Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20150619_IFallATardif
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Entretien: Ismaïla Fall et Anna Tardiff, Mbour, le 19 Juin 2015
Daouda Faye: On commence, bonjour. Aujourd'hui nous recevons des invités en ce qui concerne le projet dynamique contemporain de la Tarikha Kountiou de Mame Bou. Les invités, pouvez-vous vous présenter ?
Anna Tardiff (AT): Je m'appelle Anna Tardiff, je suis fondatrice de l'Association des Racines des Hommes basée à Vichy dans le centre de France, dans le 03, et j'ai créé un partenariat avec le Collège de Ndiassane à la demande du maire de Dénedikor qui habitait le weekend à Ndiassane et qui nous a parlé de ce Collége où il y avait vraiment peu de chose. Donc l'association est venue découvrir le Collège ainsi que son Principal Monsieur Kalidou Sow et nous avons fait des projets ensemble.
Ismaïla Fall (IF): Bonjour, Moi c'est Ismaïla, je suis le responsable des Racines et des Hommes Sénégal, donc le coordonnateur. Et c'est moi qui gère tout ce qui est partenariat Ndiassane et autres.
Ismaïla, depuis quand êtes-vous Président de l'Association des Racines et des Hommes Sénégal ?
IF: Vice-Président.
Oui, Vice-Président.
IF: Je suis Vice-Président, il y a à peu près deux ans, sinon j'étais membre actif de l'association.
Comment est-ce que vous avez obtenu ce poste ?
IF: J'ai mes partenariats, ce que des Racines et des Hommes faisaient au Sénégal, et je me suis initié aussi en tant que Sénégalais pour aider le partenariat à mieux se développer au Sénégal.
Une question pour Anna. Quelle est l'origine et l'objectif de cette organisation?
AT: L'origine c'est Monsieur Sidi Lamine Kounta qui est venu à Dénedikor pour me rencontrer lors d'un séjour puisqu'à l'époque je n'habitais pas le Sénégal et qui m'a proposé d'aller visiter le Collège et de faire le listing des besoins. Bon, qui était important puisque c'était vraiment le début du Collège. Donc le premier Principal Monsieur Sy, Monsieur Ly je ne me rappelle plus exactement des deux noms, est resté une année. Et ensuite nous avons été partenaire avec Monsieur Kalidou Sow. Donc dans l'organisation on a commencé par faire un puits puisque les enfants n'avaient pas d'eau, donc ils allaient dans les familles voisines chercher de l'eau, ou ils amenaient de l'eau, ou ils restaient sans boire. Donc on a fait creuser. On pas eu de puits à faire creuser, mais on a fait faire une adduction d'eau qui coutait assez chère. C'est pourquoi le Collège ne pouvait pas le faire par lui-même. On a fait un coffrage avec une grille et un cadenas pour que l'eau qui va être payée, enfin les factures sont payées par le Collège, donc comme le Collège a déjà peu d'argent, il n'était pas question que tout le village vient se servir. C'est pour ça que pendant les vacances, les weekends là, on va dire que la trappe pouvant accéder aux robinets était fermée. Voilà, donc on a commencé par l'eau.
Ensuite, on a, il fallait, pour qu'on soit autorisé à faire une cantine, il fallait un bâtiment donc là j'ai trouvé des partenaires c'était des étudiants Clairmont Forains, donc soixante-trois (63) qui ont financé le bâtiment qui sert de cantine, obligatoire pour préparer les repas. Ensuite, alors dès le départ, il y a eu un partenariat avec une école catholique de Moulin, Madame Aurélie Servagin. Donc eux aussi faisaient des manifestations pour avoir l'argent. Donc Aurélie est venue avec un couple d'ami, son mari et le fils de ce couple. Donc elle a fait un cours en classe de troisième pour montrer comment était, comment ça se passait en France, un cours. Donc, comme elle a vu que ça plaisait beaucoup aux élèves et beaucoup aux professeurs. Elle a proposé, en rentrant, à ses élèves de continuer des manifestations, des activités pour récolter de l'argent pour acheter une photocopieuse. Donc l'année d'après avec Ismaïl et l'argent on est allé à Dakar acheter la photocopieuse et la livrer donc au Collège pour que les cours, les élèves ne pourront pas avoir assez d'argent pour acheter leur manuel scolaire. Donc chaque élève pouvait avoir une photocopie du cours ce qui permettait au professeur de pouvoir être plus interactifs avec ses élèves. Voilà, qu'est-ce qu'on a fait d'autre. Bien sûr, il y avait toujours un partenariat important au niveau épistolaire. Et il y a eu avec l'Association des Racines et des Hommes la mise en place qui nous avez été demandée, c'est la mise en place de parrainage puisque beaucoup d'enfants au Collège, donc l'inscription est à six mille (6000) et donc ça fait beaucoup pour les parents et donc beaucoup ne pouvaient pas payer leur inscription. Donc on a parrainé des enfants puisque ça consistait à financer le …, c'était cinquante (50) euro par mois pour chaque enfant, pardon non, non, par an.
Voilà ce qui payait l'inscription, ce qui payait quelques cahiers, quelques crayons et la cantine. Donc en début d'année avec Ismaïla, on allait verser sur le compte du Collège l'argent pour l'année pour la cantine et l'argent des inscriptions des enfants parrainés. Donc pour trouver des parrains et marraines en France, bon, on a fait des conférences, on a fait, on a passé des films pour faire voir Ndiassane pour expliquer un tout petit peu comment ça se passait. Donc là on a eu quand même, oui on a commencé, on avait quand même une trentaine de parrainés. C'est-à-dire le contrat avec les parrains et marraines c'était eux ils donnent les cinquante (50) euro par an et en échange l'élève envoie ses notes, enfin deux fois par an, envoie ses notes et une petite lettre, enfin un ou deux courriers pour donner de ses nouvelles.
Voilà, autrement il y a eu aussi toujours avec l'école, l'école s'appelle Saint Benoît. Donc à Moulin, il y a eu, enfin là c'était en 2009. Donc en 2011 on a eu un professeur d'EPS et qui est aussi prof de judo qui est venu à Ndiassane. Donc cette année-là Madame Servagin n'est pas venu. Et donc il était venu avec plusieurs jeunes de Saint Benoît qui ont fait des manifestations ensemble, donc des danses, des chants. Voilà et puis des échanges, ils ont eu aussi des moments pour partager entre jeunes, des moments d'amitié, d'échange. Et en 2010, l'évêque de Moulin m'a demandé, parce qu'il devait venir voir ses collègues de Dakar, m'a demandé d'organiser une rencontre avec le Khalife de Ndiassane parce que les parents d'élève qui avaient participé largement à financer toutes ces actions ont demandé à l'évêque d'aller voir comment avez été utilisé leur argent, faire des photos, rencontrer voilà les profs, élèves, administration du Collége de Ndiassane. Et donc en 2010, l'évêque est venu et y a eu une rencontre avec le Khalife Général des Khadres et donc avec Ismaïla nous avons participé à cette rencontre. Et ce que je peux dire, c'est que c'est une rencontre où aussi bien l'évêque qui est un monsieur simple et le Khalife Général, qui est aussi un monsieur simple, c'est-à-dire vraiment des personnes, je pense, de grandes qualités. Et ils ont échangé devant l'assemblée qui était là et c'était extrêmement émouvant. C'est vrai que souvent on avait un peu les larmes à l'œil parce que c'était très, très émouvant. Vraiment pour moi c'était un grand bonheur d'avoir été choisie pour organiser la rencontre de l'Islam et de la Chrétienté. Ensuite, ils ont été reçu au Collège et c'est là où tous les jeunes vont aussi bien, bien sûr, comme d'habitude, bien accueilli parce qu'il faut savoir qu'à Ndiassane on est toujours bien accueilli.
Donc c'est vrai que c'est bien de le préciser. Voilà on pourrait dire dans les grandes lignes ce qu'on a fait à Ndiassane. Et puis y a un lien d'amitié, d'affection on va dire qui nous lie. Par exemple, bien que Monsieur Kalidou Sow ne soit plus à Ndiassane, que moi je ne représente plus l'Association des Racines et des Hommes, je reçois tous les ans ou deux fois par an un mot de monsieur Sow. Voilà on a créé des liens qui se perpétuent quoi. Voilà ce que je pourrai dire sur ce qu'on a fait en gros, dans les grandes lignes.
Ismaïla, quelles sont vos responsabilités en tant que coordonnateur?
IF: Mes responsabilités c'est de bien suivre le planning de l'Association et chaque année c'est moi qui fais le parrainage qui récupère l'argent, qui achète, qui mets en place, qui prend les photos, les lettres de remercîment et de regarder tous les besoins de suivre le cahier de charge de l'association, je suis le responsable local ici.
Comment s'effectue maintenant le choix des filleuls?
IF: Le choix des filleuls s'effectue au Collège. C'est le responsable Gaye et le principal qui ont une liste d'attente des enfants qui sont dans des besoins. Et nous, à chaque fois qu'on a un nouveau parrain ou une nouvelle marraine c'est à eux de nous dire quel est l'enfant qui ait plus de besoins et qui puisse bénéficier de ce parrainage.
Donc y a-t-il des critères à remplir pour être parrainé?
IF: Pour être parrainé, c'est à dire l'enfant doit être dans les besoins financiers.
AT: C'est pour aider les enfants qui ne pourraient pas aller au Collège.
IF: Au collège…
AT: Donc c'est dans les familles qui ont des soucis financiers. Il faut aussi dire qu'il y a beaucoup d'orphelins de père, d'orphelins de mère, orphelins des deux. Au départ ces enfants avaient priorité. Ils étaient élevés chez les tontons, les tatas comme ça se fait au pays, mais c'est vrai que c'est une charge supplémentaire pour la famille et c'est à ce moment là où on pouvait intervenir. Et il faut quand même aussi que l'élève ait un minimum de motivation pour travailler. Parce que cela ne sert à rien de financer une année scolaire si c'est pour que l'élève ne travaille pas.
Une question que je laisse chacun de vous décider d'apporter une réponse. Quelle est le niveau d'aide que vous postez à Ndiassane, par rapport à d'autres villes ou bien villages?
IF: Eeh, numéro un, je pense que c'est Ndiassane. On a le Collège qui est tout juste en face de nous, Somone. Je peux vous dire que Ndiassane a, des Racines et des Hommes travaillent plus à Ndiassane que d'autres collèges et écoles primaires.
Qu'est-ce qui fait la particularité de Ndiassane par rapport aux autres?
IF: C'est que tout est transparent.
AT: Oui, je crois qu'à Ndiassane, bon, déjà c'est l'amitié qui nous lie dès le départ, c'est la transparence au niveau des comptes, c'est la chaleur des responsables et des élèves quand on va les voir, hein, de leur accueil. C'est aussi, je pense que, enfin moins, quand j'étais plus active en ce moment-là. C'était aussi la bénédiction du Khalife pour tout ce qu'on faisait, absolument tout ce qu'on faisait, comme action par exemple on arrivait, on amenait des parrainages, le Khalife envoie quelqu'un pour bénir ce projet-là. On fait la pareille quand on remet la photocopieuse ou quel que soit le matériel qu'on fait. En plus du côté financier, du côté partenariat, le plus, moi je trouve que le plus était cette bénédiction. Et je pense que comme c'est un village, on va dire religieux, maraboutique, les enfants ont une éducation que personnellement, moi, je n'ai pas trouvé ailleurs. Ce qui fait que aussi c'est une éducation qui correspondait plus à notre culture et c'était vraiment très appréciable quoi. Alors qu'ailleurs on est obligé de faire des menaces pour avoir une lettre de remerciement, là ça n'arrive pas.
Donc, il y a un défi particulier, quoi, à Ndiassane?
AT : Bien, il y a une éducation normale, moi je dirai, qu'on ne trouve pas forcément par exemple sur la Petite Côte.
Donc quelle est la perception de la population locale par exemple, par rapport à votre programme?
AT: Bien la perception de la population locale, bon la population locale, on voyait les parents d'élève, les élèves, les parents d'élève et les autorités du village, par exemple, le chef de poste de santé, les... Moi je pense que, pour nous dans l'expérience c'est la transparence et c'est aussi l'accueil et la chaleur de la relation. Moi je ne sais pas ce que tu en pense Ismaïla ?
IF: Oui, c'est ça. Et à chaque fois qu'on arrive là-bas comme je dis. Et le travail aussi que Kalidou a fait, aussi c'est remarquable.
AT: Le travail de ce principal est remarquable.
IF: Parce que lorsqu'il quittait Ndiassane pour aller à Fandéne, on l'a même suivi à Fandéne. Parce qu'il est parti, il nous a fait un document comme ça pour nous faire l'inventaire de l'école qu'il a multiplié en trois, pour nous, pour l'école et l'autre pour l'IDEN de Thiès, c'est ça, ou de Tivaoune, je ne sais plus. Et ça aussi, ça nous a beaucoup, beaucoup motivé, ça nous a beaucoup ouvert les yeux, marqué. Dire que ce Collège quand même il mérite. Et tout ce qu'on fait, on ne dira pas que c'est assez quoi, on essayera toujours de continuer parce qu'on sait qu'il y a toujours une forte mobilisation, une forte solidarité derrière, avec les profs, tout derrière pour continuer le projet.
AT: Hum, par exemple là j'ai une revue faite par l'école de Saint Benoît. Et dans cette revue, il y a un peu nos échanges, vous allez retrouver par exemple une composition d'une élève de terminale côté France et par rapport à ce qu'on disait tout de suite de Monsieur Kalidou Sow, chaque fois qu'on a fait un don, il y avait toujours, toujours, là il y a une preuve dedans pour chaque, là qui me rappelle, il y avait toujours une lettre à l'Inspecteur Départemental de Tivaoune pour dire l'Association des Racines et des Hommes nous a donné ça telle date. Et ça je peux vous assurer qu'on ne l'a jamais vu ailleurs. Donc c'est quand même plusieurs, plusieurs faits comme ça très positifs qui nous a permis de créer des liens important aussi bien au niveau amitié que partenariat pour faire des choses ensemble.
Est-ce que vous envisagez une fin de votre aide pour Ndiassane?
AT: A non, enfin là je dis non parce que c'est le cri du cœur, mais moi je ne devrai pas dire ça puisque je ne sais pas, puisque je ne fais plus parti dans l'association mais Ismaïla a un peu répondu tout à l'heure. Je pense qu'on a le cœur tellement ancré à Ndiassane qu'il faudrait vraiment des événements très nouveaux pour qu'on quitte Ndiassane quoi.
IF: Tout à fait, je confirme.
AT: Je peux dire que le premier match de foot que j'ai vu de vie, et le seul d'ailleurs, c'est pour la coupe Anna à Ndiassane. [Rires] Pour vous dire que l'effort surhumain que j'ai fait pour assister au match, et c'était pour moi un grand honneur quoi.
IF: Et pour moi pareil, la première fois qu'on me désigne comme parrain d'un tel évènement, à l'ouverture du FOSCO, c'était cette année c'est Ndiassane.
Quel est votre mot de la fin?
AT: Moi je dis bravo aux personnes qui travaillent dans cet esprit-là. Parce que je pense que c'est vraiment important pour faire avancer, et l'éducation nationale, et le pays. Moi je les admire beaucoup et je les remercie pour, voilà, tout le plaisir le bonheur que j'ai eu à travailler ces années avec eux ici à Ndiassane. Sachant même si je ne travaille plus officiellement dans l'association, je donne des coups de main à Ismaïla quand il a besoin mais que mon cœur, il est ancré à Ndiassane et, quoi qu'il arrive, va y rester.
IF: Moi, mon dernier mot c'est je remercie des Racines et des Hommes déjà, je remercie Anna aussi d'avoir pu créer cette association et de m'intégrer dedans. Parce que si c'était pas elle qui avait créé l'association de m'ouvrir la porte, aujourd'hui, je ne serai pas responsable des Racines et des Hommes au Sénégal. En même temps, le dernier mot si toutefois que, il y a des Sénégalais qui entendent cette interview, il faut que tout le monde sache que l'éducation c'est à nous de le porter, de l'avancer, nous Sénégalais. Donc le peu d'aide qu'on a avec des associations, on doit le tenir bien le faire avancer. Et je dis merci à tout le monde à Ndiassane, les profs, toutes les principales qui sont passés là-bas et merci au Khalife qui nous reçoit beaucoup et qui nous donne beaucoup de bénédictions et encore merci à des Racines et des Hommes.
AT: Pardon, je voulais rajouter aussi, bravo à Françoise et Jacques Brinçon. Françoise est la présidente qui a pris ma suite, et dire eux aussi sont extrêmement attachés à Ndiassane. Donc je pense qu'il n'y a pas vraiment aucune raison, pour que ce partenariat s'arrête quoi. Donc bravo aussi à toute l'équipe nouvelle des Racines et des Hommes qui font aussi un très beau travail pour aider Ndiassane.
IF/AT: Tierry, Michel toutes les Michelle parce qu'il y en a au moins trois …
AT: Là vraiment, bravo à tous quoi.
Merci.
Daouda Faye: On commence, bonjour. Aujourd'hui nous recevons des invités en ce qui concerne le projet dynamique contemporain de la Tarikha Kountiou de Mame Bou. Les invités, pouvez-vous vous présenter ?
Anna Tardiff (AT): Je m'appelle Anna Tardiff, je suis fondatrice de l'Association des Racines des Hommes basée à Vichy dans le centre de France, dans le 03, et j'ai créé un partenariat avec le Collège de Ndiassane à la demande du maire de Dénedikor qui habitait le weekend à Ndiassane et qui nous a parlé de ce Collége où il y avait vraiment peu de chose. Donc l'association est venue découvrir le Collège ainsi que son Principal Monsieur Kalidou Sow et nous avons fait des projets ensemble.
Ismaïla Fall (IF): Bonjour, Moi c'est Ismaïla, je suis le responsable des Racines et des Hommes Sénégal, donc le coordonnateur. Et c'est moi qui gère tout ce qui est partenariat Ndiassane et autres.
Ismaïla, depuis quand êtes-vous Président de l'Association des Racines et des Hommes Sénégal ?
IF: Vice-Président.
Oui, Vice-Président.
IF: Je suis Vice-Président, il y a à peu près deux ans, sinon j'étais membre actif de l'association.
Comment est-ce que vous avez obtenu ce poste ?
IF: J'ai mes partenariats, ce que des Racines et des Hommes faisaient au Sénégal, et je me suis initié aussi en tant que Sénégalais pour aider le partenariat à mieux se développer au Sénégal.
Une question pour Anna. Quelle est l'origine et l'objectif de cette organisation?
AT: L'origine c'est Monsieur Sidi Lamine Kounta qui est venu à Dénedikor pour me rencontrer lors d'un séjour puisqu'à l'époque je n'habitais pas le Sénégal et qui m'a proposé d'aller visiter le Collège et de faire le listing des besoins. Bon, qui était important puisque c'était vraiment le début du Collège. Donc le premier Principal Monsieur Sy, Monsieur Ly je ne me rappelle plus exactement des deux noms, est resté une année. Et ensuite nous avons été partenaire avec Monsieur Kalidou Sow. Donc dans l'organisation on a commencé par faire un puits puisque les enfants n'avaient pas d'eau, donc ils allaient dans les familles voisines chercher de l'eau, ou ils amenaient de l'eau, ou ils restaient sans boire. Donc on a fait creuser. On pas eu de puits à faire creuser, mais on a fait faire une adduction d'eau qui coutait assez chère. C'est pourquoi le Collège ne pouvait pas le faire par lui-même. On a fait un coffrage avec une grille et un cadenas pour que l'eau qui va être payée, enfin les factures sont payées par le Collège, donc comme le Collège a déjà peu d'argent, il n'était pas question que tout le village vient se servir. C'est pour ça que pendant les vacances, les weekends là, on va dire que la trappe pouvant accéder aux robinets était fermée. Voilà, donc on a commencé par l'eau.
Ensuite, on a, il fallait, pour qu'on soit autorisé à faire une cantine, il fallait un bâtiment donc là j'ai trouvé des partenaires c'était des étudiants Clairmont Forains, donc soixante-trois (63) qui ont financé le bâtiment qui sert de cantine, obligatoire pour préparer les repas. Ensuite, alors dès le départ, il y a eu un partenariat avec une école catholique de Moulin, Madame Aurélie Servagin. Donc eux aussi faisaient des manifestations pour avoir l'argent. Donc Aurélie est venue avec un couple d'ami, son mari et le fils de ce couple. Donc elle a fait un cours en classe de troisième pour montrer comment était, comment ça se passait en France, un cours. Donc, comme elle a vu que ça plaisait beaucoup aux élèves et beaucoup aux professeurs. Elle a proposé, en rentrant, à ses élèves de continuer des manifestations, des activités pour récolter de l'argent pour acheter une photocopieuse. Donc l'année d'après avec Ismaïl et l'argent on est allé à Dakar acheter la photocopieuse et la livrer donc au Collège pour que les cours, les élèves ne pourront pas avoir assez d'argent pour acheter leur manuel scolaire. Donc chaque élève pouvait avoir une photocopie du cours ce qui permettait au professeur de pouvoir être plus interactifs avec ses élèves. Voilà, qu'est-ce qu'on a fait d'autre. Bien sûr, il y avait toujours un partenariat important au niveau épistolaire. Et il y a eu avec l'Association des Racines et des Hommes la mise en place qui nous avez été demandée, c'est la mise en place de parrainage puisque beaucoup d'enfants au Collège, donc l'inscription est à six mille (6000) et donc ça fait beaucoup pour les parents et donc beaucoup ne pouvaient pas payer leur inscription. Donc on a parrainé des enfants puisque ça consistait à financer le …, c'était cinquante (50) euro par mois pour chaque enfant, pardon non, non, par an.
Voilà ce qui payait l'inscription, ce qui payait quelques cahiers, quelques crayons et la cantine. Donc en début d'année avec Ismaïla, on allait verser sur le compte du Collège l'argent pour l'année pour la cantine et l'argent des inscriptions des enfants parrainés. Donc pour trouver des parrains et marraines en France, bon, on a fait des conférences, on a fait, on a passé des films pour faire voir Ndiassane pour expliquer un tout petit peu comment ça se passait. Donc là on a eu quand même, oui on a commencé, on avait quand même une trentaine de parrainés. C'est-à-dire le contrat avec les parrains et marraines c'était eux ils donnent les cinquante (50) euro par an et en échange l'élève envoie ses notes, enfin deux fois par an, envoie ses notes et une petite lettre, enfin un ou deux courriers pour donner de ses nouvelles.
Voilà, autrement il y a eu aussi toujours avec l'école, l'école s'appelle Saint Benoît. Donc à Moulin, il y a eu, enfin là c'était en 2009. Donc en 2011 on a eu un professeur d'EPS et qui est aussi prof de judo qui est venu à Ndiassane. Donc cette année-là Madame Servagin n'est pas venu. Et donc il était venu avec plusieurs jeunes de Saint Benoît qui ont fait des manifestations ensemble, donc des danses, des chants. Voilà et puis des échanges, ils ont eu aussi des moments pour partager entre jeunes, des moments d'amitié, d'échange. Et en 2010, l'évêque de Moulin m'a demandé, parce qu'il devait venir voir ses collègues de Dakar, m'a demandé d'organiser une rencontre avec le Khalife de Ndiassane parce que les parents d'élève qui avaient participé largement à financer toutes ces actions ont demandé à l'évêque d'aller voir comment avez été utilisé leur argent, faire des photos, rencontrer voilà les profs, élèves, administration du Collége de Ndiassane. Et donc en 2010, l'évêque est venu et y a eu une rencontre avec le Khalife Général des Khadres et donc avec Ismaïla nous avons participé à cette rencontre. Et ce que je peux dire, c'est que c'est une rencontre où aussi bien l'évêque qui est un monsieur simple et le Khalife Général, qui est aussi un monsieur simple, c'est-à-dire vraiment des personnes, je pense, de grandes qualités. Et ils ont échangé devant l'assemblée qui était là et c'était extrêmement émouvant. C'est vrai que souvent on avait un peu les larmes à l'œil parce que c'était très, très émouvant. Vraiment pour moi c'était un grand bonheur d'avoir été choisie pour organiser la rencontre de l'Islam et de la Chrétienté. Ensuite, ils ont été reçu au Collège et c'est là où tous les jeunes vont aussi bien, bien sûr, comme d'habitude, bien accueilli parce qu'il faut savoir qu'à Ndiassane on est toujours bien accueilli.
Donc c'est vrai que c'est bien de le préciser. Voilà on pourrait dire dans les grandes lignes ce qu'on a fait à Ndiassane. Et puis y a un lien d'amitié, d'affection on va dire qui nous lie. Par exemple, bien que Monsieur Kalidou Sow ne soit plus à Ndiassane, que moi je ne représente plus l'Association des Racines et des Hommes, je reçois tous les ans ou deux fois par an un mot de monsieur Sow. Voilà on a créé des liens qui se perpétuent quoi. Voilà ce que je pourrai dire sur ce qu'on a fait en gros, dans les grandes lignes.
Ismaïla, quelles sont vos responsabilités en tant que coordonnateur?
IF: Mes responsabilités c'est de bien suivre le planning de l'Association et chaque année c'est moi qui fais le parrainage qui récupère l'argent, qui achète, qui mets en place, qui prend les photos, les lettres de remercîment et de regarder tous les besoins de suivre le cahier de charge de l'association, je suis le responsable local ici.
Comment s'effectue maintenant le choix des filleuls?
IF: Le choix des filleuls s'effectue au Collège. C'est le responsable Gaye et le principal qui ont une liste d'attente des enfants qui sont dans des besoins. Et nous, à chaque fois qu'on a un nouveau parrain ou une nouvelle marraine c'est à eux de nous dire quel est l'enfant qui ait plus de besoins et qui puisse bénéficier de ce parrainage.
Donc y a-t-il des critères à remplir pour être parrainé?
IF: Pour être parrainé, c'est à dire l'enfant doit être dans les besoins financiers.
AT: C'est pour aider les enfants qui ne pourraient pas aller au Collège.
IF: Au collège…
AT: Donc c'est dans les familles qui ont des soucis financiers. Il faut aussi dire qu'il y a beaucoup d'orphelins de père, d'orphelins de mère, orphelins des deux. Au départ ces enfants avaient priorité. Ils étaient élevés chez les tontons, les tatas comme ça se fait au pays, mais c'est vrai que c'est une charge supplémentaire pour la famille et c'est à ce moment là où on pouvait intervenir. Et il faut quand même aussi que l'élève ait un minimum de motivation pour travailler. Parce que cela ne sert à rien de financer une année scolaire si c'est pour que l'élève ne travaille pas.
Une question que je laisse chacun de vous décider d'apporter une réponse. Quelle est le niveau d'aide que vous postez à Ndiassane, par rapport à d'autres villes ou bien villages?
IF: Eeh, numéro un, je pense que c'est Ndiassane. On a le Collège qui est tout juste en face de nous, Somone. Je peux vous dire que Ndiassane a, des Racines et des Hommes travaillent plus à Ndiassane que d'autres collèges et écoles primaires.
Qu'est-ce qui fait la particularité de Ndiassane par rapport aux autres?
IF: C'est que tout est transparent.
AT: Oui, je crois qu'à Ndiassane, bon, déjà c'est l'amitié qui nous lie dès le départ, c'est la transparence au niveau des comptes, c'est la chaleur des responsables et des élèves quand on va les voir, hein, de leur accueil. C'est aussi, je pense que, enfin moins, quand j'étais plus active en ce moment-là. C'était aussi la bénédiction du Khalife pour tout ce qu'on faisait, absolument tout ce qu'on faisait, comme action par exemple on arrivait, on amenait des parrainages, le Khalife envoie quelqu'un pour bénir ce projet-là. On fait la pareille quand on remet la photocopieuse ou quel que soit le matériel qu'on fait. En plus du côté financier, du côté partenariat, le plus, moi je trouve que le plus était cette bénédiction. Et je pense que comme c'est un village, on va dire religieux, maraboutique, les enfants ont une éducation que personnellement, moi, je n'ai pas trouvé ailleurs. Ce qui fait que aussi c'est une éducation qui correspondait plus à notre culture et c'était vraiment très appréciable quoi. Alors qu'ailleurs on est obligé de faire des menaces pour avoir une lettre de remerciement, là ça n'arrive pas.
Donc, il y a un défi particulier, quoi, à Ndiassane?
AT : Bien, il y a une éducation normale, moi je dirai, qu'on ne trouve pas forcément par exemple sur la Petite Côte.
Donc quelle est la perception de la population locale par exemple, par rapport à votre programme?
AT: Bien la perception de la population locale, bon la population locale, on voyait les parents d'élève, les élèves, les parents d'élève et les autorités du village, par exemple, le chef de poste de santé, les... Moi je pense que, pour nous dans l'expérience c'est la transparence et c'est aussi l'accueil et la chaleur de la relation. Moi je ne sais pas ce que tu en pense Ismaïla ?
IF: Oui, c'est ça. Et à chaque fois qu'on arrive là-bas comme je dis. Et le travail aussi que Kalidou a fait, aussi c'est remarquable.
AT: Le travail de ce principal est remarquable.
IF: Parce que lorsqu'il quittait Ndiassane pour aller à Fandéne, on l'a même suivi à Fandéne. Parce qu'il est parti, il nous a fait un document comme ça pour nous faire l'inventaire de l'école qu'il a multiplié en trois, pour nous, pour l'école et l'autre pour l'IDEN de Thiès, c'est ça, ou de Tivaoune, je ne sais plus. Et ça aussi, ça nous a beaucoup, beaucoup motivé, ça nous a beaucoup ouvert les yeux, marqué. Dire que ce Collège quand même il mérite. Et tout ce qu'on fait, on ne dira pas que c'est assez quoi, on essayera toujours de continuer parce qu'on sait qu'il y a toujours une forte mobilisation, une forte solidarité derrière, avec les profs, tout derrière pour continuer le projet.
AT: Hum, par exemple là j'ai une revue faite par l'école de Saint Benoît. Et dans cette revue, il y a un peu nos échanges, vous allez retrouver par exemple une composition d'une élève de terminale côté France et par rapport à ce qu'on disait tout de suite de Monsieur Kalidou Sow, chaque fois qu'on a fait un don, il y avait toujours, toujours, là il y a une preuve dedans pour chaque, là qui me rappelle, il y avait toujours une lettre à l'Inspecteur Départemental de Tivaoune pour dire l'Association des Racines et des Hommes nous a donné ça telle date. Et ça je peux vous assurer qu'on ne l'a jamais vu ailleurs. Donc c'est quand même plusieurs, plusieurs faits comme ça très positifs qui nous a permis de créer des liens important aussi bien au niveau amitié que partenariat pour faire des choses ensemble.
Est-ce que vous envisagez une fin de votre aide pour Ndiassane?
AT: A non, enfin là je dis non parce que c'est le cri du cœur, mais moi je ne devrai pas dire ça puisque je ne sais pas, puisque je ne fais plus parti dans l'association mais Ismaïla a un peu répondu tout à l'heure. Je pense qu'on a le cœur tellement ancré à Ndiassane qu'il faudrait vraiment des événements très nouveaux pour qu'on quitte Ndiassane quoi.
IF: Tout à fait, je confirme.
AT: Je peux dire que le premier match de foot que j'ai vu de vie, et le seul d'ailleurs, c'est pour la coupe Anna à Ndiassane. [Rires] Pour vous dire que l'effort surhumain que j'ai fait pour assister au match, et c'était pour moi un grand honneur quoi.
IF: Et pour moi pareil, la première fois qu'on me désigne comme parrain d'un tel évènement, à l'ouverture du FOSCO, c'était cette année c'est Ndiassane.
Quel est votre mot de la fin?
AT: Moi je dis bravo aux personnes qui travaillent dans cet esprit-là. Parce que je pense que c'est vraiment important pour faire avancer, et l'éducation nationale, et le pays. Moi je les admire beaucoup et je les remercie pour, voilà, tout le plaisir le bonheur que j'ai eu à travailler ces années avec eux ici à Ndiassane. Sachant même si je ne travaille plus officiellement dans l'association, je donne des coups de main à Ismaïla quand il a besoin mais que mon cœur, il est ancré à Ndiassane et, quoi qu'il arrive, va y rester.
IF: Moi, mon dernier mot c'est je remercie des Racines et des Hommes déjà, je remercie Anna aussi d'avoir pu créer cette association et de m'intégrer dedans. Parce que si c'était pas elle qui avait créé l'association de m'ouvrir la porte, aujourd'hui, je ne serai pas responsable des Racines et des Hommes au Sénégal. En même temps, le dernier mot si toutefois que, il y a des Sénégalais qui entendent cette interview, il faut que tout le monde sache que l'éducation c'est à nous de le porter, de l'avancer, nous Sénégalais. Donc le peu d'aide qu'on a avec des associations, on doit le tenir bien le faire avancer. Et je dis merci à tout le monde à Ndiassane, les profs, toutes les principales qui sont passés là-bas et merci au Khalife qui nous reçoit beaucoup et qui nous donne beaucoup de bénédictions et encore merci à des Racines et des Hommes.
AT: Pardon, je voulais rajouter aussi, bravo à Françoise et Jacques Brinçon. Françoise est la présidente qui a pris ma suite, et dire eux aussi sont extrêmement attachés à Ndiassane. Donc je pense qu'il n'y a pas vraiment aucune raison, pour que ce partenariat s'arrête quoi. Donc bravo aussi à toute l'équipe nouvelle des Racines et des Hommes qui font aussi un très beau travail pour aider Ndiassane.
IF/AT: Tierry, Michel toutes les Michelle parce qu'il y en a au moins trois …
AT: Là vraiment, bravo à tous quoi.
Merci.
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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Education And DevelopmentCreator: Anna Tardiff
Ismaila Fall
Daouda Faye
Ismaila Fall
Daouda Faye
Contributing Institutions: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Description: This interview deals with the partnership between the Collège (Middle School) of Ndiassane and the Association des Racines et des Hommes, a French humanitarian organization based in Vichy, France, with a branch in Senegal. The association’s founder Anna Tardiff describes in detail the history of the association’s partnership with Ndiassane and its contributions to the development of the Collège. In addition to the financial support for material improvements provided by the association, she initiated a partnership between the Collège and the Catholic school St. Benoît in Moulin, France, that entails sponsorship of individual students among other activities. This relationship even led to a visit by the bishop of Moulin in 2010 and a meeting with the khalif, an inter-religious encounter Ms. Tardiff found very moving.
Mr. Ismaila Fall discusses his responsibilities as the coordinator of activities for the Senegalese branch of the Association des Racines et des Hommes and his work with Ndiassane. Mr. Fall and Ms. Tardiff both agree that the association’s relationship with Ndiassane is special and praise the smooth cooperation and the transparency that prevails in the conduct of activities.
Interview in French conducted in Mbour by Daouda Faye; transcription in French by Gana Ndiaye.
Date: June 19, 2015
Date Range: 2010-2019
Location: Mbour, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: French
Rights Management: For educational use only.
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté