Traduit par M. Adrien Pouille
Makodou Diop, l’une des épouses de Cheikh Bou Naama, faisait partie de la famille aristocratique wolof Kuli Kodu du Guet
, un des lignages dont furent issus les rois (
damels) du Cayor (Haïdara, 1985). Elle donna naissance à Abou Mouhammed ben Abou Naama Kounta en 1840, six mois après la mort de son mari. Plus connu sous le nom de « Bou » Kounta, l’enfant grandit à Ndankh sous la tutelle de son frère aîné Bekkaï. Ce denier n’envoya pas le jeune Bou subir une éducation coranique en Mauritanie même si lui et certains de ses jeunes frères avaient été envoyé là-bas du vivant de leur père. Bou Kounta quitta la maison familiale et entama un périple qui dura vingt-cinq ans. Il se rendit chez les rois de la Sénégambie et Mauritanie pour présenter ses hommages aux autorités politiques et religieuses de la région. Plus tard, il se joignit à des caravanes commerciales et finit par créer son propre commerce passant plusieurs années dans l’important entrepôt britannique Bathurst (aujourd’hui Banjoul) en Gambie. Après avoir tenté plusieurs fois de s’établir dans différents villages du Cayor sans succès, Bou Kounta reçut un terrain
du roi (
damel) Samba Laobé en 1883 et le fit immatriculer auprès de l’administration coloniale. Son village faisait partie de l’agglomération de Ndiassane et était appelé Keur Bou Kounta (la place, ou maison, de Bou Kounta) au début. D’après la tradition orale, il fit jaillir un ruisseau d’une roche tout près du village. La nouvelle source d’eau fut appelée les
séanes de Ndiassane et facilita la pratique de l’agriculture sur cette superficie qui était auparavant aride.