Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20150618_MinetouKounta
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Entretien : Minetou Kounta, Ndiassane, le 18 Juin 2015
00 :11 : Daouda Faye (DF) : Toujours dans le projet de la Dynamique Contemporaine de la Tarikha Kountiyou, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Madame Minetou Kounta pour lui poser un certain nombre de questions. Bonjour Madame!
Minetou Kounta : Bonjour!
00 :30 : DF : Est-ce que vous pouvez vous présenter?
Je m'appelle Minetou Kounta, Je suis née dans un village qui s'appelle Thiariack Saragaty, derrière Kaolack [capitale régionale], mais j'ai grandi à Ndiassane chez ma tante Minetou, la grande sœur de mon père. Mon père s'appelle Cheikh Bou Kounta, on l'a donné le nom de son père Cheikh Bou Kounta dit Baye Bou, le Khalife général de Ndiassane. Ma mère s'appelle Absa Sidibé. Mon père est décédé en 2006.
01 :19 : DF : Est-ce que vous pouvez revenir sur votre lieu de naissance et là où vous avez grandi?
Je suis née à Saragaty, derrière Kaolack, un village qu'on appelle Thiariack Saragaty. Mais j'ai grandi ici à Ndiassane. C'est quand j'ai été sevrée qu'on m'a amenée ici chez la grande sœur de mon père qui s'appelle Minetou Bou. C'est elle qui m'a éduquée.
01 :44 : DF : Est-ce que vous avez été à l'école?
Non, je n'ai pas fait l'école française mais j'ai appris le Coran.
01 : 51 : DF : Où est-ce que vous avez appris le Coran?
Ici même à Ndiassane.
01 :54 : DF : Qui est-ce qui vous l'a enseigné?
Un vieux du nom de Birane Diop.
02 :00 : DF : Qu'est-ce que le Coran vous a apporté?
Il m'a apporté beaucoup de choses, parce que cela a fait de moi une musulmane qui aime le Coran comme mon père. Le Coran m'a permis de savoir comment prier et comment m'acquitter de mes devoirs.
02 :33 : DF : On nous a dit que c'est vous qui gériez le projet TOSTAN.
Effectivement, je faisais partie de celles qui géraient le projet ici à Ndiassane.
02 :44 : DF : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce projet, de sa durée?
Au début, il s'agissait de nous alphabétiser. On organisait aussi des journées de nettoyage, je peux même dire que c'est dans ce cadre-là qu'on m'a le plus remarquée et amenée à rejoindre le projet de TOSTAN.
03 :17 : DF : En quelle année s'est implantée TOSTAN ici?
Je pense que c'est en 2011, si je ne me trompe.1
03 :32 : DF : Comment est-ce que vous avez été élue à ce poste?
Au début je n'étais même pas au courant de leur venue ici. C'est après que j'ai su par le biais de ma petite sœur qu'il y avait un projet qui avait comme mission d'enseigner aux enfants. C'est ensuite que je me suis dit que j'irai me renseigner parce que j'aime apprendre surtout que je n'ai pas appris le français. Je suis allée et j'ai trouvé qu'elles étaient en train d'apprendre. Je suis restée à la porte et l'enseignant est venu me demander des renseignements et il m'a demandé de venir assister aux cours le lendemain. Le lendemain je suis allée faire cours. Je suis aussi une personne qui se donne à fond quand je m'engage à faire quelque chose.
04 :34 : DF : Quelles étaient vos responsabilités dans ce projet?
Bon, l'enseignant logeait chez feu Monsieur Kounta. Il y avait Minetou Mané qui était la première à être nommée pour présider le projet, mais elle est décédée par la suite.
05 :18 : DF : Par la suite qui est-ce qui est devenue présidente?
Ensuite Nogaye Diéye a été nommée Présidente.
05 :28 : DF : Donc vous n'aviez pas de poste de responsabilité?
Si. J'étais la trésorière, je gardais l'argent.
05 :43 : DF : Quel est l'impact du projet dans la cité, selon vous? En d'autres termes, quelles sont les réalisations?
Le projet a réalisé beaucoup de choses ici. Avant l'arrivée de TOSTAN, on ne comprenait pas beaucoup de choses dans la vie. On passait notre temps à dormir, à discuter, mais quand il a été implanté, ils nous ont tous occupés. Et mieux vaut être occupé que de passer tout son temps à ne rien faire d'important. Avec TOSTAN, on a commencé à coopérer avec le daara, à vendre du savon et d'autres choses qui nous permettaient de subvenir à nos besoins. A la fin, celles qui ne pouvaient même pas écrire leur nom y sont parvenues. Nous arrivés à écrire des numéros de téléphones et tout ça c'est grâce à TOSTAN.
06 :50 : DF : Y a-t-il d'autres projets qui ont eu à faire comme TOSTAN?
Peut-être, mais je les ignore. En tout cas je ne connais que TOSTAN. Il se peut qu'il y ait d'autres projets qui sont venus mais comme je suis un peu casanière, je ne les connais pas. Et comme mon père est une autorité, je ne peux pas me permettre certaines choses. Le seul projet que je connais et qui a beaucoup aidé la cité c'est TOSTAN. Ils ont beaucoup instruit nos enfants. Ils ont aussi eu à faire d'autres choses comme la construction des latrines dans les maisons et même à l'entrée de la mosquée. Ils nous ont aussi fait don de beaucoup de médicaments pour le poste de santé. Ils nous ont également offert des machines à coudre et beaucoup d'enfants ont été formés à la couture et il y en a même qui cousent leurs propres habits. Ils m'avaient pris afin que je travaille spécialement pour eux.
08 :03 : DF : Avant d'aller à TOSTAN, qu'est-ce que vous faisiez?
Avant, j'avais une boutique où je vendais de petites choses car je ne veux pas rester sans rien faire. Ça je n'aime pas.
08 :28 : DF : Depuis le départ de TOSTAN, est-ce que vous faites quelque chose?
Depuis la fin du projet TOSTAN, je ne fais plus grand-chose à part la politique.
08 :48 : DF : Vous n'avez pas d'engagements religieux dans la cité?
A chaque fois qu'il y a une manifestation religieuse j'y vais et s'il y a lieu de donner une participation je le fais quels que soit mes moyens. Quand il y a des conférences religieuses, des gamous et des choses du genre, on m'envoie aussi des cartes d'invitations au nom de mon parti politique, l'AFP [l'Alliance des Forces du Progrès], parce que je suis responsable de l'AFP dont Moustapha Niasse est le secrétaire général.
09 :44 : DF : Quelles sont vos responsabilités à l'AFP?
Je représente l'AFP à Ndiassane.
09 :55 : DF : Pourquoi êtes-vous entré dans la politique?
J'aime la politique et j'apprécie beaucoup Moustapha Niasse depuis qu'il était ministre des affaires étrangères. Je n'avais jamais fait de la politique, je n'avais même jamais voté. On me disait même que je n'étais pas une bonne citoyenne. Mais c'est à la naissance de son parti que je suis allée acheter une carte de membre, il y avait beaucoup de responsables de l'AFP ici à Ndiassane. Mais les gens s'en allaient de plus en plus jusqu'à ce que je devienne la responsable maintenant parce que je l'aime. Je me donne à fond quand j'aime quelque chose. Moustapha Niasse aussi m'aime beaucoup et m'aide dans beaucoup de domaines.
10 :39 : DF : En tant que fille d'un marabout, comment trouvez-vous la politique ici au Sénégal?
La politique au Sénégal est difficile à cerner. Les gens peuvent faire de la politique tout en étant honnête parce que les hommes religieux qui étaient là avant nous faisaient même de la politique, mais leurs politiques étaient fondées sur la religion, l'Islam et l'honnêteté. Maintenant la politique est sale parce que les gens ne croient plus en rien.
11 :18 : DF : Comment arrivez-vous faire de la politique alors que vous n'avez pas fait des études avancées? Comment arrivez-vous à sensibiliser les gens, qui est-ce qui vous fait les traductions quand vous devez vous adresser à un public qui ne comprend que le français?
Ce n'est pas trop difficile parce qu'on a beaucoup appris avec TOSTAN. Par exemple, quand j'étais à TOSTAN, j'étais chargée de la mobilisation sociale. Je partais dans les villages pour sensibiliser les gens, j'ai presque fait tout le Sénégal. Je suis même partie jusqu'en Guinée avec TOSTAN pour des campagnes de sensibilisation. Ce que j'ai appris avec TOSTAN et mon apprentissage du Coran m'ont beaucoup aidé dans la politique.
12 :17 : DF : Comment se faisait la sensibilisation, vous leurs parliez ou vous pratiquiez?
Je leurs parlais. Quand vous trouvez quelqu'un dans sa culture, il faut le convaincre pour qu'il puisse te rejoindre. C'est ainsi que TOSTAN nous a formé et nous partions dans des contrées où on devait convaincre les gens à abandonner certaines pratiques.
12 :53 : DF : Par exemple quels genres de pratiques?
Par exemple ce qu'on faisait à nos filles, on ne doit pas manquer de respect, mais c'est quelque chose qu'on devait convaincre les gens à abandonner. C'est comme ça qu'on a formé beaucoup d'équipes qui sont allées dans les villages pour discuter avec les gens pour qu'ils comprennent que l'excision comporte beaucoup de dangers pour les femmes et par conséquent elles devaient cesser cette pratique. En plus, on les faisait comprendre aussi qu'il y avait des peines prévues pour celles qui continueraient de la pratiquer. En plus, Dieu est contre tout ce qui est nocif à la santé humaine.
13 :58 : DF : Qu'est-ce que vous souhaitez pour Ndiassane?
Je ne veux que du bien, et si cela ne dépendait que de moi, Ndiassane serait la meilleure cité religieuse. Si cela ne dépendait que de moi, le Sénégal serait le meilleur pays du monde et Ndiassane la meilleure cité religieuse du Sénégal. Je voudrais aussi que Ndiassane se développe et dépasse ce stade-là. Je voudrais aussi que Ndiassane soit la plus belle cité, et quiconque aide Ndiassane aide le Sénégal. Je voudrais aussi que tous ceux qui font partie de notre tarikha aillent de l'avant.
14 :41 : DF : Quel est votre dernier mot?
Je rends vraiment grâce à Dieu. Je vous remercie aussi de votre venue ici pour s'enquérir de ma vie dans l'Islam, à TOSTAN. Je suis très contente de votre venue ici, je remercie mes deux parents et Mame Bou.
15 :17 : DF : Nous vous remercions.
~~~~~~~
1 Madame Minetou Kounta nous a informés après l'entretien que le projet TOSTAN a débuté à Ndiassane en 2001, pas en 2011.
00 :11 : Daouda Faye (DF) : Toujours dans le projet de la Dynamique Contemporaine de la Tarikha Kountiyou, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Madame Minetou Kounta pour lui poser un certain nombre de questions. Bonjour Madame!
Minetou Kounta : Bonjour!
00 :30 : DF : Est-ce que vous pouvez vous présenter?
Je m'appelle Minetou Kounta, Je suis née dans un village qui s'appelle Thiariack Saragaty, derrière Kaolack [capitale régionale], mais j'ai grandi à Ndiassane chez ma tante Minetou, la grande sœur de mon père. Mon père s'appelle Cheikh Bou Kounta, on l'a donné le nom de son père Cheikh Bou Kounta dit Baye Bou, le Khalife général de Ndiassane. Ma mère s'appelle Absa Sidibé. Mon père est décédé en 2006.
01 :19 : DF : Est-ce que vous pouvez revenir sur votre lieu de naissance et là où vous avez grandi?
Je suis née à Saragaty, derrière Kaolack, un village qu'on appelle Thiariack Saragaty. Mais j'ai grandi ici à Ndiassane. C'est quand j'ai été sevrée qu'on m'a amenée ici chez la grande sœur de mon père qui s'appelle Minetou Bou. C'est elle qui m'a éduquée.
01 :44 : DF : Est-ce que vous avez été à l'école?
Non, je n'ai pas fait l'école française mais j'ai appris le Coran.
01 : 51 : DF : Où est-ce que vous avez appris le Coran?
Ici même à Ndiassane.
01 :54 : DF : Qui est-ce qui vous l'a enseigné?
Un vieux du nom de Birane Diop.
02 :00 : DF : Qu'est-ce que le Coran vous a apporté?
Il m'a apporté beaucoup de choses, parce que cela a fait de moi une musulmane qui aime le Coran comme mon père. Le Coran m'a permis de savoir comment prier et comment m'acquitter de mes devoirs.
02 :33 : DF : On nous a dit que c'est vous qui gériez le projet TOSTAN.
Effectivement, je faisais partie de celles qui géraient le projet ici à Ndiassane.
02 :44 : DF : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce projet, de sa durée?
Au début, il s'agissait de nous alphabétiser. On organisait aussi des journées de nettoyage, je peux même dire que c'est dans ce cadre-là qu'on m'a le plus remarquée et amenée à rejoindre le projet de TOSTAN.
03 :17 : DF : En quelle année s'est implantée TOSTAN ici?
Je pense que c'est en 2011, si je ne me trompe.1
03 :32 : DF : Comment est-ce que vous avez été élue à ce poste?
Au début je n'étais même pas au courant de leur venue ici. C'est après que j'ai su par le biais de ma petite sœur qu'il y avait un projet qui avait comme mission d'enseigner aux enfants. C'est ensuite que je me suis dit que j'irai me renseigner parce que j'aime apprendre surtout que je n'ai pas appris le français. Je suis allée et j'ai trouvé qu'elles étaient en train d'apprendre. Je suis restée à la porte et l'enseignant est venu me demander des renseignements et il m'a demandé de venir assister aux cours le lendemain. Le lendemain je suis allée faire cours. Je suis aussi une personne qui se donne à fond quand je m'engage à faire quelque chose.
04 :34 : DF : Quelles étaient vos responsabilités dans ce projet?
Bon, l'enseignant logeait chez feu Monsieur Kounta. Il y avait Minetou Mané qui était la première à être nommée pour présider le projet, mais elle est décédée par la suite.
05 :18 : DF : Par la suite qui est-ce qui est devenue présidente?
Ensuite Nogaye Diéye a été nommée Présidente.
05 :28 : DF : Donc vous n'aviez pas de poste de responsabilité?
Si. J'étais la trésorière, je gardais l'argent.
05 :43 : DF : Quel est l'impact du projet dans la cité, selon vous? En d'autres termes, quelles sont les réalisations?
Le projet a réalisé beaucoup de choses ici. Avant l'arrivée de TOSTAN, on ne comprenait pas beaucoup de choses dans la vie. On passait notre temps à dormir, à discuter, mais quand il a été implanté, ils nous ont tous occupés. Et mieux vaut être occupé que de passer tout son temps à ne rien faire d'important. Avec TOSTAN, on a commencé à coopérer avec le daara, à vendre du savon et d'autres choses qui nous permettaient de subvenir à nos besoins. A la fin, celles qui ne pouvaient même pas écrire leur nom y sont parvenues. Nous arrivés à écrire des numéros de téléphones et tout ça c'est grâce à TOSTAN.
06 :50 : DF : Y a-t-il d'autres projets qui ont eu à faire comme TOSTAN?
Peut-être, mais je les ignore. En tout cas je ne connais que TOSTAN. Il se peut qu'il y ait d'autres projets qui sont venus mais comme je suis un peu casanière, je ne les connais pas. Et comme mon père est une autorité, je ne peux pas me permettre certaines choses. Le seul projet que je connais et qui a beaucoup aidé la cité c'est TOSTAN. Ils ont beaucoup instruit nos enfants. Ils ont aussi eu à faire d'autres choses comme la construction des latrines dans les maisons et même à l'entrée de la mosquée. Ils nous ont aussi fait don de beaucoup de médicaments pour le poste de santé. Ils nous ont également offert des machines à coudre et beaucoup d'enfants ont été formés à la couture et il y en a même qui cousent leurs propres habits. Ils m'avaient pris afin que je travaille spécialement pour eux.
08 :03 : DF : Avant d'aller à TOSTAN, qu'est-ce que vous faisiez?
Avant, j'avais une boutique où je vendais de petites choses car je ne veux pas rester sans rien faire. Ça je n'aime pas.
08 :28 : DF : Depuis le départ de TOSTAN, est-ce que vous faites quelque chose?
Depuis la fin du projet TOSTAN, je ne fais plus grand-chose à part la politique.
08 :48 : DF : Vous n'avez pas d'engagements religieux dans la cité?
A chaque fois qu'il y a une manifestation religieuse j'y vais et s'il y a lieu de donner une participation je le fais quels que soit mes moyens. Quand il y a des conférences religieuses, des gamous et des choses du genre, on m'envoie aussi des cartes d'invitations au nom de mon parti politique, l'AFP [l'Alliance des Forces du Progrès], parce que je suis responsable de l'AFP dont Moustapha Niasse est le secrétaire général.
09 :44 : DF : Quelles sont vos responsabilités à l'AFP?
Je représente l'AFP à Ndiassane.
09 :55 : DF : Pourquoi êtes-vous entré dans la politique?
J'aime la politique et j'apprécie beaucoup Moustapha Niasse depuis qu'il était ministre des affaires étrangères. Je n'avais jamais fait de la politique, je n'avais même jamais voté. On me disait même que je n'étais pas une bonne citoyenne. Mais c'est à la naissance de son parti que je suis allée acheter une carte de membre, il y avait beaucoup de responsables de l'AFP ici à Ndiassane. Mais les gens s'en allaient de plus en plus jusqu'à ce que je devienne la responsable maintenant parce que je l'aime. Je me donne à fond quand j'aime quelque chose. Moustapha Niasse aussi m'aime beaucoup et m'aide dans beaucoup de domaines.
10 :39 : DF : En tant que fille d'un marabout, comment trouvez-vous la politique ici au Sénégal?
La politique au Sénégal est difficile à cerner. Les gens peuvent faire de la politique tout en étant honnête parce que les hommes religieux qui étaient là avant nous faisaient même de la politique, mais leurs politiques étaient fondées sur la religion, l'Islam et l'honnêteté. Maintenant la politique est sale parce que les gens ne croient plus en rien.
11 :18 : DF : Comment arrivez-vous faire de la politique alors que vous n'avez pas fait des études avancées? Comment arrivez-vous à sensibiliser les gens, qui est-ce qui vous fait les traductions quand vous devez vous adresser à un public qui ne comprend que le français?
Ce n'est pas trop difficile parce qu'on a beaucoup appris avec TOSTAN. Par exemple, quand j'étais à TOSTAN, j'étais chargée de la mobilisation sociale. Je partais dans les villages pour sensibiliser les gens, j'ai presque fait tout le Sénégal. Je suis même partie jusqu'en Guinée avec TOSTAN pour des campagnes de sensibilisation. Ce que j'ai appris avec TOSTAN et mon apprentissage du Coran m'ont beaucoup aidé dans la politique.
12 :17 : DF : Comment se faisait la sensibilisation, vous leurs parliez ou vous pratiquiez?
Je leurs parlais. Quand vous trouvez quelqu'un dans sa culture, il faut le convaincre pour qu'il puisse te rejoindre. C'est ainsi que TOSTAN nous a formé et nous partions dans des contrées où on devait convaincre les gens à abandonner certaines pratiques.
12 :53 : DF : Par exemple quels genres de pratiques?
Par exemple ce qu'on faisait à nos filles, on ne doit pas manquer de respect, mais c'est quelque chose qu'on devait convaincre les gens à abandonner. C'est comme ça qu'on a formé beaucoup d'équipes qui sont allées dans les villages pour discuter avec les gens pour qu'ils comprennent que l'excision comporte beaucoup de dangers pour les femmes et par conséquent elles devaient cesser cette pratique. En plus, on les faisait comprendre aussi qu'il y avait des peines prévues pour celles qui continueraient de la pratiquer. En plus, Dieu est contre tout ce qui est nocif à la santé humaine.
13 :58 : DF : Qu'est-ce que vous souhaitez pour Ndiassane?
Je ne veux que du bien, et si cela ne dépendait que de moi, Ndiassane serait la meilleure cité religieuse. Si cela ne dépendait que de moi, le Sénégal serait le meilleur pays du monde et Ndiassane la meilleure cité religieuse du Sénégal. Je voudrais aussi que Ndiassane se développe et dépasse ce stade-là. Je voudrais aussi que Ndiassane soit la plus belle cité, et quiconque aide Ndiassane aide le Sénégal. Je voudrais aussi que tous ceux qui font partie de notre tarikha aillent de l'avant.
14 :41 : DF : Quel est votre dernier mot?
Je rends vraiment grâce à Dieu. Je vous remercie aussi de votre venue ici pour s'enquérir de ma vie dans l'Islam, à TOSTAN. Je suis très contente de votre venue ici, je remercie mes deux parents et Mame Bou.
15 :17 : DF : Nous vous remercions.
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1 Madame Minetou Kounta nous a informés après l'entretien que le projet TOSTAN a débuté à Ndiassane en 2001, pas en 2011.
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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Creator: Kounta, Minetou
Daouda Faye
Daouda Faye
Description: Madame Minetou Kounta, a daughter of Khalif Cheikh Bou Mouhamed Kounta (d. 2006), was born in the village of Thiariack, near Kaolack, but grew up in Ndiassane. She describes the activities of the NGO Tostan in Ndiassane and her own participation and role as treasurer. Madame Minetou Kounta concludes by discussing her involvement in Senegalese party politics after Tostan left Ndiassane, pointing out that she is applying what she learned about mobilizing people from working for Tostan.
Interview conducted in Wolof by Daouda Faye. Translated into French by Gana Ndiaye.
Interview conducted in Wolof by Daouda Faye. Translated into French by Gana Ndiaye.
Date: June 18, 2015
Date Range: 2010-2019
Location: Ndiassane, Thies, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: Wolof
Rights Management: For educational use only.
Contributing Institution: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Contributor: Gana Ndiaye
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté