 :19 : DF : Qu'est-ce qui vous a le plus fait mal dans la vie?
C'est humain d'avoir du mal.
10 :30 : DF : Je veux dire quelque chose qui vous fait pleurer rien qu'à y penser.
Cela ne me fait jamais pleurer mais le fait que je n'ai pas d'enfants me fait mal. Je sais que c'est Dieu qui en a décidé ainsi.
10 :50 : DF : Quel est votre mot de la fin?
Je rends grâce à Dieu! Je salue aussi votre démarche.
11 :09 : DF : Nous vous remercions.
~~~~~~~
1 C'est à dire, l'école.
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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Education And DevelopmentCreator: Dieye, Nogaye
Faye, Daouda
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Contributing Institutions: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Contributor: Gana Ndiaye
Description: Madame Nogaye Dièye is a tailor who was president of TOSTAN’s project in Ndiassane. She explains the activities of the NGO and the ways in which they benefitted Ndiassane. Madame Dièye concludes by briefly speaking about a development project, initiated after the departure of TOSTAN, and of which she has also become the president.
Interview conducted in Wolof by Daouda Faye. Translated into French by Gana Ndiaye.
Date: June 18, 2015
Date Range: 2010-2019
Location: Ndiassane, Thies, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: Wolof
Rights Management: For educational use only.
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté