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20070110_Makhtar Ndiaga Koné
Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20070110_Makhtar Ndiaga Koné
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Entretien: Monsieur Makhtar « Ndiaga » Koné, Dakar, le 10 Janvier 2007
Première Piste
Madame Toba Diagne Haïdara (MH): Bonjour Monsieur Koné !
Makhtar « Ndiaga » Koné : Bonjour Madame Haïdara !
MH : Et donc c'est dans le cadre d'une recherche sur la famille Khadre de Ndiassane, la famille Kounta de Ndiassane, que nous voulons nous entretenir avec vous en tant que talibé de la famille, en tant que, aussi, dirigeant d'un mouvement des jeunes dont l'organisation vous revient et qui a un certain nombre d'activités au sein du groupe, en tout cas au sein de la famille et de la tarikha. Et je voulais d'abord que vous vous présentiez rapidement et ensuite peut être nous indiquer comment est-ce que vous, ou bien votre famille, est devenue membre de la tarikha Kounta de Ndiassane. Et comment êtes-vous arrivé à diriger ce mouvement qu'on appelle « Les Jeunes Khadres ».
Merci Madame Haïdara, merci Maria ! Vous me permettez d'abord de rendre grâce à Allah, le Tout-Puissant et de prier sur le Prophète Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam), de rendre un grand hommage à notre guide El Hadji Mame Bou Mamadou Kounta qui est l'actuel khalife général des Khadres. En ce qui concerne votre question, comment ma famille…
MH : Et vous-même, oui, faites partie des Bambara de Ndiassane comme on dit.
[Interruption]
Deuxième Piste
MH: Donc on continue, donc lui il reprend.
Bon d'accord, maintenant il reprend, comme on a fait dans la salle, hein.
MH: Vas-y !
D'accord. Bonjour Madame Haïdara et merci. Bonjour Maria. Permettez-moi de rendre grâce à Allah, le Tout-Puissant et de prier sur le Prophète Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam), de rendre un grand hommage à El hadji Mame Bou Mamadou Kounta, Khalife Général des Khadres. Pour se présenter, je m'appelle Makhtar, très connu sur le nom de Ndiaga que les gens ont l'habitude de dire. Donc je suis de la famille bambara, et je suis un disciple et même un fervent talibé de Cheikh Bou Mouhamed Kounta. Donc, ma famille, comme l'histoire l'a raconté, est venue à Ndiassane par le biais d'un de mes aïeuls qui s'appelait Yahya qui est le grand père sur le côté de mon papa, qui est le grand père de ma grand-mère, c'est-à-dire la maman de mon père directement. Et l'histoire a une fois dit, a raconté que ce dernier a marché de son propre pied du Mali à Ndiassane à la rencontre du Cheikh. Donc là, c'est une très longue histoire et c'est de cette famille que je suis née, je suis le troisième fils de mon père qui s'appelle Cheikh Sidy Lamine Koné qui est l'homonyme de Cheikh Sidi Lamine Kounta, euh… deuxième khalife de Cheikh Bou Mouhamed, père fondateur de Ndiassane. Donc c'est de cette famille que je suis né.
MH : On peut savoir exactement d'où est, d'où est parti votre, votre aïeul, cet aïeul-là ? De quel village, de quelle région du Mali ?
Bon, on m'aurait dit qu'il est venu de Djétrou, vous, vous connaissez le Mali. Je pense que c'est de l'ancien…
MH : Djétrou
Oui, l'ancien Bougouni, je ne sais pas, quelque chose….
MH : Bougouni
Bougouni, donc c'est de ce secteur qu'est sorti mon grand-père. Du côté de ma maman, enfin je ne maitrise pas trop cette histoire mais je sais qu'aussi donc mon grand-père du côté de ma maman est venu aussi du Mali. Donc ma maman c'est Traoré, mon père c'est Koné, donc je pense que ce sont parfaitement des maliens. Donc c'est de cette famille que nous sommes nés. Euh …cela fait bientôt quarante ans, grandi dans cette famille, et c'est de cette famille aussi qu'on nous a inculqués d'abord la religion et deuxièmement la tarikha. Donc en gros voilà, en gros, ce que je peux dire de ma famille. Et pour moi quand je suis né de cette famille et j'ai grandi dans cette famille, j'ai vu papa, j'ai vu maman, mes frères….
MH: La famille est installée à Ndiassane ou bien ?
Non ma famille s'est… moi je suis née à la Médina, près du camp, angle 22/24 donc qui était quand même un fief de certains bambaras. Donc on m'a raconté aussi que mon grand-père était pratiquement celui qui recevait les maliens, les guinéens, parce que nous sommes parentés à des guinéens, nous sommes parentés à des ivoiriens aussi. Donc les gens quittaient dans ces secteurs pour venir souvent. Donc notre maison à la Médina, c'était par exemple son fief, parce que il fut un ancien quand même de l'armée française. Il s'est converti après tout ça dans la police.
MH : Il a été d'abord un tirailleur sénégalais ou bien directement?
Bon là, là je ne me suis pas trop documenté. Je sais qu'il a fait l'armée sénégalaise, l'armée française du moins, avant d'être brigadier dans la police sénégalaise. Donc dans l'administration on l'appelait brigadier-chef, [c'est ce] que m'a raconté ma grand-mère, brigadier-chef de Mbao. Qu'il était plus proche des commissaires ou des blancs qui étaient là comme chefs. Donc dans son histoire on a- on ne sait pas trop - navigué pour savoir comment ça s'est passé. Donc il était à la Médina en tant que chef coutumier qui recevait tous ses parents maliens, guinéens et ivoiriens quand même. Et de ce secteur aussi, il était affilié à cette tarikha khadriya. Moi je ne sais pas comment lui, mais je sais que c'était un fervent talibé. Nous, nous sommes nés dans cette famille en voyant ces Kounta. On était aussi très proche de la…
MH : ... qui venaient à la Médina?
Qui venaient à la Médina.
MH: Et qui étaient chez vous?
Ouais, chez nous même. Et on était très proche de la rue onze, là où même logeait El Hadji Cheikh Thiam que tout le monde connait dans la tarikha et qui était un disciple, un représentant de la famille Kounta à Dakar. Et jusqu'à présent cette famille porte encore ce titre de représentant du khalife. Donc, déjà c'est un trait d'union, ce qui fait que chez moi, j'ai une double appellation chez les Kounta. Quand je vais à Ndankh tous les Kounta de Ndankh sont des oncles chez moi. Parce que je les ai connus à travers ma maman et tous les Kounta de Ndiassane sont devenus des pères chez moi sur le côté paternel parce qu'ils étaient des amis de longue date avec mon père tel que Nass que vous connaissez bien, tel que Cheikhna qui est actuellement en Egypte comme, je ne sais pas, attachée ambassade et tout ça. Donc c'est ce qui fait qu'il y a déjà chez moi …
MH : Donc votre papa est disciple de Ndiassane?
De Ndiassane
MH: Et votre maman est disciple de Ndankh?
Bon, disciple de Ndiassane mais son père, Mamadou Traoré, c'était un disciple de Ndankh, donc qui était un talibé de Cheikh Sidi Makhtar, qui est fils de Cheikh Al Bounama, père fondateur de Ndankh. Donc il était plus affilié à cette famille. Mon père était plus affilié à cette famille Kounta de Ndiassane. Ma maman est dans les deux, dans tous les cas. Mais elle connait plus la famille de Ndankh que la famille de Ndiassane. Et du fait que Ndiassane est le fief, Ndiassane est le lieu qui représente déjà, qui a l'autonomie des Kounta ici au Sénégal, donc nous en tant que jeune, Ndiassane était plus proche d'y aller. D'ailleurs, je passais de temps en temps mes vacances à Ndiassane, ne serait-ce que de revoir un peu le Coran, mais je l'ai appris à Dakar. Donc comme ça, j'y allais souvent dans les événements. Donc une partie de ma famille, comme par exemple la belle famille, c'est-à-dire la femme de mon grand frère, déjà eux, cette famille est demeurée à Ndiassane et je suis souvent allé là-bas. Donc ce qui fait que, on connait bien cette famille et c'est ce qui nous a …
MH : Vous, vous êtes née dans la famille et donc vous n'avais fait que suivre pratiquement la voie déjà tracée par vos parents, par votre père et par votre mère et en fin de compte, vous avez choisi? Enfin, malgré que vous soyez l'aîné dans la famille, il y a un choix aussi?
Oui ! Nous sommes nés dans cette famille. Il y a un choix, effectivement, je dirai peut être que ce choix est venu à la dernière minute parce qu'on a quand même eu à aller dans les autres secteurs comme si, je l'ose dire …
MH : Dans les autres tarikha…
Dans les autres tarikha pour voir en tant que jeune. Vous voyez, par exemple, quand je prends ce cas de Baye Fall que je voyais souvent taper. Donc il y avait ce côté culture qui m'a attiré. Donc j'ai tapé très tôt aux tabala, aux trucs de ce genre. Donc mais tu sais dans toute famille, les bambaras sont réservistes en quelque sorte. Donc c'était une obligation que les jeunes, donc, suivent le pas de leurs parents. Donc je dis que c'est tout le monde qui le fait parce que j'ai d'autres gens qui sont dans d'autres tarikha, ça dépend de leur volonté, de leur choix. Mais moi, en tant que jeune maintenant majeur, responsable, j'ai choisi d'être dans cette famille. Donc…
MH: Très bien, et comment êtes-vous, avez-vous créez, si c'est vous qui avez créé le mouvement des jeunes khadres?
Bon, pour la création…
MH: Comment êtes-vous devenu le président?
Euh…, d'accord, avant d'être le président du mouvement des jeunes khadres, on va plutôt parler de sa création.
MH: D'accord.
Euh, je dirai que je ne suis pas le seul et je suis un membre fondateur de cette association. Euh, de mon côté, ce qui m'a poussé à le faire, je voulais être vraiment, mieux établi sur ma conviction spirituelle et temporelle de talibé d'abord. Un. Deuxièmement, je ne connaissais pas beaucoup. Je pense que je vous ai raconté l'histoire comment ça s'est passée, avec un disciple d'une autre tarikha à qui on avait à discuter sur ce problème de tarikha, sur ce problème des Kounta et autres. Et ce jour-là je me suis senti un peu blessé parce que, en fait, il y avait des propos qui étaient tenus à l'égard de cette famille que je connaissais, que j'avais déjà aimée et que je ne pouvais pas me permettre. Donc, et du fait que c'était un problème de recherche sinon de culture et que je n'avais pas les moyens de se défendre, je me suis allé attendre. Je vais aller vers l'information pour voir la réalité de toutes ces choses-là. Et quand je me suis aperçu que dans la famille où je vis actuellement, si vous le permettez, j'ose dire qu'elle fait partie des plus grandes familles. D'abord c'est des nobles, c'est des Khouraïches comme l'a définit l'histoire et là je me suis dit : attend, il y a pas mal de jeunes qui sont comme moi et qui vivent dans, dans…
MH: L'ignorance.
Dans l'ignorance. Donc d'abord, mieux vaut rassembler tous ces jeunes leur expliquer d'abord cette famille, et qu'on puisse quand même faire d'abord quelque chose pour cette famille. D'abord, parce que notre guide spirituel Cheikh Bou Mouhamed, je sais qu'il a travaillé pour nous et il ne cessera jamais de travailler pour nous, ça c'est certain. Et par contre nous, jeunes disciples, et ceux qui sont derrière, qu'est-ce qu'on a fait pour ce dernier ? Donc c'est notre source de motivation pour créer cette association. Et quand je suis…
MH: Donc vous avez voulu combler le vide d'information qui existait déjà.
Effectivement!
MH: Et qui constitue un handicap pour cette famille…
Un handicap majeur d'ailleurs, un handicap majeur pour ses talibés parce que je ne pouvais pas admettre que quelqu'un qui va à Ndiassane que deux fois dans l'année. Donc il y a des gens qui quittent Dakar ou dans d'autres secteurs, ils vont à Ndiassane parce que c'est le gàmmu annuel de Ndiassane, ils vont à Ndiassane parce que c'est le ziaara annuel de Ndiassane. Donc tout ça, ce n'est pas normal. Et je dis, quand une personne est dans une chose, il faut d'abord connaitre cette chose là avant de la vouloir. Donc, d'ailleurs c'est inscrit dans le Coran. Il faut apprendre, connaitre pour pouvoir, quand même, suivre ces derniers et dans la mesure où la personne qu'on suit nous mène dans le droit chemin. Donc je ne vois pas la raison [pour laquelle] la personne doit se réserver envers ce dernier. Donc c'est ce qui m'a poussé à aller vers la recherche. Et quand j'ai commencé à trouver certains détails, j'ai appelé certains jeunes comme moi qui étaient vraiment disponible pour m'aider dans cette tâche et de mettre la main là-dessus pour qu'on crée cette association. Et donc, c'est de cette manière que cette association a commencé à être mise sur place, ça date de quatre-vingt-dix-sept, hein. Ce n'est pas longtemps.
MH: Quatre-vingt-dix sept
Quatre-vingt-dix, on a commencé…
MH: Et vous étiez combien au départ?
Au départ on était trois. Il y avait moi, il y avait Cheikh Al Khalifa Kounta Ibn Mouhamed Abdallah ; Ibn Cheikh Sidi Ali c'est-à-dire Cheikh Al Khalifa qui est le fils de Mouhamed Abdallah, qui est le fils de Cheikh Sidi Ali de Cheikh Abou Mouhamed ; et un autre qui s'appelle Birane Diop, sa maman est Kounta. C'est la fille de Cheikh Sidi Makhtar de Cheikh Bou Mouhamed. Déjà donc c'est tout le temps dans la famille. Et ce Birane Diop est l'homonyme de Birane Diop, le grand Birane Diop, le grand maître qui était à Ndiassane qui était disciple de Cheikh Bou Mouhamed. Birane Diop qui a eu quand même à diriger la mosquée de Ndiassane. Birane Diop qui a eu à enseigner même des fils de Cheikh Bou Mouhamed, c'est-à-dire que, à chaque fois que, avant que les fils de Cheikh Bou Mouhamed partaient vers le Ganaar1, comme on le disait, pour apprendre, déjà ils étaient callés chez les grands érudits de la maison. Et à leur retour, on nous a raconté que souvent on les a envoyés vers ces derniers quand même pour tester leur niveau d'instruction. Donc c'est ce Birane Diop qui est l'homonyme de ce dernier qui est quand même un petit-fils de cette maison parce que sa maman est Kounta, sa maman est une fille de Cheikh Sidi Makhtar qui est fils de Cheikh Bou Mouhamed et ce Cheikh Sidi Makhtar, je le nomme encore, c'est le fils de Cheikh Bou Mouhamed qu'on avait envoyé vers la deuxième guerre mondiale en dix-neuf cent quatorze.
MH: La deuxième guerre mondiale
De dix-neuf-cent quatorze à dix-neuf cent dix-huit, donc c'est ce dernier. On nous a dit que les blancs prenaient chacun des fils de ces érudits là pour les envoyer et Cheikh Sidi Makhtar était envoyé au nom de la famille Kounta. Et selon les bambouna aussi et dans l'histoire, il paraît qu'il a fait quelque chose d'extraordinaire. Ça, c'est autre chose. Et donc ce sont ces trois qui ont quand même commencé à mettre sur place cette association, en faisant le porte à porte. On a commencé à faire des campagnes de proximité. Parce que d'abord c'était un problème que les jeunes se révoltent de cette manière. Donc le début, ça a amené certains problèmes, parce que les anciens n'avaient pas compris donc là où on voulait aller. Et nous, on se disait que ces derniers n'avaient pas tenu de l'évolution socioculturelle et religieuse de ce pays. Parce qu'en fait, ils avaient des idées, mais des idées conservatrices. Donc je voyais que Ndiassane, les talibés n'étaient pas bien, je ne sais pas, hein… Ils ne suivaient pas par exemple ce qui se passait dans ce monde-là. Donc ils avaient tourné le dos par exemple [à] la vie mondaine, ils avaient tourné le dos à certaines réalités du pays. Comment fonctionnait déjà le pays avec l'administration. Donc tout le temps c'était l'idée conservatrice, c'est ce que nous avaient laissé les anciens. Et je dis que le monde change en fonction des évènements et le monde change aussi en fonction des réalités. Ils n'avaient pas tenu compte de tout ça donc [pour] se réorganiser. Les gens venaient à Ndiassane par daaïra.
MH: Et c'est ce qui expliquait peut être l'autarcie un peu de la famille.
Un grand retard hein, c'est ce qui explique le retard qu'ont les talibés Kounta à travers ce pays. Par exemple, des fois, il y a une fois, je l'ai dit à une autorité du pays. C'est parce que tout simplement les gens considèrent Ndiassane comme l'ont démontré ses disciples. Ils ne veulent pas beaucoup de choses, donc ils ne réclament pas beaucoup de choses. Parce que la première fois où je suis allé dans un CRD pour préparer le gàmmu de Ndiassane, il y a eu une remarque que le gouverneur avait à faire, une remarque extraordinaire, parce que les gens n'avaient pas l'habitude de voir ces genres de réactions dans ces trucs. Par exemple, ce jour-là, j'avais à parler sur trois points : un, sur le point de l'eau, de l'électricité et d'abord de la sécurité de Ndiassane. Parce qu'en fait au temps, les gens ne donnaient Ndiassane que vingt-quatre heures en eau. Donc la SDE ou la SONES donnait deux jours à Ndiassane. Donc avec des points d'eau tu avais le droit de brancher, tu ne paies pas et tout ça, de même que la SENELEC et tout ça. Et du fait que déjà en matière d'organisation de gàmmu Ndiassane, on a les bambaras et les autres qui sont là, une semaine avant et voire même quinze jours après le gàmmu …
MH : Vu la distance bien sûr.
Voilà, toute cette charge en eau et en électricité revient sur la population de Ndiassane. Donc j'avais trouvé ça injuste, donc je disais au gouverneur et aux chefs de services que si les gens peuvent augmenter ce délai que les gens de Ndiassane puissent consommer de l'électricité sans pour autant payer après, donc là ça sera encore mieux. Et on a vu un grand changement dans ce gàmmu.
MH : Cela fait partie d'un volet de la lutte que vous menez?
De la lutte, d'accord. Et on a vu que la SDE, la SENELEC, le gouverneur ont prêté vraiment une attention particulière à cette demande. Ils ont eu à amener des disjoncteurs, des points d'eau, pendant toute la semaine et que ces maliens n'ont pas eu le problème d'aller chercher de l'eau. Parce que au temps on n'avait pas besoin de ça parce qu'il y avait …
MH : La source
La source de Ndiassane. Et maintenant du fait que cette source est…
MH : est tarie…
…a tari. Et voilà donc, il va falloir qu'on ait tous ces problèmes-là. Et donc, c'est des points de… qui ont fait que nous avons essayé de mettre cette association en place qui s'appelle le mouvement des jeunes, qui est communément appelé « Le Mouvement des Jeunes Khadres ». Mais Cheikh Abou Mouhamed Kounta ibn Cheikh Ahmed Lamine l'avait donné un autre nom particulièrement spirituel, sinon authentique, parce qu'il l'avait appelé, si je peux l'expliquer, Al Jamhatoul Islamia, ça veut dire un mouvement islamique. Al Jamahtoul Islamia Almoustamasika Bitarikhatoul Khadria, c'est-à-dire un mouvement ou un rassemblement des jeunes musulmans donc qui vont vers la tarikha khadria et qui ont comme guide et comme lumière Cheikh Abou Mouhamed Kounta. Et tu sais, l'islam il y a…il y a Serigne Mame Bouna Kounta qui est actuel imam de Ndankh. Bouna qui est déjà frère de Bou Khalifa qui nous disait que donc on a un grand pas à faire parce que l'islam ne va jamais s'éteindre jusqu'à la fin du monde. Parce que l'islam déjà est le truc qui a été choisi par Dieu. Et donc on a intérêt à faire marcher le truc comme il le faut. Et la tarikha khadria déjà est une tarikha qui restera parce que c'est nous qui l'avons créé. L'histoire nous démontre que c'est un vœu du Prophéte Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam) qui a été accordé par Dieu et qu'on lui a remis ça par l‘Ahfoul Mahfouze quand Djibril (Allahi Salam) lui a donné ça et qu'il a fait passer par ses petit-fils et que Cheikh Abdou Khadre Djeylani a fait un truc particulier sur la tarikha, comme Cheikh Sidi Makhtar, comme Cheikh Abou Mouhamed. Donc on a fait de sorte que la tarikha, le mouvement ne porte pas préjudice à la tarikha. Donc c'est de notre devoir de marcher sur la bonne voie. Et d'ailleurs on se guide par la lumière de Cheikh Abou Mouhamed et cette lumière ne va jamais s'éteindre parce que quelqu'un qui est resté là et que tout… par exemple l'Afrique occidental comme on disait, l'AOF, Mali, Côte d'Ivoire et tout ça, les gens viennent vers ce dernier, cette lumière que Dieu a donné à ce saint homme ne va jamais s'éteindre. Donc on a à faire de sorte que cette association donc soit gérée dans la forme la plus noble.
MH : D'accord, donc vous devez savoir aussi quels sont les autres points d'intérêts du mouvement. Vous en avez déjà évoqué un point pour l'organisation du gàmmu, la défense ou bien le ravitaillement en eau et en électricité du village. Quels sont les autres points, les autres objectifs que vous avez à travers le mouvement ?
Bon, lorsqu'on créait l'association-là, on n'avait pas visé loin hein. D'abord pour moi c'était de rassembler les jeunes autour d'un objectif. C'était quoi ? D'être là et d'observer Abou Cheikh Mouhamed, un. Et comptant… et lorsqu'on a prêté attention à la vie comme je l'ai dit et en tenant compte, parce qu'on organise des réunions à chaque fois…Donc c'est en quatre-vingt-dix-sept comme je le disais qu'on a commencé à parler de cela. On a eu la reconnaissance de Cheikh Abou Mouhamed en quatre-vingt-dix-huit. Donc entre jeunes on s'est parlé pendant un an pour voir si on peut vraiment mettre sur place cette association-là. Et quand on est parti sur des bases sûres, on est allé voir le khalife Cheikh Abou Mouhamed qui était là. Donc il nous a donné son accord en quatre-vingt-dix-huit et on a eu une reconnaissance officielle de l'état en deux mille deux. Donc déjà on a continué à faire la sensibilisation et la propagande au niveau des tarikha, au niveau des talibés dans les autres zones. Parce qu'en fait on est parti vers la daaïra mais on est parti voir les gens individuellement en tant que jeunes. On avait pas vu les vieux, on n'avait vu que les jeunes d'abord. Et on a eu la reconnaissance officielle en deux mille deux qui a été délivrée par le DAGE sur l'autorisation du ministre de l'intérieur et on a eu notre récépissé comme toute association normale ne serait-ce que pour être en règle avec la loi. Et dans cette chose-là, on a quand même des objectifs. Maintenant au vue de ce qui se passe dans ce pays, d'abord au niveau de la jeunesse il y a des activités, les activités globales, par exemple au niveau des cellules il y a la formation des membres qu'on va essayer de faire d'abord un petit management.
MH : Formation? Quel type de formation?
Des membres donc, ne serait-ce que pour diriger le mouvement, pour être président de cellule ou pour prétendre à un poste. Dans l'association on voudrait quand même former des… ou bien ne serait-ce que pour donner le peu d'enseignement de ce qu'on a en management pour que les gens puissent quand même contrôler les éléments qu'ils ont dans les cellules. Parce que l'association est nationale maintenant, on a fractionné ça en cellule. Donc Dakar c'est une cellule, Rufisque c'est une cellule, Bargny c'est une cellule comme dans les autres départements. Et dans chaque cellule il y a un dirigeant. Donc il y a un bureau qui est le BEN, le Bureau Exécutif National et il y a les bureaux sur les…
MH: Donc là, c'est l'organisation interne…
Ça c'est l'organisation interne du mouvement. Et donc il va falloir avant de donner un poste à quelqu'un de le former un petit peu, un tout petit peu pour qu'il puisse quand même diriger ceux qui le suivent, les gens qui viennent derrière lui. Donc ça, c'est un truc qui est en interne dans le truc. Donc en objectif aussi…
MH: Parce que dans cette formation-là, il y a une formation religieuse.
Oui.
MH: Est-ce que vous veillez à ce que la personne soit réellement instruite?
Oui, certes, il y a une formation religieuse mais aussi on tient compte des réalités des cellules. Par exemple, quand je prends l'exemple de Badé, le président de cellule qui est là-bas, est un professeur de daara. Il profite de sa spécialité pour enseigner au niveau de la jeunesse. C'est-à-dire que le mouvement ne prend pas tout le temps de ses disciples-là. Parce qu'on a des pécheurs, on a des cultivateurs, il y a des enseignants, tu vas à l'université on a une cellule là-bas. Donc en tenant compte de leur temps, c'est comme ça que le mouvement marche. Et au niveau des cellules, on les regroupe en… Par exemple à Bargny, tu vas à Bargny chaque lundi, cette cellule a un tour d'animation. Et dans ce tour qui permet à tous les membres de la jeunesse de venir, le professeur leur dispensera des cours, ne serait-ce qu'aussi les donner les directives qu'il a eu à recevoir du BEN.
MH: Le BEN c'est quoi?
Le Bureau Exécutif National du mouvement. Donc quand il y a des directives à donner, on donne ça au président de cellule qui décentralise au niveau de ses membres et il y a des formations au sein, en tenant compte je dis bien, des réalités qui se passent au niveau de ces secteurs-là. A Ndiassane on n'a pas ce problème, parce que pratiquement les membres dirigeants c'est tous des… Yakhya Abdou Békaye que vous avez et tant d'autres qui à chaque tour…. Ils ont deux tours dans la semaine, l'autre c'est un tour typiquement culturel, les gens apprennent à chanter, à mettre ça avec Cheikh Boudja et d'autres, on les enseigne la religion. Donc c'est comme ça que ça se fait au niveau des cellules. Et pour les « ébeuchifs » maintenant quand on a vu ce qui se passe dans ce pays, on a dit attend, on va essayer quand même, de faire fonctionner Ndiassane ou bien d'aménager, d'amener notre touche là-dedans. Donc comment ? Le seul problème c'est que le mouvement est à but non lucratif. Donc on a de l'argent que sur les ventes de cartes de membre qu'on a, on a de l'argent que sur les dons. Donc quand on a besoin de faire des manifestations on fait des demandes, et quand on a des ressources on garde et on regroupe les talibés. Mais aussi quand même on veut participer à la construction des centres d'éducation sociaux dans ce pays. Participer en même temps à la construction de ces mosquées, mais ça on ne peut pas le faire tant que la personne n'a pas de fond. Donc il y a tous ces facteurs-là …
MH: La mosquée de Ndiassane.
La mosquée de Ndiassane. Bon, comment nous, on a eu à participer à ça ? Par exemple lorsque les cartes... on avait fait des tickets pour vendre à ces disciples-là, la jeunesse s'est porté garante. Elle a pris les tickets [pour] les vendre au niveau des …et a reversé l'argent au niveau du comité qui gère la construction de cette mosquée. Donc par nos propres moyens, on a essayé de développer la culture quand même au niveau de Ndiassane. On le fait un tout petit peu à Saloum mais ça ne marche pas beaucoup pour l'instant.
MH: La culture de l'arachide ou de quels autres produits?
La culture maraîchère même, on essayait de, on avait fait des études de projet sur ça, des projets même qu'on a eu à déposer au niveau des ministères comme le FNPJ et tout ça, mais malheureusement on a pas eu d'appui pour pouvoir faire bénéficier cela aux jeunes qui restent dans les secteurs et qui n'ont rien à faire. Il y a tout ce problème-là qui se pose et on avait demandé à avoir des bassins de rétention d'eau à Ndiassane, il y en a mais ce n'est pas comme on l'avait voulu. Donc c'est ce qui fait qu'aussi quelque part on a eu un retard pour faire participer les jeunes à cette culture maraîchère pour l'instant. Mais dans notre objectif on veut faire travailler tous les jeunes par les moyens qu'on a. Par exemple si les gens avaient des fonds comme tu vois à Bargny, c'est des pécheurs, il va falloir que tu leur trouves les moyens d'aller en mer, donc non seulement tu vas les faire travailler, mais tu vas aussi faire travailler ton association. Donc ça c'est les objectifs. Les autres on va essayer de régler ça, parce que c'est des trucs dont tu vas parler avec les autorités. C'est déjà électrifié, il y a déjà le goudron, il y a une voie de contournement qui est prévu à Ndiassane, et aussi Ndiassane lutte pour les villages environnants. Donc il y a l'électrification qui doit être continuée jusqu'à Keur Yoro. Tu vas vers Nditté et tout ça, donc la déjà ce sont de grands apports à…
MH : …qui sont des villages dépendant de Ndiassane.
Dépendants de Ndiassane.
MH: Des anciens villages de culture comme on disait.
Oui, parce que en fait déjà il y avait des cultures, parce qu'il y avait les cheikhs Ndiassane qui avait les champs et autres, avec le chef de village de Nditté, mais le tout par exemple reposait sur le khalife général qui était à Ndiassane. Mais il les a laissés avec ses terres et ces gens en font leur culture comme ça. Mais sur le développement général, tout vient de Ndiassane, par exemple, s'ils ont de l'eau actuellement, s'ils parviennent à avoir des bornes fontaines c'est grâce à Ndiassane. Parce que quand Ndiassane fait des demandes, il met ces villages environnants là-dessus. Donc impérativement il faut que l'état y veille. Nous, à notre niveau aussi, on veut faire parce que Ndiassane a aussi un poste de santé comme vous l'avez vu, vous étiez là-bas. S'aurait été nous, on allait avoir un truc plus grand que ça. C'est un hôpital ou c'est un poste de santé, je ne sais même pas. Même s'il faut avoir un hôpital à Ndiassane, pourquoi pas ? Les gens accouchent à Ndiassane, donc dans des conditions, quand même…
MH: Il n'y a pas de maternité?
Non, en fait c'est le secteur qui regroupe. Parce qu'on a des matrones, comme vous dites, il y a des vieilles bambounas qui sont là-bas qui datent de longtemps, qui aident les femmes à accoucher jusqu'à nos jours avant qu'on ne parte à… Et on n'a jamais eu de problème de complication d'accouchement sur ça. D'ailleurs, la personne, la femme accouche avec l'assistance de l'infirmière qui est là-bas, une très bonne dame d'ailleurs, mais en deux heures, une heure de temps ou le lendemain, elle rentre chez elle hein. Elle n'a pas de problème. Donc s'aurait été nous, on allait mettre un…on va mettre un hôpital là-bas, pourquoi pas ?
MH: Au moins une maternité.
Pourquoi pas ? Donc il y a tout ça.
MH: Est-ce que les femmes n'ont pas accès à la maternité de Tivaouane?
Bien, mais si elles ont accès à la maternité de Tivaouane mais moi je pense que si les gens peuvent faire ça à Ndiassane sans difficulté, où est le problème d'aller à Tivaouane ? Je ne vois pas. Il n'y a jamais eu de complication depuis que je connais Ndiassane dans ce contexte-là. Mais en tenant compte de l'évolution comme je l'avais dit, donc il serait normal que Ndiassane ait toutes ces infrastructures-là. Parce que Ndiassane en fait regroupe des gens. Au moment des gàmmu, par exemple, c'est un problème. Donc la jeunesse, le groupement national des sapeurs-pompiers est obligé d'avoir des ambulances, il est obligé d'avoir plus de soixante ou même une compagnie à Ndiassane pour pallier à tout ça. Il y a des postes de santé, il y a les bénévoles comme les croix rouges et autres qui viennent à Ndiassane donc avec ce petit et tout… tout est centralisé sur ce poste de santé-là. Je pense qu'il serait encore normal et même mieux que Ndiassane, bien vrai que ce n'est pas une communauté rurale… c'est quelqu'un qui dépend, qui est de Cheikh Abou Mouhamed, mais quand même qu'on nous mette toutes ces infrastructures-là à Ndiassane. Donc je pense que c'est normal. Actuellement il y a de bonnes idées qui partent parce qu'il y a d'autres qui ont l'idée de mettre des sages-femmes, déjà à l'entrée il y a d'autres, parce que il y a ces daaras qui sont actuellement à Ndiassane, ces daaras modernes. Il y a l'institut islamique qui a été mise [sur pied] par Abou Mounal Zein et tout ça. Et la mosquée qui est en vigueur, qui a un coût, si je ne me trompe pas, de deux milliards dont même un institut et un complexe qui est prévu dans cette mosquée, déjà c'est quelque chose. Ce qui est sûr c'est que d'ici dix ans ou vingt ans Ndiassane ne sera pas reconnu, ça c'est sûr. Donc l'authenticité qu'on voudrait garder sur ce patrimoine va disparaître petit à petit. C'est normal, c'est le monde qui bouge, qui change, il va falloir que tout change. Donc au niveau de la jeunesse, il y a tous ces programmes, toutes ces activités qu'on voudrait faire, faire tourner les jeunes. Parce qu'au fait, quand on a ces jeunes et qu'on parvient à les trouver quoi faire, on aura un moyen de les maintenir dans cette tarikha.
MH : Dans cette tarikha, parce que vous avez peur que des talibés, des jeunes khadres partent ?
Oui, oui. Bon je vais le dire hein, ça il faut qu'on ose le dire, il y a beaucoup de gens qui sont partis, mais je dis qu'ils sont partis parce qu'ils ne connaissent pas.
MH: Qui sont partis vers le Tidianisme ou vers le Mouridisme?
Oui, j'ai vu que en fait …ou bien il y a d'autres qui sont comme ça, qui se disent je suis talibé de Ndiassane et qui ne viennent jamais à Ndiassane. Et j'en ai vu, en toute sincérité, j'en ai vu d'autres qui sont actuellement mourides, j'en ai vu d'autres. Mais en fait tout ça c'est la religion, mais moi en tant que jeune disciple, j'aurais voulu et je prie et je demanderai et je ne cesserai jamais de demander ça, à ce que les gens restent dans cette tarikha.
M. Grosz-Ngaté (MGN): Et maintenant la question que je voudrai vous poser c'est : qu'elle est la fréquence des rencontres ?
Chez nous, au niveau de la jeunesse, il y a des rencontres qui sont faites par mois, il y a des rencontres qui sont faites par trimestre. Donc tout ça, ça rentre dans le cadre de l'animation, ça rentre dans le cadre de la communication. Parce qu'il y a les réunions et les assemblées générales qui se font au niveau du mouvement. Donc les réunions du bureau se tiennent chaque quinzaine. Le CA tient une réunion chaque trois mois. Il y a des tours qui sont faites au niveau des secteurs. Par exemple, il y a des tours de cellule par mois qui se font au chaque siège de chaque cellule. Il y a des tours par trimestre du mouvement, c'est-à-dire que si par exemple c'est la cellule de Dakar qui a un tour d'animation, par exemple le trois février, donc toutes les cellules rallient Dakar ce qui permet aux cellules de se voir chaque trois mois. Mais dans chaque mois, dans chaque cellule, à chaque mois donc tous les membres de ces cellules doivent se voir, sans compter les tours d'animation, les rencontres qui sont faites dans la semaine.
MGN : Ce sont quelles genres de rencontres, les tours ? Où est-ce que les cellules se rencontrent-elles ? Plusieurs cellules se rencontrent-elles, comment ?
Les tours par trimestre, par trois mois ? Bon…
MH: Ou la présence de plusieurs cellules?
On appelle ça les tours d'animation nationale hein. Donc toutes les cellules qui sont dans les autres départements, donc affluent vers la cellule qui organise. Donc chaque cellule dans chaque département, par exemple, organise un tour par trois mois…
MH: Qu'est-ce que vous faites réellement lors de ces tours ?
Lors de ces tours on donne… d'abord il y a les informations à donner, surtout, bon en fait c'est une politique qui a été menée pour voir déjà la capacité de mobilisation de ces éléments. Donc ça nous, ça me permettra à chaque événement de voir quel est le nombre exact de gens que je peux mobiliser, par exemple, si le khalife avait besoin de sortir et qu'il avait besoin que la jeunesse soit derrière lui, automatiquement je sais que je peux fournir trois cents éléments qui seront derrière le khalife. Donc ces tours d'animation nous permettent de voir ça et de donner une fois encore l'information générale et aussi de voir l'état d'esprit et aussi de voir le comportement, de voir et …
MH: Et l'engagement aussi…
Et l'engagement de ces gens-là et de voir aussi leur discipline surtout. Parce que je dis que chaque cellule quand les gens viennent à ces jours-là, il y a la commission d'organisation qui veille sur ces derniers pour voir comment ils agissent …
MH: Est-ce qu'il y a une liste qui est tenue pour veiller à la présence des différents membres?
Oui, les listes se font au niveau des cellules avant qu'un membre ne s'engage. D'abord pour être membre du mouvement, il faut avoir une carte d'adhésion, avoir un badge, d'abord c'est ce qui est primordial. L'engagement d'abord, parce que quand tu n'as pas l'engagement…
MH: Il n'y a pas de critère d'âge?
Non, il y a pas de critère d'âge, on a dit qu'actuellement c'est ouvert à toute couche hein, mais le seul problème c'est que ce sont les jeunes qui vont diriger cette association-là.
MH: Donc vous avez des personnes d'un certain âge?
Effectivement ! On commence à avoir des personnes des vieux, comme par exemple mon père qui est membre d'honneur de cette association comme tout autre membre. Et puis d'ailleurs, ils commencent à adhérer au niveau des vieux, bien vrai qu'eux, ils ont leur association qu'on appelle par exemple ‘kourél2 des Cheikh' ou autres, etc. Ils commencent à s'intéresser à cette association parce qu'ils ont su que maintenant la relève, même si elle n'est pas assurée à cent pour cent, est assurée à soixante-dix. Quand même déjà on a commencé à avoir des jeunes de sept vers quinze ans, là c'est une très bonne pépinière. Et déjà quand on parvient à récupérer d'autres et certains qui étaient dans l'anonymat et d'autres qui avaient peur de dire qu'ils étaient des talibés de Cheikh Abou Mouhamed, parce qu'ils n'avaient rien vu sur la phase extérieure qui pouvait quand même leur permettre…d'avoir une campagne de séduction, on a fait une campagne de séduction.
MH: Ou bien d'être fier.
Voilà c'est ça, parce qu'il y a les organisations. Parce que tout récemment on a organisé une grande conférence au CICES avec la fédération nationale des daaïra khadres sous la houlette de Cheikh Mamadou Diop. Donc, mais le tout, par exemple, de l'organisation a été donné aux jeunes. Parce qu'en fait c'est eux qui ont la matière grise, qui ont cette force d'organiser, donc la mobilisation et tout. Donc tu vois. Les tours nationales nous permettent quand même de voir l'engagement, de voir les éléments qui viennent parce que dans chaque cellule, il y a une liste d'adhérents, on sait que par exemple dans telle cellule il y a tant d'éléments qui sont inscrits à partir de telle date, donc ça nous permet de voir les gens. Bien vrai que si le mouvement fait trois mille personnes, donc il faut le diviser par deux, donc il y a le membre actif, il y a le membre passif, il y a des gens qui ne viennent pas. Bien vrai qu'ils sont des membres mais qui n'ont pas de…
MH: Vous faites, vous…le nombre maintenant est à trois mille ?
Le nombre exact va de deux mille à trois mille. Parce que ça fait bientôt… le dernier trimestre, je n'ai pas fait le recensement pour voir, mais je suis quand même sur ce programme pour voir l'année deux mille six où en sont les adhésions, où en est l'organisation, parce que chaque cellule doit envoyer un rapport d'organisation dans le truc pour qu'on puisse quand même déterminer. On est à Dakar, on ne peut pas voir tout le temps ce qui se passe à Tamba [Tambacounda]. Et on a aussi à aller vers la basse Casamance pour sensibiliser ces gens qui sont déjà au courant de ce dernier… et même si possible continuer ça. Donc c'est un mouvement…
MH: Est-ce que le mouvement s'étend jusqu'au Mali ou bien?
On voudrait mais, dans l'avenir quand même…
MH: Pour le moment c'est au niveau du Sénégal seulement?
Pour l'instant c'est ça. Donc on ne peut pas aller vers le Mali ou le Burkina Faso sans pour autant avoir une base bien fondée, donc à Dakar. Mais dans l'avenir on voudrait quand même remettre tous ces disciples de Cheikh Abou Mouhamed sur le même objectif ce qui facilitera déjà beaucoup de choses comme l'avait dit le professeur concernant NEPAD du président de la république. Donc je pense que ça facilitera la chose. Déjà je pense qu'on a la même culture hein, les ivoiriens et les sénégalais, bambaras, les burkinabais et autres. Ça ne doit pas poser problème et ce ne sont pas les seuls qui sont là, on a les maures aussi, on a des sérères, on a des peules donc il y a toutes ces ethnies-là au niveau de la tarikha. Donc c'est une différence de culture, il va falloir quand même, bien vrai qu'on a notre base de départ qui est…
MH: Un melting pot ethnique …
On a déjà notre tabala qui nous est très cher et qu'on va essayer quand même si on parvient maintenant à chanter en bamanan. Il l'a fait, ce Cheikh Bou Diop, il chante maintenant en bambara, il l'a fait ne serait-ce que pour satisfaire les maliennes qui viennent, il pourra demain chanter en sérère parce que les sérère le font, chanter en malinke comme les socés, chanter en peul pourquoi pas ? Et il y a d'autres langues, Insha'Allah.
MH: Mais quel est le rôle du mouvement dans l'organisation du gàmmu qui semble être la manifestation la plus importante?
Dans l'organisation du gàmmu on travaille en collaboration avec la fédération d'abord. Avec la fédération des daaira. C'est un peu nuancé quand on parle de mouvement et la fédération des daaïra. En fait l'engagement au niveau de la fédération des daaïra, les gens viennent par daaïra. Je suis président de daaïra, je vais aller vers le président national des daaïra pour lui dire que je veux adhérer. Mais tu peux être membre d'un daaïra et membre du mouvement des jeunes…
MH: Mouvement des jeunes?
Effectivement, ça ne gêne rien.
MH: Donc tous les mouvements, les membres du mouvement des jeunes font partie aussi d'autres daaira ?
Font partie des daaïra ! Voilà
MH: Ces daaïra n'ont rien à voir avec les cellules d'animation que vous organisez ?
Absolument rien, par contre le mouvement apporte un grand soutient à ces daaïra. Actuellement le mouvement apporte un grand soutient à ces daaïra. Euh, parce que d'abord on a eu à inculquer certaines idées aux membres de daaïra qui sont membres du mouvement. Les membres des daaïra s'organisent au niveau de leur daaïra et on a commencé à voir que ces organisations viennent …. et d'abord c'est quelque chose et donc c'est tellement important. Le mouvement a aussi rétablit le dialogue entre les jeunes et les vieux, ça on ne le cache pas, le début ça n'allait pas parce que le bambara était carré.
MH: Ils étaient beaucoup plus réticents ?
Réticents, rigoureux ! Donc il croyait que la jeunesse doit venir bien vrai, mais dans quel porte…
MH: Et vilipender leur secret…
MGN : Dans le milieu bambara, il y a les tòn3 des jeunes dans le village, donc cette […] structure qui existe, donc une association comme la vôtre, ça devait rentrer dans le cadre…
MH: … dans le cadre culturelle.
Maintenant, actuellement, Allhamdoulilah. On remercie une fois encore de plus le Seigneur. Donc il n'y a plus ce problème-là. Il y a un moment, si vous avez eu la chance, par exemple d'assister à notre manifestation c'est plus pour les jeunes hein. Donc on cède pratiquement la place aux vieux…
MH: Il y a que le nom qui reste…
Voilà, il y a que le nom qui reste mais je dirai que dans ce contexte, l'objectif est atteint parce que ils sont tous affiliés à cette association qui a été faite d'abord par le khalife général qui était le premier membre, qui était membre d'honneur mais qui était le premier à adhérer à cette association-là. Je me souviens de ce qu'il nous disait. Il regrette, tout ce qu'il regrette dans cette association, c'est qu'on l'a trouvé vieux, il avait quatre-vingt-six ans ou quatre-vingt-quatre ans. Donc il me disait « Ndiaga si vraiment vous m'aviez trouvé à l'âge de soixante ou soixante-dix ans, et que je pourrai prendre mon bandeau ou mon kala4 mettre ça derrière moi pour être devant. Là vous alliez suivre comme des lieutenants, là je serai encore plus fier. Mais malheureusement vous m'avez trouvé cloué sur un lit. Je n'ai plus le temps. Le temps que j'ai, je donne ça à Allah le Tout Puissant, je me concentre sur ce que le Prophète Mouhamed (Salalaou Alleyhi Wasalam) dit pour pouvoir gérer les familles, ceux qui sont là de même que ceux qui ne sont pas là. Mais maintenant pour aller sur le terrain, c'est ce qui me fait défaut. Mais partez, je suis devant et je suis derrière. » Donc ça c'est déjà…
MH: Vous avez eu sa permission et sa bénédiction.
Et voilà et c'est ce qu'a renouvelé El hadji Mame Bou Mamadou qui était d'abord, en ce moment-là, chef de village qui avait un œil particulier sur cette association. Donc et on l'a prouvé encore une fois devant lui comment on s'organise…
MH: Donc, maintenant quand vous allez vers les …
Maintenant en matière de gàmmu, en matière de gàmmu je disais qu'on travaille en parfaite collaboration avec la fédération. Comment ? Le gros du lot, maintenant nous revient. Parce qu'au temps il y avait les vieux qui prenaient leurs fils ou leurs hommes ou certains des éléments de leur daaïra qui étaient à l'écoute de ces derniers pour les amener à Ndiassane pour faire la tente, pour faire l'organisation. Je trouvais que ce n'était pas normal. Un vieux comme Moussa Cissokho, il remplit une tâche énorme, il est merveilleux. Je le dis encore, c'est un vieux extraordinaire, donc qui fait un travail et qui a longtemps fait ce travail remarquable depuis le temps de Cheikh Sidi Lamine. Mais en allant à Ndiassane souvent il avait des difficultés. Il prenait son fils, son neveu, un élément de son daaïra. Et donc dans chaque daaïra, s'ils sont quatre ou cinq qui sont d'accord sur ça finalement tu te retrouves avec quinze bonhommes pour aller à Ndiassane travailler une semaine au minimum avant et une semaine après. Parce qu'il va falloir faire la tente, monter les chaises, tu vois, débâcher et remettre ça. Donc là, c'est un travail vraiment pénible. Et un jeune de cet âge vraiment je pense que n'est plus en mesure de faire ça…
MH: Un vieux plutôt …
Et maintenant… un vieux d'accord ! Et maintenant, nous, à notre niveau qu'est-ce qu'on fait ? On vient en support, en appoint à ce dernier. Comme le gàmmu passé, on a eu à amener trente-cinq jeunes, pour aller faire ce travail avec lui, sans compter les jeunes qu'ils avaient déjà pris. Et ces trente-cinq jeunes, sont nourris pendant tous ces jours de la caisse du mouvement, donc des fonds que nous avons. On ne les fatigue pas trop sur ces cadres-là, mais ces jeunes doivent aller travailler hein. Donc on collecte au niveau de ces cellules. C'est un peu difficile parce que quand tu as des élèves, quand tu as des enseignants, donc tu vas prendre qui ? Là il va falloir avoir des gens de très bonne volonté pour faire ça. Donc d'abord il y a ça, on vient en appoint par exemple sur ce cadre à Cheikh Moussa Cissokho qui a [en charge] l'organisation, donc qui a le devoir de faire la tente, d'aller régler les bâches, d'aller régler les tubes, d'aller régler des chaises. Donc quand on met deux jeunes derrière lui qui suivent, demain ils pourront assurer la relève. Je disais tantôt que la relève est assurée. Donc déjà il y a cette phase d'organisation là. Deuxièmement, on a essayé d'élargir ça, d'entrer en contact avec les services qui viennent. Donc au temps, les gens, comme en réunion, les services disaient… comme le CNSP et d'autres qui disaient souvent qu'ils ne sont pas très bien vus, c'est parce qu'il y avait pas une communication parfaite. Les vieux n'avaient pas le temps d'aller vers ces derniers. Maintenant au niveau de la Croix Rouge par exemple, nous à chaque organisation, on fait des commissions. On a une commission tente, on a une commission de santé, on a une commission par exemple hydraulique, on a une commission de sécurité, qui veille sur la sécurité du khalife pendant la ziaara des talibés. Au temps, le khalife était là les gens venaient et donc chaque talibé se sentait plus proche du khalife le jour-là, surtout quand tu as des disciples derrière, il va falloir que ce dernier montre que le khalife me connaît. Mais maintenant on a essayé avec cette commission de sécurité de réglementer et de discipliner les ziaara qui se font au niveau des gàmmu. Pratiquement il y a une grande influence, on n'a pas le temps de donner à chacun une heure ou deux heures de temps pour venir voir le khalife. On essaye d'organiser, donc avec le peu de temps qu'on a, les daaïra font cinq, dix minutes ou quinze et sortent. Donc on a organisé tout ça. Ça, on appelle ça la commission de sécurité. Il y a des gens qui sont au niveau du khalife du matin au soir. Leur boulot au niveau de la jeunesse c'est ça. Donc pour la commission d'hydraulique maintenant, avec la SDE, on a des jeunes qui vont avec ces camions citernes qui donnent de l'eau pour leur montrer les maisons où il n'y a pas d'eau. Parce que les points d'eau, il n'y en pas partout à Ndiassane. D'abord le début c'était trois points d'eau, quatre, maintenant le gàmmu passé on a seize points d'eau.
MH: Seize?
Seize, je dis que c'est extraordinaire. Donc il y a ces seize points d'eau, il y a environ huit camions citerne d'eau qui viennent en appoint. Maintenant on met des jeunes en rapport avec le responsable de l'hydraulique qui montre là où il y a les points d'eau et où les gens ont besoin d'eau. Par exemple, au temps les gens venaient, tout le monde était derrière le camion-citerne pour demander, tu viens vers moi, donc la jeunesse est chargée de ça. Il y a la commission restauration qui a un double rôle d'ailleurs, parce qu'il y a la restauration de la jeunesse, parce qu'il y a des jeunes qui sont dans l'organisation, il va falloir que la commission de la restauration veille sur ces derniers, qu'ils puissent manger. Et aussi, dans chaque gàmmu, le khalife général donne à certaines familles d'érudits des plats. Donc c'est cette commission restauration qui travaille avec la famille du khalife pour amener tous ces plats. Donc veiller sur les autres corps de services, s'ils ont mangé, par exemple il y a la SENELEC, il y a la SDE…
MH: Les agents qui sont détachés.
Oui, il y a les sapeurs, il y a la gendarmerie, mais néanmoins la gendarmerie on ne met pas notre main là-dessus trop parce que le khalife leur donne de quoi faire leur popote. Donc à part les deux premiers jours où la brigade de Tivaouane et certains renforts de Thiès viennent, la jeunesse se charge de leur petit-déjeuner, de leur manger jusqu'au jour du gàmmu où il y a le grand renfort qui quitte, qui vient et là. Le grand khalife leur donne leur tout. Et si le renfort de Dakar, par exemple rentre, on est obligé de rester avec la brigade de Tivaouane et de Thiès. Il va falloir les alimenter et là c'est la jeunesse qui s'en charge encore, avec l'aide du khalife générale. Parce qu'en fait on n'a pas trop de fonds. Mais si demain Dieu nous donne toutes ces possibilités-là, on va s'en charger Insha Allah.
MH: Mais est-ce que les membres cotisent mensuellement ou bien?
Oui, il y a des cotisations des membres qui se font chaque mois. C'est une cotisation de deux cents franc par mois. Donc on ne voudrait pas… d'abord c'était mille francs parce qu'il y avait pas assez de membres, on a vu que quand tu dis mille francs ça pose problème. Maintenant on va vers deux cents francs. Je pense que c'est mieux d'avoir deux cents francs avec la situation actuelle du Sénégal. C'est mieux d'avoir deux cents francs, tous les mois que de donner chaque deux mois mille francs. Maintenant, et quand cela a commencé à poser problème, on a fait des cotisations par cellule. Donc on a dit que chaque cellule maintenant, ça dépend du nombre d'élément que tu as. Ça c'est un problème, si tu as deux, tu as trente ou quarante, ou cinquante mais tu donnes dix mille francs par cellules maintenant. On a dix cellules qui fonctionnent ce qui fait cent mille francs le mois qui doit faire un million dans les dix mois, c'est ce qui nous permet quand même d'avoir, avec la vente des cartes de membres… Donc dans l'organisation du gàmmu c'est ça. Et le jour-j aussi on veille surtout, un peu avec les autorités administratives qui viennent. On a à faire l'installation, donc c'est une commission qu'on appelle ‘accueil installation', l'installation dans les tentes, diriger les talibés vers leur secteur, diriger les autorités, dire au khalife générale « maintenant tu te mets là », on a comme un chef de protocole qui organise. Donc l'autre commission est là, on gère le timing aussi en fonction de ça, on gère les ziaara, on gère aussi la sortie du khalife générale. Parce qu'il y a aussi l'escorte du khalife générale qui revêt une importance capitale. On a vu que c'est un marketing, parce que le premier jour où on l'a fait, j'ai vu des vieux qui ont pleuré. Parce que le premier jour il y avait même des Kounta, des fils du khalife qui ont courus derrière le véhicule du khalife générale. Il y a un vieux qui a pleuré qui m'a dit ça, ça fait un bon bout de temps qu'il ne l'avait pas vu à Ndiassane. Il l'avait vu au temps de Cheikh Sidi Lamine, parce qu'il avait son Jeep là. Il y avait un vieux comme mon vieux, par exemple un vieux comme Cheikh Moussa qui était devant pour courir, c'était de sonner l'alerte, pour dire « quitter, le khalife vient ». Donc nous, on a essayé d'organiser d'une manière extraordinaire. On fait des cordons de sécurité, donc il y a le khalife entre les jeunes, les gens le suivent avec leur hymne, avec « l'hymne national de Ndiassane » : Soubhaana Allah, Walhamdouli Allah. Un chant extraordinaire qu'on a l'habitude de faire pour amener le khalife dans la tente et pour le ramener aussi.
MH: Donc à part …
MGN: J'ai deux questions, en ce qui concerne les femmes, est ce qu'il y a les femmes aussi dans le mouvement, ou sinon qu'est-ce que vous faites pour animer les femmes?
MH: Je reprends ça pour le micro.
MGN: Pardon !
MH: Ou bien c'est bon, je rends pour le micro?
MGN: Oui, Oui !
MH: Est-ce qu'il y a des femmes, tu veux savoir s'il y a des femmes dans le mouvement, s'il y a n'a pas, qu'est ce qui est prévu pour les femmes ?
MGN: Oui, Oui !
Il y a des femmes dans les mouvements et je dirai même que les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Encore une fois chapeau aux femmes et je, je ne maîtrise pas cette donnée-là, pourquoi les femmes sont plus nombreux (rires). Elles sont engagées. Quand elles s'engagent, elles sont vraiment engagées. D'accord, effectivement en toute sincérité elles sont très engagées, c'est des femmes dévouées d'ailleurs, extraordinaires. Vraiment je ne cesserai jamais de tirer le chapeau à ces dernières. Bizarrement, même s'il y a des cotisations à faire, je vois que souvent les femmes sont devant. Ça c'est les réalités du pays, c'est bizarre. Je ne parviens [pas à comprendre]. Mais au niveau des femmes aussi elles ont un travail remarquable. Parce que d'abord c'est elles qui font la cuisine, elles préparent hein, c'est des femmes qui préparent, c'est les femmes qui balaient, c'est les femmes qui nettoient. Et au niveau des femmes aussi, au niveau des khalifes généraux, c'est des femmes qui organisent. Je ne sais pas si je me suis fait comprendre. Par exemple s'il y a des cérémonies, au niveau des femmes c'est les femmes qui organisent, au niveau des hommes c'est les hommes qui organisent.
MH: Chez le khalife!
Dans la tarikha d'ailleurs.
MH: Donc les femmes vont vers les femmes?
Voilà les hommes vont vers les hommes, mais tu es obligé souvent même d'appeler les femmes parce que tu as peu d'hommes par rapport à ces femmes-là. Et les femmes donc font les travaux ménagers comme d'habitude mais qui ont un travail à faire dans l'organisation. Par exemple, dans l'organisation des gàmmu, ce sont les femmes qui nettoient d'abord la place publique où on fait les… Bien vrai qu'il y aura les hommes avec leur charrette et tout, mais le grand du nettoiement est fait par les femmes. Donc elles ont un travail. Et aussi les femmes aussi dirigent des chants, et on les apprend à chanter, on les apprend d'abord la religion comme toute bonne association musulmane. Et c'est des femmes qui chantent, je pense que madame Haïdara a une vision sur ça. Elle voit, je pense qu'elle a vu comment chantent les femmes, et même des femmes qui chantent mieux. Actuellement il y a une grande dame qui est à Rufisque et qui tape le tambour major.
MH: Le grand tabala.
Le grand tabala, ça pose problème, mais vraiment je peux dire que les femmes font tout ce que font les hommes. D'abord on a pratiquement les mêmes tâches, on a les mêmes engagements et tout ça.
MGN: Et s'il y a des réunions de cellules est-ce que les femmes et les hommes se réunissent en même temps ou est-ce que les femmes ont leur réunion à part ?
MH: Lors des cellules est-ce que les femmes et les hommes sont ensemble ? Ou bien on les reçoit, ou elles sont séparées?
Non, chez nous il y a n'a pas ce problème-là. Dans la constitution des cellules ou même des bureaux, quand tu vas dans le BEN les femmes sont dans le bureau hein.
MH: Donc lors des réunions, est-ce qu'il y a d'une part le groupe des femmes… ?
Non, la réunion se fait… on est ensemble…
MH: Tout le monde est ensemble.
On est ensemble, la réunion c'est dans la constitution du bureau hein, donc il y a le président, le vice-président d'ailleurs, la deuxième vice-présidente c'est une femme. C'est normal, la trésorerie aussi va à la femme. Non, il y a une femme qui est adjointe au trésorier, il y a une femme présidente de commission d'organisation, donc il y a tout ça. Il y a une femme présidente de cellule d'ailleurs. Donc on a les mêmes prérogatives, malheureusement elles ont un handicap, on a nos femmes qui se marient trop vite.
MH: (Rires) Et même mariées, elles ne restent pas dans le mouvement ?
Donc là ça va dépendre de son mari.
MH: Parce que si elle se marie à un homme d'une autre tarikha…
Non, non, on en a ! Même samedi, on célèbre déjà un mariage, quelqu'une qui sera marié à un Tidiane. Maintenant…
MH: Elle risque d'être Tidiane?
Bon là, elle va en discuter avec son mari. Mais souvent on perd les cinq pour cent de ces femmes. Tu sais, une fois que tu es marié, il y a beaucoup de responsabilités qui diminuent. Donc tu ne pourras pas travailler…
MH: Il y a une autre tradition aussi qui disait qu'il faut prendre le chemin …
Suivi par le mari.
MH: …suivi par le mari parce que quand le mari est Tidiane, on demande à la femme d'être Tidiane, je ne sais pas, etc. Il y a des femmes qui appliquent ça, d'autres qui n'appliquent pas, mais quelque part…
Il y a des femmes, par exemple, il y a une femme qui s'appelle Ndèye Diop, je l'appelle ‘lalaye', elle est mariée à un Layène5 mais souvent elle est dans les grandes manifestations. Elle était déjà trésorière à Rufisque, donc elle n'a plus le temps de gérer la caisse, elle est obligée de [la] remettre. Mais dans les grandes manifestations annuelles, les deux au minimum ou les trois, elle est sur place. Donc tu vois là, ça c'est l'handicap des femmes. Bon !
MH: Avec la maternité et d'autres responsabilités, elles sont moins disponibles.
C'est ce qui fait que souvent on ne les met pas au premier plan parce que le jour où tu auras besoin d'elles ça va poser problème. Mais pour l'instant elles font un travail remarquable, elles sont plus nombreuses aussi, même activement elles sont plus nombreuses que, que les hommes.
MH: En dehors du gàmmu, y a-t-il d'autres manifestations pour lesquelles vous vous rendez à Ndiassane ?
Oui ! En dehors du gàmmu… En fait Ndiassane a trois événements majeurs je crois, trois grands événements. Il y a le gàmmu Ndiassane6 qui célèbre la naissance du Prophéte Mouhamed (Salalahou Aleyhi Wasalam). Ndiassane baptise.
MH: Oui.
Donc, il y a la ziaara annuelle de Cheikh Abou Mouhamed, qui se passe…
MH: ‘Goudi Cheikh Bou'
‘Goudi Cheikh Bou7' qui se passe qui se passe au quinzième jour du mois de Shahbaan. On l'appelle ‘nuit de Shahbaan' qui est la nuit de Cheikh Bou Mouhamed. Et il y a le gàmmu annuel de Ndankh.
MH: Et qui correspond à quoi exactement ? A la mort de Cheikh Bou ou bien ?
Oui ! Oui ! Bon la nuit du Cheikh Abou Mouhamed qui est le quinzième jour du mois de Shahbaan correspond effectivement à la disparition de Cheikh Abou Mouhamed. Donc c'est à ce jour que Cheikh Abou Mouhamed est mort. Mais aussi ça correspond au jour où le Prophéte Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam) avait reçu l'instruction de prier maintenant vers la Kaaba. Donc qui est un double événement déjà à Ndiassane. Et sinon, il y a le gàmmu de Ndankh qui se fête annuellement à Ndankh, là où il y a le père fondateur des Kounta Cheikh Bounama qui est disparu en dix-huit cent quarante. Donc ça, ce sont les trois grands événements de la famille.
MH: Et ce gàmmu de Ndankh correspond à quoi exactement, qu'est-ce qu'on célèbre ?
Bon ce gàmmu de Ndankh, d'abord c'était comme ‘Goudi Cheikh Bou'. Les gens prenaient cette date pour prier pour Cheikh Al Bounama. Mais en cette période tous les talibés convergeaient vers Ndankh. Maintenant la date change hein, parce qu'actuellement je pense que les gens doivent le faire le 03 mars. Donc maintenant les gens ne tiennent plus compte de cette date, mais c'est une journée de prière qui est faite en l'honneur de Cheikh…
MH: Et les talibés rallient Ndankh.
Les talibés ralliaient Ndankh en ce moment. Donc c'est les trois événements majeurs de la famille. Sinon il y a des gàmmu par, par secteur. Par exemple à Thiariack, là où Cheikh Abou Mouhamed a fondé, à créer du moins, le village de Thiariack qui est vers Ndoffane. Il y a sa famille déjà qui y va vers le 10 février, donc c'est des gàmmu aussi [pendant lesquels] la jeunesse a sa touche à mettre. Donc comme Latmingué, le village de Cheikh Sidi Yakhya, Kamatane va, j'espère dans peu de temps, reprendre son lustre d'antan parce qu'il y a leur petit fils qui est actuellement khalife générale, donc il y a tout ça. Et il y a les gàmmu des cheikhs, des jeunes et des petits-fils aussi du khalife. Sinon l'événement de la jeunesse… donc nous, on a deux grands événements dans l'année aussi, parce qu'aussi les événements on les fait en fonction des animations de la maison. Donc on a deux grands événements à faire : d'abord notre ‘ziara wérou koor'8, on l'appelle ‘ziaara'. On a choisi un jour dans le mois de Ramadan pour aller rendre visite à notre khalife général. On a fait quelque chose qui n'a jamais existé dans cette famille. On vient à Ndiassane, on quitte Ndiassane on va à Ndankh dans le même jour. Donc on vient à Ndiassane voir le khalife général, donc lui rendre visite, faire notre ziaara du mois de ramadan. Chaque talibé amène le peu qu'il a. Tu amènes ce que tu as en sucre. On amène aussi, pour aider le khalife général dans sa tâche, parce que lui il se donne souvent le devoir d'aider les gens qui n'ont rien à Ndiassane et aux alentours, du sucre, du riz, du mil. Donc nous, avec le peu qu'on a, bien vrai que certes on ne donne pas la zakat parce qu'on ne l'a pas, donc on regroupe le peu qu'on a pour donner ça au khalife qui donnera aux autres, donc là déjà on aide les gens dans ce contexte-là. Et le même jour on fait une ziaara à Ndiassane, on fait une ziaara à Ndankh. Et notre deuxième événement c'est notre événement qui marque par exemple la fin de chaque année. Donc par exemple, au temps on faisait chaque 30 et 31 décembre, ça fait deux ans. Chaque 30 et 31 décembre, on va à Ndiassane pour organiser une grande manifestation qui magnifie donc la fin de cette année. Donc au lieu de laisser les jeunes, donc on a préféré…
MH: Aller danser dans les boîtes de nuit…
Donc on les récupère à Ndiassane. Là donc c'est notre grand événement, donc qui marque la fin de l'année chez nous. Cette fois-ci on ne l'a pas fait, parce que le 30 et 31 décembre c'est la Tabaski. Mais on projette de le faire sous une autre manière, on a décidé d'ailleurs même d'organiser un week-end culturel cette année-ci pour magnifier aussi le travail qui a été fait pendant plus d'un an et de faire un bilan aussi, de voir ce qui n'a pas marché, ce qui a marché, ce qu'il faut améliorer et ce qu'il ne faut pas donc améliorer. Sinon aussi d'organiser d'autres événements parce qu'actuellement si quelqu'un a un gàmmu…
MH: De préparer les autres événements…
Sinon aussi, si quelqu'un a un gàmmu, il préfère nous donner l'organisation totale de ce gàmmu.
MH: Donc vous êtes les spécialistes?
Oui vraiment, déc
Première Piste
Madame Toba Diagne Haïdara (MH): Bonjour Monsieur Koné !
Makhtar « Ndiaga » Koné : Bonjour Madame Haïdara !
MH : Et donc c'est dans le cadre d'une recherche sur la famille Khadre de Ndiassane, la famille Kounta de Ndiassane, que nous voulons nous entretenir avec vous en tant que talibé de la famille, en tant que, aussi, dirigeant d'un mouvement des jeunes dont l'organisation vous revient et qui a un certain nombre d'activités au sein du groupe, en tout cas au sein de la famille et de la tarikha. Et je voulais d'abord que vous vous présentiez rapidement et ensuite peut être nous indiquer comment est-ce que vous, ou bien votre famille, est devenue membre de la tarikha Kounta de Ndiassane. Et comment êtes-vous arrivé à diriger ce mouvement qu'on appelle « Les Jeunes Khadres ».
Merci Madame Haïdara, merci Maria ! Vous me permettez d'abord de rendre grâce à Allah, le Tout-Puissant et de prier sur le Prophète Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam), de rendre un grand hommage à notre guide El Hadji Mame Bou Mamadou Kounta qui est l'actuel khalife général des Khadres. En ce qui concerne votre question, comment ma famille…
MH : Et vous-même, oui, faites partie des Bambara de Ndiassane comme on dit.
[Interruption]
Deuxième Piste
MH: Donc on continue, donc lui il reprend.
Bon d'accord, maintenant il reprend, comme on a fait dans la salle, hein.
MH: Vas-y !
D'accord. Bonjour Madame Haïdara et merci. Bonjour Maria. Permettez-moi de rendre grâce à Allah, le Tout-Puissant et de prier sur le Prophète Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam), de rendre un grand hommage à El hadji Mame Bou Mamadou Kounta, Khalife Général des Khadres. Pour se présenter, je m'appelle Makhtar, très connu sur le nom de Ndiaga que les gens ont l'habitude de dire. Donc je suis de la famille bambara, et je suis un disciple et même un fervent talibé de Cheikh Bou Mouhamed Kounta. Donc, ma famille, comme l'histoire l'a raconté, est venue à Ndiassane par le biais d'un de mes aïeuls qui s'appelait Yahya qui est le grand père sur le côté de mon papa, qui est le grand père de ma grand-mère, c'est-à-dire la maman de mon père directement. Et l'histoire a une fois dit, a raconté que ce dernier a marché de son propre pied du Mali à Ndiassane à la rencontre du Cheikh. Donc là, c'est une très longue histoire et c'est de cette famille que je suis née, je suis le troisième fils de mon père qui s'appelle Cheikh Sidy Lamine Koné qui est l'homonyme de Cheikh Sidi Lamine Kounta, euh… deuxième khalife de Cheikh Bou Mouhamed, père fondateur de Ndiassane. Donc c'est de cette famille que je suis né.
MH : On peut savoir exactement d'où est, d'où est parti votre, votre aïeul, cet aïeul-là ? De quel village, de quelle région du Mali ?
Bon, on m'aurait dit qu'il est venu de Djétrou, vous, vous connaissez le Mali. Je pense que c'est de l'ancien…
MH : Djétrou
Oui, l'ancien Bougouni, je ne sais pas, quelque chose….
MH : Bougouni
Bougouni, donc c'est de ce secteur qu'est sorti mon grand-père. Du côté de ma maman, enfin je ne maitrise pas trop cette histoire mais je sais qu'aussi donc mon grand-père du côté de ma maman est venu aussi du Mali. Donc ma maman c'est Traoré, mon père c'est Koné, donc je pense que ce sont parfaitement des maliens. Donc c'est de cette famille que nous sommes nés. Euh …cela fait bientôt quarante ans, grandi dans cette famille, et c'est de cette famille aussi qu'on nous a inculqués d'abord la religion et deuxièmement la tarikha. Donc en gros voilà, en gros, ce que je peux dire de ma famille. Et pour moi quand je suis né de cette famille et j'ai grandi dans cette famille, j'ai vu papa, j'ai vu maman, mes frères….
MH: La famille est installée à Ndiassane ou bien ?
Non ma famille s'est… moi je suis née à la Médina, près du camp, angle 22/24 donc qui était quand même un fief de certains bambaras. Donc on m'a raconté aussi que mon grand-père était pratiquement celui qui recevait les maliens, les guinéens, parce que nous sommes parentés à des guinéens, nous sommes parentés à des ivoiriens aussi. Donc les gens quittaient dans ces secteurs pour venir souvent. Donc notre maison à la Médina, c'était par exemple son fief, parce que il fut un ancien quand même de l'armée française. Il s'est converti après tout ça dans la police.
MH : Il a été d'abord un tirailleur sénégalais ou bien directement?
Bon là, là je ne me suis pas trop documenté. Je sais qu'il a fait l'armée sénégalaise, l'armée française du moins, avant d'être brigadier dans la police sénégalaise. Donc dans l'administration on l'appelait brigadier-chef, [c'est ce] que m'a raconté ma grand-mère, brigadier-chef de Mbao. Qu'il était plus proche des commissaires ou des blancs qui étaient là comme chefs. Donc dans son histoire on a- on ne sait pas trop - navigué pour savoir comment ça s'est passé. Donc il était à la Médina en tant que chef coutumier qui recevait tous ses parents maliens, guinéens et ivoiriens quand même. Et de ce secteur aussi, il était affilié à cette tarikha khadriya. Moi je ne sais pas comment lui, mais je sais que c'était un fervent talibé. Nous, nous sommes nés dans cette famille en voyant ces Kounta. On était aussi très proche de la…
MH : ... qui venaient à la Médina?
Qui venaient à la Médina.
MH: Et qui étaient chez vous?
Ouais, chez nous même. Et on était très proche de la rue onze, là où même logeait El Hadji Cheikh Thiam que tout le monde connait dans la tarikha et qui était un disciple, un représentant de la famille Kounta à Dakar. Et jusqu'à présent cette famille porte encore ce titre de représentant du khalife. Donc, déjà c'est un trait d'union, ce qui fait que chez moi, j'ai une double appellation chez les Kounta. Quand je vais à Ndankh tous les Kounta de Ndankh sont des oncles chez moi. Parce que je les ai connus à travers ma maman et tous les Kounta de Ndiassane sont devenus des pères chez moi sur le côté paternel parce qu'ils étaient des amis de longue date avec mon père tel que Nass que vous connaissez bien, tel que Cheikhna qui est actuellement en Egypte comme, je ne sais pas, attachée ambassade et tout ça. Donc c'est ce qui fait qu'il y a déjà chez moi …
MH : Donc votre papa est disciple de Ndiassane?
De Ndiassane
MH: Et votre maman est disciple de Ndankh?
Bon, disciple de Ndiassane mais son père, Mamadou Traoré, c'était un disciple de Ndankh, donc qui était un talibé de Cheikh Sidi Makhtar, qui est fils de Cheikh Al Bounama, père fondateur de Ndankh. Donc il était plus affilié à cette famille. Mon père était plus affilié à cette famille Kounta de Ndiassane. Ma maman est dans les deux, dans tous les cas. Mais elle connait plus la famille de Ndankh que la famille de Ndiassane. Et du fait que Ndiassane est le fief, Ndiassane est le lieu qui représente déjà, qui a l'autonomie des Kounta ici au Sénégal, donc nous en tant que jeune, Ndiassane était plus proche d'y aller. D'ailleurs, je passais de temps en temps mes vacances à Ndiassane, ne serait-ce que de revoir un peu le Coran, mais je l'ai appris à Dakar. Donc comme ça, j'y allais souvent dans les événements. Donc une partie de ma famille, comme par exemple la belle famille, c'est-à-dire la femme de mon grand frère, déjà eux, cette famille est demeurée à Ndiassane et je suis souvent allé là-bas. Donc ce qui fait que, on connait bien cette famille et c'est ce qui nous a …
MH : Vous, vous êtes née dans la famille et donc vous n'avais fait que suivre pratiquement la voie déjà tracée par vos parents, par votre père et par votre mère et en fin de compte, vous avez choisi? Enfin, malgré que vous soyez l'aîné dans la famille, il y a un choix aussi?
Oui ! Nous sommes nés dans cette famille. Il y a un choix, effectivement, je dirai peut être que ce choix est venu à la dernière minute parce qu'on a quand même eu à aller dans les autres secteurs comme si, je l'ose dire …
MH : Dans les autres tarikha…
Dans les autres tarikha pour voir en tant que jeune. Vous voyez, par exemple, quand je prends ce cas de Baye Fall que je voyais souvent taper. Donc il y avait ce côté culture qui m'a attiré. Donc j'ai tapé très tôt aux tabala, aux trucs de ce genre. Donc mais tu sais dans toute famille, les bambaras sont réservistes en quelque sorte. Donc c'était une obligation que les jeunes, donc, suivent le pas de leurs parents. Donc je dis que c'est tout le monde qui le fait parce que j'ai d'autres gens qui sont dans d'autres tarikha, ça dépend de leur volonté, de leur choix. Mais moi, en tant que jeune maintenant majeur, responsable, j'ai choisi d'être dans cette famille. Donc…
MH: Très bien, et comment êtes-vous, avez-vous créez, si c'est vous qui avez créé le mouvement des jeunes khadres?
Bon, pour la création…
MH: Comment êtes-vous devenu le président?
Euh…, d'accord, avant d'être le président du mouvement des jeunes khadres, on va plutôt parler de sa création.
MH: D'accord.
Euh, je dirai que je ne suis pas le seul et je suis un membre fondateur de cette association. Euh, de mon côté, ce qui m'a poussé à le faire, je voulais être vraiment, mieux établi sur ma conviction spirituelle et temporelle de talibé d'abord. Un. Deuxièmement, je ne connaissais pas beaucoup. Je pense que je vous ai raconté l'histoire comment ça s'est passée, avec un disciple d'une autre tarikha à qui on avait à discuter sur ce problème de tarikha, sur ce problème des Kounta et autres. Et ce jour-là je me suis senti un peu blessé parce que, en fait, il y avait des propos qui étaient tenus à l'égard de cette famille que je connaissais, que j'avais déjà aimée et que je ne pouvais pas me permettre. Donc, et du fait que c'était un problème de recherche sinon de culture et que je n'avais pas les moyens de se défendre, je me suis allé attendre. Je vais aller vers l'information pour voir la réalité de toutes ces choses-là. Et quand je me suis aperçu que dans la famille où je vis actuellement, si vous le permettez, j'ose dire qu'elle fait partie des plus grandes familles. D'abord c'est des nobles, c'est des Khouraïches comme l'a définit l'histoire et là je me suis dit : attend, il y a pas mal de jeunes qui sont comme moi et qui vivent dans, dans…
MH: L'ignorance.
Dans l'ignorance. Donc d'abord, mieux vaut rassembler tous ces jeunes leur expliquer d'abord cette famille, et qu'on puisse quand même faire d'abord quelque chose pour cette famille. D'abord, parce que notre guide spirituel Cheikh Bou Mouhamed, je sais qu'il a travaillé pour nous et il ne cessera jamais de travailler pour nous, ça c'est certain. Et par contre nous, jeunes disciples, et ceux qui sont derrière, qu'est-ce qu'on a fait pour ce dernier ? Donc c'est notre source de motivation pour créer cette association. Et quand je suis…
MH: Donc vous avez voulu combler le vide d'information qui existait déjà.
Effectivement!
MH: Et qui constitue un handicap pour cette famille…
Un handicap majeur d'ailleurs, un handicap majeur pour ses talibés parce que je ne pouvais pas admettre que quelqu'un qui va à Ndiassane que deux fois dans l'année. Donc il y a des gens qui quittent Dakar ou dans d'autres secteurs, ils vont à Ndiassane parce que c'est le gàmmu annuel de Ndiassane, ils vont à Ndiassane parce que c'est le ziaara annuel de Ndiassane. Donc tout ça, ce n'est pas normal. Et je dis, quand une personne est dans une chose, il faut d'abord connaitre cette chose là avant de la vouloir. Donc, d'ailleurs c'est inscrit dans le Coran. Il faut apprendre, connaitre pour pouvoir, quand même, suivre ces derniers et dans la mesure où la personne qu'on suit nous mène dans le droit chemin. Donc je ne vois pas la raison [pour laquelle] la personne doit se réserver envers ce dernier. Donc c'est ce qui m'a poussé à aller vers la recherche. Et quand j'ai commencé à trouver certains détails, j'ai appelé certains jeunes comme moi qui étaient vraiment disponible pour m'aider dans cette tâche et de mettre la main là-dessus pour qu'on crée cette association. Et donc, c'est de cette manière que cette association a commencé à être mise sur place, ça date de quatre-vingt-dix-sept, hein. Ce n'est pas longtemps.
MH: Quatre-vingt-dix sept
Quatre-vingt-dix, on a commencé…
MH: Et vous étiez combien au départ?
Au départ on était trois. Il y avait moi, il y avait Cheikh Al Khalifa Kounta Ibn Mouhamed Abdallah ; Ibn Cheikh Sidi Ali c'est-à-dire Cheikh Al Khalifa qui est le fils de Mouhamed Abdallah, qui est le fils de Cheikh Sidi Ali de Cheikh Abou Mouhamed ; et un autre qui s'appelle Birane Diop, sa maman est Kounta. C'est la fille de Cheikh Sidi Makhtar de Cheikh Bou Mouhamed. Déjà donc c'est tout le temps dans la famille. Et ce Birane Diop est l'homonyme de Birane Diop, le grand Birane Diop, le grand maître qui était à Ndiassane qui était disciple de Cheikh Bou Mouhamed. Birane Diop qui a eu quand même à diriger la mosquée de Ndiassane. Birane Diop qui a eu à enseigner même des fils de Cheikh Bou Mouhamed, c'est-à-dire que, à chaque fois que, avant que les fils de Cheikh Bou Mouhamed partaient vers le Ganaar1, comme on le disait, pour apprendre, déjà ils étaient callés chez les grands érudits de la maison. Et à leur retour, on nous a raconté que souvent on les a envoyés vers ces derniers quand même pour tester leur niveau d'instruction. Donc c'est ce Birane Diop qui est l'homonyme de ce dernier qui est quand même un petit-fils de cette maison parce que sa maman est Kounta, sa maman est une fille de Cheikh Sidi Makhtar qui est fils de Cheikh Bou Mouhamed et ce Cheikh Sidi Makhtar, je le nomme encore, c'est le fils de Cheikh Bou Mouhamed qu'on avait envoyé vers la deuxième guerre mondiale en dix-neuf cent quatorze.
MH: La deuxième guerre mondiale
De dix-neuf-cent quatorze à dix-neuf cent dix-huit, donc c'est ce dernier. On nous a dit que les blancs prenaient chacun des fils de ces érudits là pour les envoyer et Cheikh Sidi Makhtar était envoyé au nom de la famille Kounta. Et selon les bambouna aussi et dans l'histoire, il paraît qu'il a fait quelque chose d'extraordinaire. Ça, c'est autre chose. Et donc ce sont ces trois qui ont quand même commencé à mettre sur place cette association, en faisant le porte à porte. On a commencé à faire des campagnes de proximité. Parce que d'abord c'était un problème que les jeunes se révoltent de cette manière. Donc le début, ça a amené certains problèmes, parce que les anciens n'avaient pas compris donc là où on voulait aller. Et nous, on se disait que ces derniers n'avaient pas tenu de l'évolution socioculturelle et religieuse de ce pays. Parce qu'en fait, ils avaient des idées, mais des idées conservatrices. Donc je voyais que Ndiassane, les talibés n'étaient pas bien, je ne sais pas, hein… Ils ne suivaient pas par exemple ce qui se passait dans ce monde-là. Donc ils avaient tourné le dos par exemple [à] la vie mondaine, ils avaient tourné le dos à certaines réalités du pays. Comment fonctionnait déjà le pays avec l'administration. Donc tout le temps c'était l'idée conservatrice, c'est ce que nous avaient laissé les anciens. Et je dis que le monde change en fonction des évènements et le monde change aussi en fonction des réalités. Ils n'avaient pas tenu compte de tout ça donc [pour] se réorganiser. Les gens venaient à Ndiassane par daaïra.
MH: Et c'est ce qui expliquait peut être l'autarcie un peu de la famille.
Un grand retard hein, c'est ce qui explique le retard qu'ont les talibés Kounta à travers ce pays. Par exemple, des fois, il y a une fois, je l'ai dit à une autorité du pays. C'est parce que tout simplement les gens considèrent Ndiassane comme l'ont démontré ses disciples. Ils ne veulent pas beaucoup de choses, donc ils ne réclament pas beaucoup de choses. Parce que la première fois où je suis allé dans un CRD pour préparer le gàmmu de Ndiassane, il y a eu une remarque que le gouverneur avait à faire, une remarque extraordinaire, parce que les gens n'avaient pas l'habitude de voir ces genres de réactions dans ces trucs. Par exemple, ce jour-là, j'avais à parler sur trois points : un, sur le point de l'eau, de l'électricité et d'abord de la sécurité de Ndiassane. Parce qu'en fait au temps, les gens ne donnaient Ndiassane que vingt-quatre heures en eau. Donc la SDE ou la SONES donnait deux jours à Ndiassane. Donc avec des points d'eau tu avais le droit de brancher, tu ne paies pas et tout ça, de même que la SENELEC et tout ça. Et du fait que déjà en matière d'organisation de gàmmu Ndiassane, on a les bambaras et les autres qui sont là, une semaine avant et voire même quinze jours après le gàmmu …
MH : Vu la distance bien sûr.
Voilà, toute cette charge en eau et en électricité revient sur la population de Ndiassane. Donc j'avais trouvé ça injuste, donc je disais au gouverneur et aux chefs de services que si les gens peuvent augmenter ce délai que les gens de Ndiassane puissent consommer de l'électricité sans pour autant payer après, donc là ça sera encore mieux. Et on a vu un grand changement dans ce gàmmu.
MH : Cela fait partie d'un volet de la lutte que vous menez?
De la lutte, d'accord. Et on a vu que la SDE, la SENELEC, le gouverneur ont prêté vraiment une attention particulière à cette demande. Ils ont eu à amener des disjoncteurs, des points d'eau, pendant toute la semaine et que ces maliens n'ont pas eu le problème d'aller chercher de l'eau. Parce que au temps on n'avait pas besoin de ça parce qu'il y avait …
MH : La source
La source de Ndiassane. Et maintenant du fait que cette source est…
MH : est tarie…
…a tari. Et voilà donc, il va falloir qu'on ait tous ces problèmes-là. Et donc, c'est des points de… qui ont fait que nous avons essayé de mettre cette association en place qui s'appelle le mouvement des jeunes, qui est communément appelé « Le Mouvement des Jeunes Khadres ». Mais Cheikh Abou Mouhamed Kounta ibn Cheikh Ahmed Lamine l'avait donné un autre nom particulièrement spirituel, sinon authentique, parce qu'il l'avait appelé, si je peux l'expliquer, Al Jamhatoul Islamia, ça veut dire un mouvement islamique. Al Jamahtoul Islamia Almoustamasika Bitarikhatoul Khadria, c'est-à-dire un mouvement ou un rassemblement des jeunes musulmans donc qui vont vers la tarikha khadria et qui ont comme guide et comme lumière Cheikh Abou Mouhamed Kounta. Et tu sais, l'islam il y a…il y a Serigne Mame Bouna Kounta qui est actuel imam de Ndankh. Bouna qui est déjà frère de Bou Khalifa qui nous disait que donc on a un grand pas à faire parce que l'islam ne va jamais s'éteindre jusqu'à la fin du monde. Parce que l'islam déjà est le truc qui a été choisi par Dieu. Et donc on a intérêt à faire marcher le truc comme il le faut. Et la tarikha khadria déjà est une tarikha qui restera parce que c'est nous qui l'avons créé. L'histoire nous démontre que c'est un vœu du Prophéte Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam) qui a été accordé par Dieu et qu'on lui a remis ça par l‘Ahfoul Mahfouze quand Djibril (Allahi Salam) lui a donné ça et qu'il a fait passer par ses petit-fils et que Cheikh Abdou Khadre Djeylani a fait un truc particulier sur la tarikha, comme Cheikh Sidi Makhtar, comme Cheikh Abou Mouhamed. Donc on a fait de sorte que la tarikha, le mouvement ne porte pas préjudice à la tarikha. Donc c'est de notre devoir de marcher sur la bonne voie. Et d'ailleurs on se guide par la lumière de Cheikh Abou Mouhamed et cette lumière ne va jamais s'éteindre parce que quelqu'un qui est resté là et que tout… par exemple l'Afrique occidental comme on disait, l'AOF, Mali, Côte d'Ivoire et tout ça, les gens viennent vers ce dernier, cette lumière que Dieu a donné à ce saint homme ne va jamais s'éteindre. Donc on a à faire de sorte que cette association donc soit gérée dans la forme la plus noble.
MH : D'accord, donc vous devez savoir aussi quels sont les autres points d'intérêts du mouvement. Vous en avez déjà évoqué un point pour l'organisation du gàmmu, la défense ou bien le ravitaillement en eau et en électricité du village. Quels sont les autres points, les autres objectifs que vous avez à travers le mouvement ?
Bon, lorsqu'on créait l'association-là, on n'avait pas visé loin hein. D'abord pour moi c'était de rassembler les jeunes autour d'un objectif. C'était quoi ? D'être là et d'observer Abou Cheikh Mouhamed, un. Et comptant… et lorsqu'on a prêté attention à la vie comme je l'ai dit et en tenant compte, parce qu'on organise des réunions à chaque fois…Donc c'est en quatre-vingt-dix-sept comme je le disais qu'on a commencé à parler de cela. On a eu la reconnaissance de Cheikh Abou Mouhamed en quatre-vingt-dix-huit. Donc entre jeunes on s'est parlé pendant un an pour voir si on peut vraiment mettre sur place cette association-là. Et quand on est parti sur des bases sûres, on est allé voir le khalife Cheikh Abou Mouhamed qui était là. Donc il nous a donné son accord en quatre-vingt-dix-huit et on a eu une reconnaissance officielle de l'état en deux mille deux. Donc déjà on a continué à faire la sensibilisation et la propagande au niveau des tarikha, au niveau des talibés dans les autres zones. Parce qu'en fait on est parti vers la daaïra mais on est parti voir les gens individuellement en tant que jeunes. On avait pas vu les vieux, on n'avait vu que les jeunes d'abord. Et on a eu la reconnaissance officielle en deux mille deux qui a été délivrée par le DAGE sur l'autorisation du ministre de l'intérieur et on a eu notre récépissé comme toute association normale ne serait-ce que pour être en règle avec la loi. Et dans cette chose-là, on a quand même des objectifs. Maintenant au vue de ce qui se passe dans ce pays, d'abord au niveau de la jeunesse il y a des activités, les activités globales, par exemple au niveau des cellules il y a la formation des membres qu'on va essayer de faire d'abord un petit management.
MH : Formation? Quel type de formation?
Des membres donc, ne serait-ce que pour diriger le mouvement, pour être président de cellule ou pour prétendre à un poste. Dans l'association on voudrait quand même former des… ou bien ne serait-ce que pour donner le peu d'enseignement de ce qu'on a en management pour que les gens puissent quand même contrôler les éléments qu'ils ont dans les cellules. Parce que l'association est nationale maintenant, on a fractionné ça en cellule. Donc Dakar c'est une cellule, Rufisque c'est une cellule, Bargny c'est une cellule comme dans les autres départements. Et dans chaque cellule il y a un dirigeant. Donc il y a un bureau qui est le BEN, le Bureau Exécutif National et il y a les bureaux sur les…
MH: Donc là, c'est l'organisation interne…
Ça c'est l'organisation interne du mouvement. Et donc il va falloir avant de donner un poste à quelqu'un de le former un petit peu, un tout petit peu pour qu'il puisse quand même diriger ceux qui le suivent, les gens qui viennent derrière lui. Donc ça, c'est un truc qui est en interne dans le truc. Donc en objectif aussi…
MH: Parce que dans cette formation-là, il y a une formation religieuse.
Oui.
MH: Est-ce que vous veillez à ce que la personne soit réellement instruite?
Oui, certes, il y a une formation religieuse mais aussi on tient compte des réalités des cellules. Par exemple, quand je prends l'exemple de Badé, le président de cellule qui est là-bas, est un professeur de daara. Il profite de sa spécialité pour enseigner au niveau de la jeunesse. C'est-à-dire que le mouvement ne prend pas tout le temps de ses disciples-là. Parce qu'on a des pécheurs, on a des cultivateurs, il y a des enseignants, tu vas à l'université on a une cellule là-bas. Donc en tenant compte de leur temps, c'est comme ça que le mouvement marche. Et au niveau des cellules, on les regroupe en… Par exemple à Bargny, tu vas à Bargny chaque lundi, cette cellule a un tour d'animation. Et dans ce tour qui permet à tous les membres de la jeunesse de venir, le professeur leur dispensera des cours, ne serait-ce qu'aussi les donner les directives qu'il a eu à recevoir du BEN.
MH: Le BEN c'est quoi?
Le Bureau Exécutif National du mouvement. Donc quand il y a des directives à donner, on donne ça au président de cellule qui décentralise au niveau de ses membres et il y a des formations au sein, en tenant compte je dis bien, des réalités qui se passent au niveau de ces secteurs-là. A Ndiassane on n'a pas ce problème, parce que pratiquement les membres dirigeants c'est tous des… Yakhya Abdou Békaye que vous avez et tant d'autres qui à chaque tour…. Ils ont deux tours dans la semaine, l'autre c'est un tour typiquement culturel, les gens apprennent à chanter, à mettre ça avec Cheikh Boudja et d'autres, on les enseigne la religion. Donc c'est comme ça que ça se fait au niveau des cellules. Et pour les « ébeuchifs » maintenant quand on a vu ce qui se passe dans ce pays, on a dit attend, on va essayer quand même, de faire fonctionner Ndiassane ou bien d'aménager, d'amener notre touche là-dedans. Donc comment ? Le seul problème c'est que le mouvement est à but non lucratif. Donc on a de l'argent que sur les ventes de cartes de membre qu'on a, on a de l'argent que sur les dons. Donc quand on a besoin de faire des manifestations on fait des demandes, et quand on a des ressources on garde et on regroupe les talibés. Mais aussi quand même on veut participer à la construction des centres d'éducation sociaux dans ce pays. Participer en même temps à la construction de ces mosquées, mais ça on ne peut pas le faire tant que la personne n'a pas de fond. Donc il y a tous ces facteurs-là …
MH: La mosquée de Ndiassane.
La mosquée de Ndiassane. Bon, comment nous, on a eu à participer à ça ? Par exemple lorsque les cartes... on avait fait des tickets pour vendre à ces disciples-là, la jeunesse s'est porté garante. Elle a pris les tickets [pour] les vendre au niveau des …et a reversé l'argent au niveau du comité qui gère la construction de cette mosquée. Donc par nos propres moyens, on a essayé de développer la culture quand même au niveau de Ndiassane. On le fait un tout petit peu à Saloum mais ça ne marche pas beaucoup pour l'instant.
MH: La culture de l'arachide ou de quels autres produits?
La culture maraîchère même, on essayait de, on avait fait des études de projet sur ça, des projets même qu'on a eu à déposer au niveau des ministères comme le FNPJ et tout ça, mais malheureusement on a pas eu d'appui pour pouvoir faire bénéficier cela aux jeunes qui restent dans les secteurs et qui n'ont rien à faire. Il y a tout ce problème-là qui se pose et on avait demandé à avoir des bassins de rétention d'eau à Ndiassane, il y en a mais ce n'est pas comme on l'avait voulu. Donc c'est ce qui fait qu'aussi quelque part on a eu un retard pour faire participer les jeunes à cette culture maraîchère pour l'instant. Mais dans notre objectif on veut faire travailler tous les jeunes par les moyens qu'on a. Par exemple si les gens avaient des fonds comme tu vois à Bargny, c'est des pécheurs, il va falloir que tu leur trouves les moyens d'aller en mer, donc non seulement tu vas les faire travailler, mais tu vas aussi faire travailler ton association. Donc ça c'est les objectifs. Les autres on va essayer de régler ça, parce que c'est des trucs dont tu vas parler avec les autorités. C'est déjà électrifié, il y a déjà le goudron, il y a une voie de contournement qui est prévu à Ndiassane, et aussi Ndiassane lutte pour les villages environnants. Donc il y a l'électrification qui doit être continuée jusqu'à Keur Yoro. Tu vas vers Nditté et tout ça, donc la déjà ce sont de grands apports à…
MH : …qui sont des villages dépendant de Ndiassane.
Dépendants de Ndiassane.
MH: Des anciens villages de culture comme on disait.
Oui, parce que en fait déjà il y avait des cultures, parce qu'il y avait les cheikhs Ndiassane qui avait les champs et autres, avec le chef de village de Nditté, mais le tout par exemple reposait sur le khalife général qui était à Ndiassane. Mais il les a laissés avec ses terres et ces gens en font leur culture comme ça. Mais sur le développement général, tout vient de Ndiassane, par exemple, s'ils ont de l'eau actuellement, s'ils parviennent à avoir des bornes fontaines c'est grâce à Ndiassane. Parce que quand Ndiassane fait des demandes, il met ces villages environnants là-dessus. Donc impérativement il faut que l'état y veille. Nous, à notre niveau aussi, on veut faire parce que Ndiassane a aussi un poste de santé comme vous l'avez vu, vous étiez là-bas. S'aurait été nous, on allait avoir un truc plus grand que ça. C'est un hôpital ou c'est un poste de santé, je ne sais même pas. Même s'il faut avoir un hôpital à Ndiassane, pourquoi pas ? Les gens accouchent à Ndiassane, donc dans des conditions, quand même…
MH: Il n'y a pas de maternité?
Non, en fait c'est le secteur qui regroupe. Parce qu'on a des matrones, comme vous dites, il y a des vieilles bambounas qui sont là-bas qui datent de longtemps, qui aident les femmes à accoucher jusqu'à nos jours avant qu'on ne parte à… Et on n'a jamais eu de problème de complication d'accouchement sur ça. D'ailleurs, la personne, la femme accouche avec l'assistance de l'infirmière qui est là-bas, une très bonne dame d'ailleurs, mais en deux heures, une heure de temps ou le lendemain, elle rentre chez elle hein. Elle n'a pas de problème. Donc s'aurait été nous, on allait mettre un…on va mettre un hôpital là-bas, pourquoi pas ?
MH: Au moins une maternité.
Pourquoi pas ? Donc il y a tout ça.
MH: Est-ce que les femmes n'ont pas accès à la maternité de Tivaouane?
Bien, mais si elles ont accès à la maternité de Tivaouane mais moi je pense que si les gens peuvent faire ça à Ndiassane sans difficulté, où est le problème d'aller à Tivaouane ? Je ne vois pas. Il n'y a jamais eu de complication depuis que je connais Ndiassane dans ce contexte-là. Mais en tenant compte de l'évolution comme je l'avais dit, donc il serait normal que Ndiassane ait toutes ces infrastructures-là. Parce que Ndiassane en fait regroupe des gens. Au moment des gàmmu, par exemple, c'est un problème. Donc la jeunesse, le groupement national des sapeurs-pompiers est obligé d'avoir des ambulances, il est obligé d'avoir plus de soixante ou même une compagnie à Ndiassane pour pallier à tout ça. Il y a des postes de santé, il y a les bénévoles comme les croix rouges et autres qui viennent à Ndiassane donc avec ce petit et tout… tout est centralisé sur ce poste de santé-là. Je pense qu'il serait encore normal et même mieux que Ndiassane, bien vrai que ce n'est pas une communauté rurale… c'est quelqu'un qui dépend, qui est de Cheikh Abou Mouhamed, mais quand même qu'on nous mette toutes ces infrastructures-là à Ndiassane. Donc je pense que c'est normal. Actuellement il y a de bonnes idées qui partent parce qu'il y a d'autres qui ont l'idée de mettre des sages-femmes, déjà à l'entrée il y a d'autres, parce que il y a ces daaras qui sont actuellement à Ndiassane, ces daaras modernes. Il y a l'institut islamique qui a été mise [sur pied] par Abou Mounal Zein et tout ça. Et la mosquée qui est en vigueur, qui a un coût, si je ne me trompe pas, de deux milliards dont même un institut et un complexe qui est prévu dans cette mosquée, déjà c'est quelque chose. Ce qui est sûr c'est que d'ici dix ans ou vingt ans Ndiassane ne sera pas reconnu, ça c'est sûr. Donc l'authenticité qu'on voudrait garder sur ce patrimoine va disparaître petit à petit. C'est normal, c'est le monde qui bouge, qui change, il va falloir que tout change. Donc au niveau de la jeunesse, il y a tous ces programmes, toutes ces activités qu'on voudrait faire, faire tourner les jeunes. Parce qu'au fait, quand on a ces jeunes et qu'on parvient à les trouver quoi faire, on aura un moyen de les maintenir dans cette tarikha.
MH : Dans cette tarikha, parce que vous avez peur que des talibés, des jeunes khadres partent ?
Oui, oui. Bon je vais le dire hein, ça il faut qu'on ose le dire, il y a beaucoup de gens qui sont partis, mais je dis qu'ils sont partis parce qu'ils ne connaissent pas.
MH: Qui sont partis vers le Tidianisme ou vers le Mouridisme?
Oui, j'ai vu que en fait …ou bien il y a d'autres qui sont comme ça, qui se disent je suis talibé de Ndiassane et qui ne viennent jamais à Ndiassane. Et j'en ai vu, en toute sincérité, j'en ai vu d'autres qui sont actuellement mourides, j'en ai vu d'autres. Mais en fait tout ça c'est la religion, mais moi en tant que jeune disciple, j'aurais voulu et je prie et je demanderai et je ne cesserai jamais de demander ça, à ce que les gens restent dans cette tarikha.
M. Grosz-Ngaté (MGN): Et maintenant la question que je voudrai vous poser c'est : qu'elle est la fréquence des rencontres ?
Chez nous, au niveau de la jeunesse, il y a des rencontres qui sont faites par mois, il y a des rencontres qui sont faites par trimestre. Donc tout ça, ça rentre dans le cadre de l'animation, ça rentre dans le cadre de la communication. Parce qu'il y a les réunions et les assemblées générales qui se font au niveau du mouvement. Donc les réunions du bureau se tiennent chaque quinzaine. Le CA tient une réunion chaque trois mois. Il y a des tours qui sont faites au niveau des secteurs. Par exemple, il y a des tours de cellule par mois qui se font au chaque siège de chaque cellule. Il y a des tours par trimestre du mouvement, c'est-à-dire que si par exemple c'est la cellule de Dakar qui a un tour d'animation, par exemple le trois février, donc toutes les cellules rallient Dakar ce qui permet aux cellules de se voir chaque trois mois. Mais dans chaque mois, dans chaque cellule, à chaque mois donc tous les membres de ces cellules doivent se voir, sans compter les tours d'animation, les rencontres qui sont faites dans la semaine.
MGN : Ce sont quelles genres de rencontres, les tours ? Où est-ce que les cellules se rencontrent-elles ? Plusieurs cellules se rencontrent-elles, comment ?
Les tours par trimestre, par trois mois ? Bon…
MH: Ou la présence de plusieurs cellules?
On appelle ça les tours d'animation nationale hein. Donc toutes les cellules qui sont dans les autres départements, donc affluent vers la cellule qui organise. Donc chaque cellule dans chaque département, par exemple, organise un tour par trois mois…
MH: Qu'est-ce que vous faites réellement lors de ces tours ?
Lors de ces tours on donne… d'abord il y a les informations à donner, surtout, bon en fait c'est une politique qui a été menée pour voir déjà la capacité de mobilisation de ces éléments. Donc ça nous, ça me permettra à chaque événement de voir quel est le nombre exact de gens que je peux mobiliser, par exemple, si le khalife avait besoin de sortir et qu'il avait besoin que la jeunesse soit derrière lui, automatiquement je sais que je peux fournir trois cents éléments qui seront derrière le khalife. Donc ces tours d'animation nous permettent de voir ça et de donner une fois encore l'information générale et aussi de voir l'état d'esprit et aussi de voir le comportement, de voir et …
MH: Et l'engagement aussi…
Et l'engagement de ces gens-là et de voir aussi leur discipline surtout. Parce que je dis que chaque cellule quand les gens viennent à ces jours-là, il y a la commission d'organisation qui veille sur ces derniers pour voir comment ils agissent …
MH: Est-ce qu'il y a une liste qui est tenue pour veiller à la présence des différents membres?
Oui, les listes se font au niveau des cellules avant qu'un membre ne s'engage. D'abord pour être membre du mouvement, il faut avoir une carte d'adhésion, avoir un badge, d'abord c'est ce qui est primordial. L'engagement d'abord, parce que quand tu n'as pas l'engagement…
MH: Il n'y a pas de critère d'âge?
Non, il y a pas de critère d'âge, on a dit qu'actuellement c'est ouvert à toute couche hein, mais le seul problème c'est que ce sont les jeunes qui vont diriger cette association-là.
MH: Donc vous avez des personnes d'un certain âge?
Effectivement ! On commence à avoir des personnes des vieux, comme par exemple mon père qui est membre d'honneur de cette association comme tout autre membre. Et puis d'ailleurs, ils commencent à adhérer au niveau des vieux, bien vrai qu'eux, ils ont leur association qu'on appelle par exemple ‘kourél2 des Cheikh' ou autres, etc. Ils commencent à s'intéresser à cette association parce qu'ils ont su que maintenant la relève, même si elle n'est pas assurée à cent pour cent, est assurée à soixante-dix. Quand même déjà on a commencé à avoir des jeunes de sept vers quinze ans, là c'est une très bonne pépinière. Et déjà quand on parvient à récupérer d'autres et certains qui étaient dans l'anonymat et d'autres qui avaient peur de dire qu'ils étaient des talibés de Cheikh Abou Mouhamed, parce qu'ils n'avaient rien vu sur la phase extérieure qui pouvait quand même leur permettre…d'avoir une campagne de séduction, on a fait une campagne de séduction.
MH: Ou bien d'être fier.
Voilà c'est ça, parce qu'il y a les organisations. Parce que tout récemment on a organisé une grande conférence au CICES avec la fédération nationale des daaïra khadres sous la houlette de Cheikh Mamadou Diop. Donc, mais le tout, par exemple, de l'organisation a été donné aux jeunes. Parce qu'en fait c'est eux qui ont la matière grise, qui ont cette force d'organiser, donc la mobilisation et tout. Donc tu vois. Les tours nationales nous permettent quand même de voir l'engagement, de voir les éléments qui viennent parce que dans chaque cellule, il y a une liste d'adhérents, on sait que par exemple dans telle cellule il y a tant d'éléments qui sont inscrits à partir de telle date, donc ça nous permet de voir les gens. Bien vrai que si le mouvement fait trois mille personnes, donc il faut le diviser par deux, donc il y a le membre actif, il y a le membre passif, il y a des gens qui ne viennent pas. Bien vrai qu'ils sont des membres mais qui n'ont pas de…
MH: Vous faites, vous…le nombre maintenant est à trois mille ?
Le nombre exact va de deux mille à trois mille. Parce que ça fait bientôt… le dernier trimestre, je n'ai pas fait le recensement pour voir, mais je suis quand même sur ce programme pour voir l'année deux mille six où en sont les adhésions, où en est l'organisation, parce que chaque cellule doit envoyer un rapport d'organisation dans le truc pour qu'on puisse quand même déterminer. On est à Dakar, on ne peut pas voir tout le temps ce qui se passe à Tamba [Tambacounda]. Et on a aussi à aller vers la basse Casamance pour sensibiliser ces gens qui sont déjà au courant de ce dernier… et même si possible continuer ça. Donc c'est un mouvement…
MH: Est-ce que le mouvement s'étend jusqu'au Mali ou bien?
On voudrait mais, dans l'avenir quand même…
MH: Pour le moment c'est au niveau du Sénégal seulement?
Pour l'instant c'est ça. Donc on ne peut pas aller vers le Mali ou le Burkina Faso sans pour autant avoir une base bien fondée, donc à Dakar. Mais dans l'avenir on voudrait quand même remettre tous ces disciples de Cheikh Abou Mouhamed sur le même objectif ce qui facilitera déjà beaucoup de choses comme l'avait dit le professeur concernant NEPAD du président de la république. Donc je pense que ça facilitera la chose. Déjà je pense qu'on a la même culture hein, les ivoiriens et les sénégalais, bambaras, les burkinabais et autres. Ça ne doit pas poser problème et ce ne sont pas les seuls qui sont là, on a les maures aussi, on a des sérères, on a des peules donc il y a toutes ces ethnies-là au niveau de la tarikha. Donc c'est une différence de culture, il va falloir quand même, bien vrai qu'on a notre base de départ qui est…
MH: Un melting pot ethnique …
On a déjà notre tabala qui nous est très cher et qu'on va essayer quand même si on parvient maintenant à chanter en bamanan. Il l'a fait, ce Cheikh Bou Diop, il chante maintenant en bambara, il l'a fait ne serait-ce que pour satisfaire les maliennes qui viennent, il pourra demain chanter en sérère parce que les sérère le font, chanter en malinke comme les socés, chanter en peul pourquoi pas ? Et il y a d'autres langues, Insha'Allah.
MH: Mais quel est le rôle du mouvement dans l'organisation du gàmmu qui semble être la manifestation la plus importante?
Dans l'organisation du gàmmu on travaille en collaboration avec la fédération d'abord. Avec la fédération des daaira. C'est un peu nuancé quand on parle de mouvement et la fédération des daaïra. En fait l'engagement au niveau de la fédération des daaïra, les gens viennent par daaïra. Je suis président de daaïra, je vais aller vers le président national des daaïra pour lui dire que je veux adhérer. Mais tu peux être membre d'un daaïra et membre du mouvement des jeunes…
MH: Mouvement des jeunes?
Effectivement, ça ne gêne rien.
MH: Donc tous les mouvements, les membres du mouvement des jeunes font partie aussi d'autres daaira ?
Font partie des daaïra ! Voilà
MH: Ces daaïra n'ont rien à voir avec les cellules d'animation que vous organisez ?
Absolument rien, par contre le mouvement apporte un grand soutient à ces daaïra. Actuellement le mouvement apporte un grand soutient à ces daaïra. Euh, parce que d'abord on a eu à inculquer certaines idées aux membres de daaïra qui sont membres du mouvement. Les membres des daaïra s'organisent au niveau de leur daaïra et on a commencé à voir que ces organisations viennent …. et d'abord c'est quelque chose et donc c'est tellement important. Le mouvement a aussi rétablit le dialogue entre les jeunes et les vieux, ça on ne le cache pas, le début ça n'allait pas parce que le bambara était carré.
MH: Ils étaient beaucoup plus réticents ?
Réticents, rigoureux ! Donc il croyait que la jeunesse doit venir bien vrai, mais dans quel porte…
MH: Et vilipender leur secret…
MGN : Dans le milieu bambara, il y a les tòn3 des jeunes dans le village, donc cette […] structure qui existe, donc une association comme la vôtre, ça devait rentrer dans le cadre…
MH: … dans le cadre culturelle.
Maintenant, actuellement, Allhamdoulilah. On remercie une fois encore de plus le Seigneur. Donc il n'y a plus ce problème-là. Il y a un moment, si vous avez eu la chance, par exemple d'assister à notre manifestation c'est plus pour les jeunes hein. Donc on cède pratiquement la place aux vieux…
MH: Il y a que le nom qui reste…
Voilà, il y a que le nom qui reste mais je dirai que dans ce contexte, l'objectif est atteint parce que ils sont tous affiliés à cette association qui a été faite d'abord par le khalife général qui était le premier membre, qui était membre d'honneur mais qui était le premier à adhérer à cette association-là. Je me souviens de ce qu'il nous disait. Il regrette, tout ce qu'il regrette dans cette association, c'est qu'on l'a trouvé vieux, il avait quatre-vingt-six ans ou quatre-vingt-quatre ans. Donc il me disait « Ndiaga si vraiment vous m'aviez trouvé à l'âge de soixante ou soixante-dix ans, et que je pourrai prendre mon bandeau ou mon kala4 mettre ça derrière moi pour être devant. Là vous alliez suivre comme des lieutenants, là je serai encore plus fier. Mais malheureusement vous m'avez trouvé cloué sur un lit. Je n'ai plus le temps. Le temps que j'ai, je donne ça à Allah le Tout Puissant, je me concentre sur ce que le Prophète Mouhamed (Salalaou Alleyhi Wasalam) dit pour pouvoir gérer les familles, ceux qui sont là de même que ceux qui ne sont pas là. Mais maintenant pour aller sur le terrain, c'est ce qui me fait défaut. Mais partez, je suis devant et je suis derrière. » Donc ça c'est déjà…
MH: Vous avez eu sa permission et sa bénédiction.
Et voilà et c'est ce qu'a renouvelé El hadji Mame Bou Mamadou qui était d'abord, en ce moment-là, chef de village qui avait un œil particulier sur cette association. Donc et on l'a prouvé encore une fois devant lui comment on s'organise…
MH: Donc, maintenant quand vous allez vers les …
Maintenant en matière de gàmmu, en matière de gàmmu je disais qu'on travaille en parfaite collaboration avec la fédération. Comment ? Le gros du lot, maintenant nous revient. Parce qu'au temps il y avait les vieux qui prenaient leurs fils ou leurs hommes ou certains des éléments de leur daaïra qui étaient à l'écoute de ces derniers pour les amener à Ndiassane pour faire la tente, pour faire l'organisation. Je trouvais que ce n'était pas normal. Un vieux comme Moussa Cissokho, il remplit une tâche énorme, il est merveilleux. Je le dis encore, c'est un vieux extraordinaire, donc qui fait un travail et qui a longtemps fait ce travail remarquable depuis le temps de Cheikh Sidi Lamine. Mais en allant à Ndiassane souvent il avait des difficultés. Il prenait son fils, son neveu, un élément de son daaïra. Et donc dans chaque daaïra, s'ils sont quatre ou cinq qui sont d'accord sur ça finalement tu te retrouves avec quinze bonhommes pour aller à Ndiassane travailler une semaine au minimum avant et une semaine après. Parce qu'il va falloir faire la tente, monter les chaises, tu vois, débâcher et remettre ça. Donc là, c'est un travail vraiment pénible. Et un jeune de cet âge vraiment je pense que n'est plus en mesure de faire ça…
MH: Un vieux plutôt …
Et maintenant… un vieux d'accord ! Et maintenant, nous, à notre niveau qu'est-ce qu'on fait ? On vient en support, en appoint à ce dernier. Comme le gàmmu passé, on a eu à amener trente-cinq jeunes, pour aller faire ce travail avec lui, sans compter les jeunes qu'ils avaient déjà pris. Et ces trente-cinq jeunes, sont nourris pendant tous ces jours de la caisse du mouvement, donc des fonds que nous avons. On ne les fatigue pas trop sur ces cadres-là, mais ces jeunes doivent aller travailler hein. Donc on collecte au niveau de ces cellules. C'est un peu difficile parce que quand tu as des élèves, quand tu as des enseignants, donc tu vas prendre qui ? Là il va falloir avoir des gens de très bonne volonté pour faire ça. Donc d'abord il y a ça, on vient en appoint par exemple sur ce cadre à Cheikh Moussa Cissokho qui a [en charge] l'organisation, donc qui a le devoir de faire la tente, d'aller régler les bâches, d'aller régler les tubes, d'aller régler des chaises. Donc quand on met deux jeunes derrière lui qui suivent, demain ils pourront assurer la relève. Je disais tantôt que la relève est assurée. Donc déjà il y a cette phase d'organisation là. Deuxièmement, on a essayé d'élargir ça, d'entrer en contact avec les services qui viennent. Donc au temps, les gens, comme en réunion, les services disaient… comme le CNSP et d'autres qui disaient souvent qu'ils ne sont pas très bien vus, c'est parce qu'il y avait pas une communication parfaite. Les vieux n'avaient pas le temps d'aller vers ces derniers. Maintenant au niveau de la Croix Rouge par exemple, nous à chaque organisation, on fait des commissions. On a une commission tente, on a une commission de santé, on a une commission par exemple hydraulique, on a une commission de sécurité, qui veille sur la sécurité du khalife pendant la ziaara des talibés. Au temps, le khalife était là les gens venaient et donc chaque talibé se sentait plus proche du khalife le jour-là, surtout quand tu as des disciples derrière, il va falloir que ce dernier montre que le khalife me connaît. Mais maintenant on a essayé avec cette commission de sécurité de réglementer et de discipliner les ziaara qui se font au niveau des gàmmu. Pratiquement il y a une grande influence, on n'a pas le temps de donner à chacun une heure ou deux heures de temps pour venir voir le khalife. On essaye d'organiser, donc avec le peu de temps qu'on a, les daaïra font cinq, dix minutes ou quinze et sortent. Donc on a organisé tout ça. Ça, on appelle ça la commission de sécurité. Il y a des gens qui sont au niveau du khalife du matin au soir. Leur boulot au niveau de la jeunesse c'est ça. Donc pour la commission d'hydraulique maintenant, avec la SDE, on a des jeunes qui vont avec ces camions citernes qui donnent de l'eau pour leur montrer les maisons où il n'y a pas d'eau. Parce que les points d'eau, il n'y en pas partout à Ndiassane. D'abord le début c'était trois points d'eau, quatre, maintenant le gàmmu passé on a seize points d'eau.
MH: Seize?
Seize, je dis que c'est extraordinaire. Donc il y a ces seize points d'eau, il y a environ huit camions citerne d'eau qui viennent en appoint. Maintenant on met des jeunes en rapport avec le responsable de l'hydraulique qui montre là où il y a les points d'eau et où les gens ont besoin d'eau. Par exemple, au temps les gens venaient, tout le monde était derrière le camion-citerne pour demander, tu viens vers moi, donc la jeunesse est chargée de ça. Il y a la commission restauration qui a un double rôle d'ailleurs, parce qu'il y a la restauration de la jeunesse, parce qu'il y a des jeunes qui sont dans l'organisation, il va falloir que la commission de la restauration veille sur ces derniers, qu'ils puissent manger. Et aussi, dans chaque gàmmu, le khalife général donne à certaines familles d'érudits des plats. Donc c'est cette commission restauration qui travaille avec la famille du khalife pour amener tous ces plats. Donc veiller sur les autres corps de services, s'ils ont mangé, par exemple il y a la SENELEC, il y a la SDE…
MH: Les agents qui sont détachés.
Oui, il y a les sapeurs, il y a la gendarmerie, mais néanmoins la gendarmerie on ne met pas notre main là-dessus trop parce que le khalife leur donne de quoi faire leur popote. Donc à part les deux premiers jours où la brigade de Tivaouane et certains renforts de Thiès viennent, la jeunesse se charge de leur petit-déjeuner, de leur manger jusqu'au jour du gàmmu où il y a le grand renfort qui quitte, qui vient et là. Le grand khalife leur donne leur tout. Et si le renfort de Dakar, par exemple rentre, on est obligé de rester avec la brigade de Tivaouane et de Thiès. Il va falloir les alimenter et là c'est la jeunesse qui s'en charge encore, avec l'aide du khalife générale. Parce qu'en fait on n'a pas trop de fonds. Mais si demain Dieu nous donne toutes ces possibilités-là, on va s'en charger Insha Allah.
MH: Mais est-ce que les membres cotisent mensuellement ou bien?
Oui, il y a des cotisations des membres qui se font chaque mois. C'est une cotisation de deux cents franc par mois. Donc on ne voudrait pas… d'abord c'était mille francs parce qu'il y avait pas assez de membres, on a vu que quand tu dis mille francs ça pose problème. Maintenant on va vers deux cents francs. Je pense que c'est mieux d'avoir deux cents francs avec la situation actuelle du Sénégal. C'est mieux d'avoir deux cents francs, tous les mois que de donner chaque deux mois mille francs. Maintenant, et quand cela a commencé à poser problème, on a fait des cotisations par cellule. Donc on a dit que chaque cellule maintenant, ça dépend du nombre d'élément que tu as. Ça c'est un problème, si tu as deux, tu as trente ou quarante, ou cinquante mais tu donnes dix mille francs par cellules maintenant. On a dix cellules qui fonctionnent ce qui fait cent mille francs le mois qui doit faire un million dans les dix mois, c'est ce qui nous permet quand même d'avoir, avec la vente des cartes de membres… Donc dans l'organisation du gàmmu c'est ça. Et le jour-j aussi on veille surtout, un peu avec les autorités administratives qui viennent. On a à faire l'installation, donc c'est une commission qu'on appelle ‘accueil installation', l'installation dans les tentes, diriger les talibés vers leur secteur, diriger les autorités, dire au khalife générale « maintenant tu te mets là », on a comme un chef de protocole qui organise. Donc l'autre commission est là, on gère le timing aussi en fonction de ça, on gère les ziaara, on gère aussi la sortie du khalife générale. Parce qu'il y a aussi l'escorte du khalife générale qui revêt une importance capitale. On a vu que c'est un marketing, parce que le premier jour où on l'a fait, j'ai vu des vieux qui ont pleuré. Parce que le premier jour il y avait même des Kounta, des fils du khalife qui ont courus derrière le véhicule du khalife générale. Il y a un vieux qui a pleuré qui m'a dit ça, ça fait un bon bout de temps qu'il ne l'avait pas vu à Ndiassane. Il l'avait vu au temps de Cheikh Sidi Lamine, parce qu'il avait son Jeep là. Il y avait un vieux comme mon vieux, par exemple un vieux comme Cheikh Moussa qui était devant pour courir, c'était de sonner l'alerte, pour dire « quitter, le khalife vient ». Donc nous, on a essayé d'organiser d'une manière extraordinaire. On fait des cordons de sécurité, donc il y a le khalife entre les jeunes, les gens le suivent avec leur hymne, avec « l'hymne national de Ndiassane » : Soubhaana Allah, Walhamdouli Allah. Un chant extraordinaire qu'on a l'habitude de faire pour amener le khalife dans la tente et pour le ramener aussi.
MH: Donc à part …
MGN: J'ai deux questions, en ce qui concerne les femmes, est ce qu'il y a les femmes aussi dans le mouvement, ou sinon qu'est-ce que vous faites pour animer les femmes?
MH: Je reprends ça pour le micro.
MGN: Pardon !
MH: Ou bien c'est bon, je rends pour le micro?
MGN: Oui, Oui !
MH: Est-ce qu'il y a des femmes, tu veux savoir s'il y a des femmes dans le mouvement, s'il y a n'a pas, qu'est ce qui est prévu pour les femmes ?
MGN: Oui, Oui !
Il y a des femmes dans les mouvements et je dirai même que les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Encore une fois chapeau aux femmes et je, je ne maîtrise pas cette donnée-là, pourquoi les femmes sont plus nombreux (rires). Elles sont engagées. Quand elles s'engagent, elles sont vraiment engagées. D'accord, effectivement en toute sincérité elles sont très engagées, c'est des femmes dévouées d'ailleurs, extraordinaires. Vraiment je ne cesserai jamais de tirer le chapeau à ces dernières. Bizarrement, même s'il y a des cotisations à faire, je vois que souvent les femmes sont devant. Ça c'est les réalités du pays, c'est bizarre. Je ne parviens [pas à comprendre]. Mais au niveau des femmes aussi elles ont un travail remarquable. Parce que d'abord c'est elles qui font la cuisine, elles préparent hein, c'est des femmes qui préparent, c'est les femmes qui balaient, c'est les femmes qui nettoient. Et au niveau des femmes aussi, au niveau des khalifes généraux, c'est des femmes qui organisent. Je ne sais pas si je me suis fait comprendre. Par exemple s'il y a des cérémonies, au niveau des femmes c'est les femmes qui organisent, au niveau des hommes c'est les hommes qui organisent.
MH: Chez le khalife!
Dans la tarikha d'ailleurs.
MH: Donc les femmes vont vers les femmes?
Voilà les hommes vont vers les hommes, mais tu es obligé souvent même d'appeler les femmes parce que tu as peu d'hommes par rapport à ces femmes-là. Et les femmes donc font les travaux ménagers comme d'habitude mais qui ont un travail à faire dans l'organisation. Par exemple, dans l'organisation des gàmmu, ce sont les femmes qui nettoient d'abord la place publique où on fait les… Bien vrai qu'il y aura les hommes avec leur charrette et tout, mais le grand du nettoiement est fait par les femmes. Donc elles ont un travail. Et aussi les femmes aussi dirigent des chants, et on les apprend à chanter, on les apprend d'abord la religion comme toute bonne association musulmane. Et c'est des femmes qui chantent, je pense que madame Haïdara a une vision sur ça. Elle voit, je pense qu'elle a vu comment chantent les femmes, et même des femmes qui chantent mieux. Actuellement il y a une grande dame qui est à Rufisque et qui tape le tambour major.
MH: Le grand tabala.
Le grand tabala, ça pose problème, mais vraiment je peux dire que les femmes font tout ce que font les hommes. D'abord on a pratiquement les mêmes tâches, on a les mêmes engagements et tout ça.
MGN: Et s'il y a des réunions de cellules est-ce que les femmes et les hommes se réunissent en même temps ou est-ce que les femmes ont leur réunion à part ?
MH: Lors des cellules est-ce que les femmes et les hommes sont ensemble ? Ou bien on les reçoit, ou elles sont séparées?
Non, chez nous il y a n'a pas ce problème-là. Dans la constitution des cellules ou même des bureaux, quand tu vas dans le BEN les femmes sont dans le bureau hein.
MH: Donc lors des réunions, est-ce qu'il y a d'une part le groupe des femmes… ?
Non, la réunion se fait… on est ensemble…
MH: Tout le monde est ensemble.
On est ensemble, la réunion c'est dans la constitution du bureau hein, donc il y a le président, le vice-président d'ailleurs, la deuxième vice-présidente c'est une femme. C'est normal, la trésorerie aussi va à la femme. Non, il y a une femme qui est adjointe au trésorier, il y a une femme présidente de commission d'organisation, donc il y a tout ça. Il y a une femme présidente de cellule d'ailleurs. Donc on a les mêmes prérogatives, malheureusement elles ont un handicap, on a nos femmes qui se marient trop vite.
MH: (Rires) Et même mariées, elles ne restent pas dans le mouvement ?
Donc là ça va dépendre de son mari.
MH: Parce que si elle se marie à un homme d'une autre tarikha…
Non, non, on en a ! Même samedi, on célèbre déjà un mariage, quelqu'une qui sera marié à un Tidiane. Maintenant…
MH: Elle risque d'être Tidiane?
Bon là, elle va en discuter avec son mari. Mais souvent on perd les cinq pour cent de ces femmes. Tu sais, une fois que tu es marié, il y a beaucoup de responsabilités qui diminuent. Donc tu ne pourras pas travailler…
MH: Il y a une autre tradition aussi qui disait qu'il faut prendre le chemin …
Suivi par le mari.
MH: …suivi par le mari parce que quand le mari est Tidiane, on demande à la femme d'être Tidiane, je ne sais pas, etc. Il y a des femmes qui appliquent ça, d'autres qui n'appliquent pas, mais quelque part…
Il y a des femmes, par exemple, il y a une femme qui s'appelle Ndèye Diop, je l'appelle ‘lalaye', elle est mariée à un Layène5 mais souvent elle est dans les grandes manifestations. Elle était déjà trésorière à Rufisque, donc elle n'a plus le temps de gérer la caisse, elle est obligée de [la] remettre. Mais dans les grandes manifestations annuelles, les deux au minimum ou les trois, elle est sur place. Donc tu vois là, ça c'est l'handicap des femmes. Bon !
MH: Avec la maternité et d'autres responsabilités, elles sont moins disponibles.
C'est ce qui fait que souvent on ne les met pas au premier plan parce que le jour où tu auras besoin d'elles ça va poser problème. Mais pour l'instant elles font un travail remarquable, elles sont plus nombreuses aussi, même activement elles sont plus nombreuses que, que les hommes.
MH: En dehors du gàmmu, y a-t-il d'autres manifestations pour lesquelles vous vous rendez à Ndiassane ?
Oui ! En dehors du gàmmu… En fait Ndiassane a trois événements majeurs je crois, trois grands événements. Il y a le gàmmu Ndiassane6 qui célèbre la naissance du Prophéte Mouhamed (Salalahou Aleyhi Wasalam). Ndiassane baptise.
MH: Oui.
Donc, il y a la ziaara annuelle de Cheikh Abou Mouhamed, qui se passe…
MH: ‘Goudi Cheikh Bou'
‘Goudi Cheikh Bou7' qui se passe qui se passe au quinzième jour du mois de Shahbaan. On l'appelle ‘nuit de Shahbaan' qui est la nuit de Cheikh Bou Mouhamed. Et il y a le gàmmu annuel de Ndankh.
MH: Et qui correspond à quoi exactement ? A la mort de Cheikh Bou ou bien ?
Oui ! Oui ! Bon la nuit du Cheikh Abou Mouhamed qui est le quinzième jour du mois de Shahbaan correspond effectivement à la disparition de Cheikh Abou Mouhamed. Donc c'est à ce jour que Cheikh Abou Mouhamed est mort. Mais aussi ça correspond au jour où le Prophéte Mouhamed (Salalahou Alleyhi Wasalam) avait reçu l'instruction de prier maintenant vers la Kaaba. Donc qui est un double événement déjà à Ndiassane. Et sinon, il y a le gàmmu de Ndankh qui se fête annuellement à Ndankh, là où il y a le père fondateur des Kounta Cheikh Bounama qui est disparu en dix-huit cent quarante. Donc ça, ce sont les trois grands événements de la famille.
MH: Et ce gàmmu de Ndankh correspond à quoi exactement, qu'est-ce qu'on célèbre ?
Bon ce gàmmu de Ndankh, d'abord c'était comme ‘Goudi Cheikh Bou'. Les gens prenaient cette date pour prier pour Cheikh Al Bounama. Mais en cette période tous les talibés convergeaient vers Ndankh. Maintenant la date change hein, parce qu'actuellement je pense que les gens doivent le faire le 03 mars. Donc maintenant les gens ne tiennent plus compte de cette date, mais c'est une journée de prière qui est faite en l'honneur de Cheikh…
MH: Et les talibés rallient Ndankh.
Les talibés ralliaient Ndankh en ce moment. Donc c'est les trois événements majeurs de la famille. Sinon il y a des gàmmu par, par secteur. Par exemple à Thiariack, là où Cheikh Abou Mouhamed a fondé, à créer du moins, le village de Thiariack qui est vers Ndoffane. Il y a sa famille déjà qui y va vers le 10 février, donc c'est des gàmmu aussi [pendant lesquels] la jeunesse a sa touche à mettre. Donc comme Latmingué, le village de Cheikh Sidi Yakhya, Kamatane va, j'espère dans peu de temps, reprendre son lustre d'antan parce qu'il y a leur petit fils qui est actuellement khalife générale, donc il y a tout ça. Et il y a les gàmmu des cheikhs, des jeunes et des petits-fils aussi du khalife. Sinon l'événement de la jeunesse… donc nous, on a deux grands événements dans l'année aussi, parce qu'aussi les événements on les fait en fonction des animations de la maison. Donc on a deux grands événements à faire : d'abord notre ‘ziara wérou koor'8, on l'appelle ‘ziaara'. On a choisi un jour dans le mois de Ramadan pour aller rendre visite à notre khalife général. On a fait quelque chose qui n'a jamais existé dans cette famille. On vient à Ndiassane, on quitte Ndiassane on va à Ndankh dans le même jour. Donc on vient à Ndiassane voir le khalife général, donc lui rendre visite, faire notre ziaara du mois de ramadan. Chaque talibé amène le peu qu'il a. Tu amènes ce que tu as en sucre. On amène aussi, pour aider le khalife général dans sa tâche, parce que lui il se donne souvent le devoir d'aider les gens qui n'ont rien à Ndiassane et aux alentours, du sucre, du riz, du mil. Donc nous, avec le peu qu'on a, bien vrai que certes on ne donne pas la zakat parce qu'on ne l'a pas, donc on regroupe le peu qu'on a pour donner ça au khalife qui donnera aux autres, donc là déjà on aide les gens dans ce contexte-là. Et le même jour on fait une ziaara à Ndiassane, on fait une ziaara à Ndankh. Et notre deuxième événement c'est notre événement qui marque par exemple la fin de chaque année. Donc par exemple, au temps on faisait chaque 30 et 31 décembre, ça fait deux ans. Chaque 30 et 31 décembre, on va à Ndiassane pour organiser une grande manifestation qui magnifie donc la fin de cette année. Donc au lieu de laisser les jeunes, donc on a préféré…
MH: Aller danser dans les boîtes de nuit…
Donc on les récupère à Ndiassane. Là donc c'est notre grand événement, donc qui marque la fin de l'année chez nous. Cette fois-ci on ne l'a pas fait, parce que le 30 et 31 décembre c'est la Tabaski. Mais on projette de le faire sous une autre manière, on a décidé d'ailleurs même d'organiser un week-end culturel cette année-ci pour magnifier aussi le travail qui a été fait pendant plus d'un an et de faire un bilan aussi, de voir ce qui n'a pas marché, ce qui a marché, ce qu'il faut améliorer et ce qu'il ne faut pas donc améliorer. Sinon aussi d'organiser d'autres événements parce qu'actuellement si quelqu'un a un gàmmu…
MH: De préparer les autres événements…
Sinon aussi, si quelqu'un a un gàmmu, il préfère nous donner l'organisation totale de ce gàmmu.
MH: Donc vous êtes les spécialistes?
Oui vraiment, déc
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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The Movement Of Young Qadiris In SenegalCreator: Koné, Makhtar Ndiaga
Toba Diagne Haidara
Grosz-Ngaté, Maria
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Grosz-Ngaté, Maria
Contributing Institutions: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Contributor: Gana Ndiaye
Description: Mr. Koné is the descendent of a family with spiritual ties to both Ndiassane and Ndankh. The interview focuses on his experience as a founding member of the Mouvement des Jeunes Khadres (MJK), established in 1997 with the goal of educating Qadiri youth about the Kounta family. The khalif approved their plan in 1998 and the organization gained legal status as a civil society organization in 2002. They created cells as the organization grew and provided cell leaders with necessary information and training. Women constitute a significant part of the membership and are generally more active than men, although many leave the organization once they get married. In addition to organizing regular religious ceremonies, the MJK provide financial and organizational support at major religious events in Ndiassane and in Ndankh. MJK members are recognizable at events by their light blue tunics with the logo of a camel on the back.
Interview conducted in French by Toba Diagne Haidara and Maria Grosz-Ngate. Transcribed by Gana Ndiaye.
Date: January 10, 2007
Date Range: 2000-2009
Location: Dakar, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: French
Rights Management: For educational use only.
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté