Contemporary Dynamics of the Bou Kounta Qadiri Community
By Maria Grosz-Ngaté
20150616_AminataKounta
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Entretien : Madame Aminata Kounta, Ndiassane, le 16 Juin 2015
Première partie
00:02: Daouda Faye (DF) : Ndiassane, le 16/06/2015, chez Madame Aminata Kounta.
Bonsoir Madame Aminata Kounta. Pourriez-vous vous présenter?
Aminata Kounta: Bonsoir Monsier Faye, bonsoir Madame Maria Coulibaly. Je m'appelle Aminata Kounta, je suis mariée et j'ai des enfants et ma place dans la famille, je suis la fille du Khalife.
00:32: DF: Où et comment est-ce que vous avez grandi?
J'ai grandi dans un village qui s'appelle Ndiassane Saloum, c'est l'homonyme de Ndiassane. Il est situé dans la région de Fatick. Mon grand-père, le père de mon père, avait fondé ce village et toute la famille y était. C'est là où je suis née, c'est là où j'ai commencé mes études jusqu'en classe de cinquième. Et nous avons quitté pour venir ici à Ndiassane.
01:03: DF: Comment êtes-vous arrivée à faire l'école française?
Par le biais de mes parents bien sûr parce que mon père a très vite eu une vision positive de l'école. D'ailleurs, c'est lui qui a inscrit la plupart de ses frères. Il nous a inscrit nous tous, en particulier mon grand frère Mouhamed Kounta qui est actuellement professeur, et tous les autres.
01:33: DF: Où est-ce que vous avez fait vos études?
J'ai commencé mes études à Ndiassane Saloum jusqu'en classe de cinquième. Et quand mon grand-père devait venir pour prendre la tête du Khalifat, nous avons dû quitter Ndiassane Saloum, région de Fatick, département de Fatick bien sûr, pour venir ici à Ndiassane. Et là-bas, moi je suis allée à Tivaouane, dans une grande famille tidiane. Je salue au passage monsieur Aziz Diaw qui m'a éduquée, qui a beaucoup fait pour moi jusqu'en classe de CM2. J'ai réussi mon entrée en sixième et je suis allée au lycée Malick Sy de Thiès. Là-bas, je suis allée chez mes parents, le frère de mon père Bécaye Kounta, ensuite chez ma grand-mère Sokhna Fatma Kounta, c'est la maman de ma tante. Là aussi j'ai reçu une très bonne éducation, j'étais bien encadrée et j'ai acquis beaucoup de choses là-bas jusqu'en classe de terminale où j'ai cessé mes études.
02:36: DF: Comment est-ce que vous avez choisi l'enseignement comme métier?
Bon, d'abord quand j'ai cessé d'étudier en 1984, je suis allée à Touba dans la maison maternelle. Et là-bas on avait ouvert une école privée qui s'appelait privée Serigne Cheikh. Et là-bas on m'a recruté comme enseignante, j'ai démarré là-bas et j'ai fait plus de six ans. Et ensuite en 1990, par le biais de mon mari et de son père Cheikh Bou Mouhamed Kounta, j'ai été recrutée dans l'enseignement et comme ça je suis entrée dans l'enseignement.
03:16: DF: Depuis quand travaillez-vous à Ndiassane?
Depuis 1991, mon premier poste c'était Mbindam, un village près de Tivaouane. C'est là où j'ai débuté, ensuite je suis venue à Ndiassane en 1991, jusqu'à maintenant.
03:36: DF: Quelle étaient les démarches pour avoir une école française ici?
Bon les démarches ont commencé par feu Sidi Lamine Kounta, c'est le frère de mon père. Il a fait l'école normale, il était aussi affecté à Kaolack. Quand il a voulu regagner Ndiassane, il a fait des démarches par le biais du Khalife El Hadji Sidi Yakhya Kounta. Ensuite les choses ont abouti sous le khalifat de Cheikh Bou Mouhamed Kounta et l'école de Ndiassane a été créée. Donc c'est par son biais, c'est grâce à lui, maintenant il est décédé, que la terre lui soit légère, que l'école de Ndiassane a été créée. D'ailleurs il était le directeur.
04:17: DF: Qu'est-ce qu'il fallait faire pour convaincre les parents de laisser leurs enfants aller à l'école, surtout les filles?
Bon, Monsieur Kounta était une personnalité très connue et très respectée du village. Tout le monde l'aimait, l'adorait de par son éducation étant donné qu'il était très apprécié et il a fait l'école. Les gens se sont inspirés de lui pour maintenant laisser leurs enfants aller à l'école. En ce qui concerne la scolarisation des filles, ce problème ne s'est jamais posé à Ndiassane. Parce que la plupart du temps dans toutes les classes, les filles étaient pratiquement supérieures ou égales aux garçons donc ce problème ne s'est jamais posé ici à Ndiassane.
05:04: DF: Est-ce-que vous avez joué un rôle dans tout cela?
Bon, un petit peu, parce que quand nous étions ici, nous n'étions pas nombreux. Quand je venais ici, il y avait quatre classes. Quand donc les habitants nous ont vus, nous fils de Ndiassane, évoluer à l'école, beaucoup ont eu confiance en nous et ont voulu amener leurs enfants à l'école. Il y avait des réticences, mais puisqu'ils nous ont vus alors ils se sont dit que, peut-être, « bon c'est une bonne chose ». C'est petit à petit que la plupart se sont inscrits et maintenant l'effectif devient de plus en plus grand.
05:43: DF: Comment s'est effectuée la transition entre l'élémentaire et le collège de Ndiassane?
Les élèves de Ndiassane étaient très brillants, mais la plupart abandonnaient leurs études au niveau du CM2. Pourquoi, parce qu'il y avait pas de CEM, ils devaient aller à Tivaouane. Il y avait le problème d'hébergement ou bien il y avait pas les moyens, il y avait pas de calèche, il y avait pas de voiture à ce moment-là. Les élèves étaient obligés de faire des vas-et-viens toute la semaine. Ils étaient fatigués, et cela n'en valait pas la peine. La plupart des enfants qui étaient très brillants ont dû abandonner au CM2. Compte tenu de tous ces facteurs, nous avons fait des démarches et nous avons demandé un collège. Au début c'était très difficile parce qu'il n'y avait que neuf élèves. C'était un défi à relever. Monsieur Kounta était le directeur de l'école primaire, il n'y avait pas de local. Il a fallu qu'il prête une classe pour qu'on puisse démarrer le CEM. Les gens se disaient qu'avec un effectif de neuf élèves ça n'allait pas marcher. La plupart ont voulu amener leurs enfants ailleurs parce qu'ils se disaient qu'avec cet effectif-là, les gens ne pouvaient pas faire un bon travail, surtout les professeurs. Mais c'était un défi, on y croyait, on s'y est mis et finalement l'année suivante l'effectif a triplé. Nous avons atteint une quarantaine d'élèves. Et ainsi chemin faisant, le CEM s'est installé.
07:15: DF: Comment s'est effectué votre affectation comme surveillante au collège maintenant?
J'étais ici à l'école primaire, à un certain moment donné Monsieur Kounta a quitté et j'ai même eu à assurer l'intérim du directeur. Mais finalement en 2005, j'étais un peu malade alors c'est pour cette raison que j'ai demandé d'être affecté au CEM comme surveillante, pour des raisons de santé.
07:43: DF: Pourriez-vous nous parler de votre travail à l'école?
Bon, au CEM je suis surveillante, chaque surveillant a sa classe. Ensuite je m'occupe aussi de la cantine scolaire qui nous a été… je salue au passage l'Association des Racines et des Hommes qui a beaucoup contribué au développement du CEM de Ndiassane. Parce que c'est grâce à cette association que nous avons pu acquérir l'eau, l'électricité, la cantine et bien d'autres choses. Donc, je m'occupe de la cantine scolaire, je suis aussi le comptable matière.
08:23: DF: Comment est-ce que l'école a évolué depuis votre arrivée à Ndiassane?
Bon, depuis notre arrivée, celui qui a le plus marqué l'école c'est Monsieur Kalidou Sow. Lui, il était vraiment un grand travailleur, il était entrepreneur, vraiment c'est grâce à lui que l'école a évolué. Avec lui est arrivé l'électricité, le téléphone, l'eau, le mur de clôture et tout. Donc nous lui rendons un grand hommage et les professeurs aussi n'ont pas démérité. Parce qu'en tout ce qui les concerne, ils ont montré le maximum d'eux-mêmes et ils ont tout fait pour que l'école évolue. Actuellement les résultats sont là. Nous avons de très bons résultats au niveau du BFEM et l'effectif grandit de plus en plus. D'ailleurs les classes sont maintenant très pléthoriques et nous avons aussi des problèmes de salle de classe.
09:12: DF: Quelles sont vos principales satisfactions?
Bon, la principale satisfaction c'est voir, au départ il y avait neuf élèves et aujourd'hui nous parlons de cinq cents élèves, donc ça c'est une grande évolution. Pour une durée qui ne dépasse pas dix ans, donc ça c'est une satisfaction. Le fait aussi de voir les élèves qui se sédentarisent, les élèves qui continuent leurs études parce qu'ils ont actuellement un CEM de proximité. Ils peuvent étudier et rentrer chez eux facilement, ça aussi c'est une satisfaction. Et les résultats aussi, les élèves aussi sont très méritants, il y a des moyennes de dix-huit en classe de sixième. Donc ça c'est une satisfaction.
10:02: DF: Dans votre vie, quels sont vos plus grands défis?
Un défi à relever ou bien que j'ai déjà relevé?
10:14: DF: Non, votre défi dans votre vie.
Le défi, c'est que le CEM soit érigé en lycée, ça c'est notre idéal. Le CEM soit un lycée pour que les élèves puissent rester à Ndiassane, du préscolaire, l'élémentaire, le moyen et le secondaire. Ensuite quitter pour l'université ou bien pour les études supérieures ou bien les formations, donc c'est ce que nous voulons. Que le CEM de Ndiassane soit érigé en lycée très bientôt.
10:43: DF: Et dans votre vie de tous les jours?
Dans notre vie, bon, Ndiassane est un petit village qui s'agrandit certes mais il y a beaucoup de choses qui manquent surtout au niveau des jeunes filles. Ici, la plupart des filles qui ont quitté l'école ont des métiers de domestiques. Ça c'est déplorable, nous souhaitons avoir un centre où l'on puisse former les jeunes filles à la couture, à d'autres choses au lieu de les laisser faire des métiers de domestiques, donc nous voulons une formation pour les jeunes filles.
11:21: DF: Quelle est la place du CEM par rapport aux autres structures éducatifs à Ndiassane?
Deuxième partie
Bon par rapport aux autres structures, je crois que chaque structure… peut-être l'école primaire et le CEM sont liés. Il y a un institut islamique ici, mais ils s'en vont parallèlement. Ils ont de bonnes relations, mais là-bas, il y a l'arabe et le français et ici il y a le français mais aussi il y a l'arabe. Donc ce sont des structures parallèles. Ils n'ont pas de rapport, ils ont peut-être des rapports amicaux.
00:37: DF: Est-ce-que vous avez des engagements professionnels, sociaux, religieux hors de votre travail?
Personnellement, je voudrais peut-être plus tard, je rêve de devenir peut-être, directrice de l'école élémentaire. Sociaux, comme je vous l'avais dit tantôt je voudrais qu'on crée des centres de formation pour les jeunes filles. Je voudrais que Ndiassane, comme toutes les communautés religieuses soit dotée d'une très grande mosquée, d'une daara moderne et de toutes les structures nécessaires pour une grande ville religieuse. Je voudrais aussi que, puisque à chaque année il y a deux grands rassemblements religieux ici à Ndiassane, en l'occurrence le gamou et le ziara, et durant ces rassemblements, les maliens, les ivoiriens et tous les autres qui viennent pour vendre leurs produits, je voudrais que ce marché perdure, se pérennise parce que ça pourrait être un marché, comme c'est la CDEAO, que ça ne se limite pas seulement à ces deux événements. Que Ndiassane soit un pôle d'attraction pour tous ceux qui veulent acheter des produits de la CDEAO. Donc que ça soit un marché qui reste ici à Ndiassane où tous les sénégalais, même tous les autres puissent venir ici à Ndiassane acheter ici des thioubs1, des savons et autres. Donc mon rêve serait qu'on mette ici un grand marché qui pourrait attirer tous les ressortissants des autres pays ici à Ndiassane. Et ce marché ne soit pas seulement limité au gamou et au ziara.
02:32: DF: Tout à l'heure vous avez dit que vous voulez, dans vos engagements, vous avez besoin d'un daara moderne, qu'est-ce que vous entendez par daara moderne?
Oui, daara moderne ! Dans mes rêves, je me dis souvent que plus tard, je rêve de créer ou bien par le biais de mes relations ou autres créer un daara moderne. Ça veut dire un daara où l'on enseigne aussi bien le français, on récite le coran, l'arabe, le français et pourquoi pas l'anglais, comme tous les autres. Qu'on puisse être ici même et créer un internat où les jeunes filles et les jeunes garçons puissent être internés. Apprendre couramment le Coran, ensuite, au-delà du Coran, apprendre l'arabe, le français et l'anglais. Qu'ils soient formés ici et apprennent tout cela aussi à Ndiassane même au lieu d'aller dans les autres zones, dans la capitale ou autre. Qu'ils puissent être formés ici à Ndiassane même. Donc c'est un rêve que je voudrais qu'on puisse réaliser plus tard.
03:37: DF: Quelles sont vos préoccupations principales pour vous-même, vos enfants et pour Ndiassane en particulier?
Pour Ndiassane, je commence par Ndiassane, je l'ai dit tantôt, que Ndiassane se développe comme toutes les cités religieuses, qu'il ait une grande mosquée, qu'il y ait des daaras, je ne parle pas d'un daara mais des daaras, qu'il y ait tout, des centres sociaux, des structures, tout. Que Ndiassane soit un pôle d'attraction pour tous les musulmans. Bon, pour mes enfants, pas seulement pour mes enfants, pour tous les habitants de Ndiassane, qu'ils réussissent dans la vie. Et moi aussi c'est la même chose, ce que je souhaite pour moi, je le souhaite pour tout le monde, tout le monde réussisse, tout le monde ait une longue vie, c'est tout et la paix surtout dans les cœurs.
04:25: Maria Grosz-Ngaté (MGN) : Merci, j'aimerais ajouter quelques questions qui sortent de ce que vous avez dit. Hum, c'est-à-dire comme vous dites, vous souhaitez qu'on puisse créer un daara moderne et aussi une école, si vous voulez, pour apprendre des métiers comme, être tailleur etc. Pour faire tout ceci qu'est-ce que, selon vous qu'est-ce qu'il faut pour que cela aboutisse?
Bon, il suffit de s'organiser, il faudrait peut-être s'organiser, former des GIE, contacter les autorités bien sûr parce qu'on ne peut pas faire toutes ces choses-là sans les autorités. S'organiser, former des GIE, former des regroupements, s'unir. Il y a beaucoup d'intellectuels à Ndiassane. La plupart ne sont pas ici mais ils sont à Dakar et travaillent. Les jeunes sont dynamiques, ils ont beaucoup de travail. Ici par exemple, il y a beaucoup de mains d'œuvre. Donc on s'organise : essayer de s'organiser, essayer de trouver les autorités, essayer de trouver des financements pour faire aboutir à tout ça. Nous réfléchissons, peut-être dans l'avenir nous pourrons peut-être réaliser toutes ces choses.
05:44: MGN: Et pour le marché, je suis sûre que les maliennes qui viennent ici, et actuellement je vis parmi les maliens qui sont ici pour le gamou qui est passé, eux ils seront très contents de cela, n'est-ce pas?
Oui, c'est un pari très, trés ambitieux, certes c'est une promesse, c'est réalisable. C'est ambitieux mais c'est réalisable.
06:11: MGN: Quel pas est-ce qu'il faut suivre pour arriver à ça?
Donc pour le moment la première chose qu'il faut faire c'est trouver un local. Et peut-être bâtir ce local, et maintenant voir, parce qu'à chaque fois qu'ils viennent, il y a des bâches. Il y a des bâches démontables et quand ils partent on enlève les bâches. Pourquoi ne pas construire un très grand marché à la place des bâches ? Et il y en a qui peuvent rester sur place. Ou bien au lieu de deux fois par an, venir une fois par mois peut-être ou bien organiser des foires et autres. Parce qu'ils restent ici pratiquement un mois, ils ont beaucoup de produits, beaucoup de produits de la CDEAO, du Mali, du Burkina, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée. Vous voyez les tissus, le wax2, les savons, les produits, beaucoup de produits sont là, des fruits secs et ça se vend très bien. Ça se vend très, très bien, ils y trouvent leur compte. Et en même temps quand ils partent, ils achètent des choses pour les amener, pour les revendre chez eux. Donc ça, ce n'est pas seulement bénéfique pour Ndiassane mais c'est bénéfique pour le Sénégal. Moi, mon rêve c'est d'avoir vraiment ce marché. Ce marché existe à Ndiassane qu'on laisse ça à Ndiassane.
07:23: MGN: Et autre chose, puisque vous disiez que les démarches pour l'école ont commencé sous le khalifat Sidi Yakhya Kounta et ils ont abouti sous le khalifat de…
Bien sûr, sous le règne de Sidi Yakhya, il y avait une école mais l'école n'était pas construite, il y avait un hangar là-bas c'est lui-même qui nous avez donné ce hangar. Et on a commencé là-bas, ensuite on a construit la première classe là-bas et maintenant Monsieur Kounta est venu ici.
08:01: MGN: Donc à travers cela, je vois maintenant que c'est très important pour la vision du Khalife, n'est-ce pas, pour le développement de Ndiassane et l'engagement ? Pourriez-vous un peu en parler?
Bon, comme je vous l'ai dit le Khalife, lui il est très ouvert, il a une idée très positive de l'école. Je vous ai dit que le premier directeur, c'est lui qui l'a inscrit à l'école française, c'est son frère, mais c'est lui qui l'a inscrit à l'école française. Quand ils ont fini l'apprentissage du Coran, ils étaient plusieurs, trois ou quatre, cinq, il a demandé à son père, feu Serigne Mamadou Kounta, de lui laisser ses frères pour qu'il les inscrive à l'école française. Au début son père était un peu réticent, mais finalement il a accepté. Et c'est comme ça que les autres, son frère Sidi Lamine, Omar et Mouhamed son fils aîné sont allés à l'école. C'était là-bas au Saloum, dans son village qu'on appelait Ndiassane Saloum, c'est là qu'ils ont débuté leur scolarité. Donc ça c'est des années et des années. Le Khalife a eu très tôt une vision de l'école française.
09:23: MGN: Est que vous avez autre chose à ajouter, quelque chose dont on n'a pas parlé, on n'a pas pensé?
Peut-être parler un peu de la mendicité, on parle très souvent de la mendicité au Sénégal. Moi je suis fière de dire qu'à Ndiassane, il n'y a pas de mendiant. Ça je le dit haut et fort, ici il n'y a pas de mendiant, les talibés ne font pas l'aumône, ils restent chez eux, chez leur marabout, ce sont les marabouts qui les entretiennent, qui les nourrissent. Ils ne font pas la mendicité. Vous pouvez contrôler, les gens qui sont ici à Ndiassane dans les daaras ne font pas la mendicité, ça je suis fière de le dire.
10:10: MGN: Oui, effectivement, je ne l'ai jamais vu et on me l'a dit à plusieurs reprises et c'est vraiment bien. Merci beaucoup. Merci.
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1 Tissus de textile souvent teinté servant à la fabrication des boubous traditionnels dans beaucoup de pays de l'Afrique de l'ouest, surtout au Mali et au Sénégal.
2 Type de tissus
Première partie
00:02: Daouda Faye (DF) : Ndiassane, le 16/06/2015, chez Madame Aminata Kounta.
Bonsoir Madame Aminata Kounta. Pourriez-vous vous présenter?
Aminata Kounta: Bonsoir Monsier Faye, bonsoir Madame Maria Coulibaly. Je m'appelle Aminata Kounta, je suis mariée et j'ai des enfants et ma place dans la famille, je suis la fille du Khalife.
00:32: DF: Où et comment est-ce que vous avez grandi?
J'ai grandi dans un village qui s'appelle Ndiassane Saloum, c'est l'homonyme de Ndiassane. Il est situé dans la région de Fatick. Mon grand-père, le père de mon père, avait fondé ce village et toute la famille y était. C'est là où je suis née, c'est là où j'ai commencé mes études jusqu'en classe de cinquième. Et nous avons quitté pour venir ici à Ndiassane.
01:03: DF: Comment êtes-vous arrivée à faire l'école française?
Par le biais de mes parents bien sûr parce que mon père a très vite eu une vision positive de l'école. D'ailleurs, c'est lui qui a inscrit la plupart de ses frères. Il nous a inscrit nous tous, en particulier mon grand frère Mouhamed Kounta qui est actuellement professeur, et tous les autres.
01:33: DF: Où est-ce que vous avez fait vos études?
J'ai commencé mes études à Ndiassane Saloum jusqu'en classe de cinquième. Et quand mon grand-père devait venir pour prendre la tête du Khalifat, nous avons dû quitter Ndiassane Saloum, région de Fatick, département de Fatick bien sûr, pour venir ici à Ndiassane. Et là-bas, moi je suis allée à Tivaouane, dans une grande famille tidiane. Je salue au passage monsieur Aziz Diaw qui m'a éduquée, qui a beaucoup fait pour moi jusqu'en classe de CM2. J'ai réussi mon entrée en sixième et je suis allée au lycée Malick Sy de Thiès. Là-bas, je suis allée chez mes parents, le frère de mon père Bécaye Kounta, ensuite chez ma grand-mère Sokhna Fatma Kounta, c'est la maman de ma tante. Là aussi j'ai reçu une très bonne éducation, j'étais bien encadrée et j'ai acquis beaucoup de choses là-bas jusqu'en classe de terminale où j'ai cessé mes études.
02:36: DF: Comment est-ce que vous avez choisi l'enseignement comme métier?
Bon, d'abord quand j'ai cessé d'étudier en 1984, je suis allée à Touba dans la maison maternelle. Et là-bas on avait ouvert une école privée qui s'appelait privée Serigne Cheikh. Et là-bas on m'a recruté comme enseignante, j'ai démarré là-bas et j'ai fait plus de six ans. Et ensuite en 1990, par le biais de mon mari et de son père Cheikh Bou Mouhamed Kounta, j'ai été recrutée dans l'enseignement et comme ça je suis entrée dans l'enseignement.
03:16: DF: Depuis quand travaillez-vous à Ndiassane?
Depuis 1991, mon premier poste c'était Mbindam, un village près de Tivaouane. C'est là où j'ai débuté, ensuite je suis venue à Ndiassane en 1991, jusqu'à maintenant.
03:36: DF: Quelle étaient les démarches pour avoir une école française ici?
Bon les démarches ont commencé par feu Sidi Lamine Kounta, c'est le frère de mon père. Il a fait l'école normale, il était aussi affecté à Kaolack. Quand il a voulu regagner Ndiassane, il a fait des démarches par le biais du Khalife El Hadji Sidi Yakhya Kounta. Ensuite les choses ont abouti sous le khalifat de Cheikh Bou Mouhamed Kounta et l'école de Ndiassane a été créée. Donc c'est par son biais, c'est grâce à lui, maintenant il est décédé, que la terre lui soit légère, que l'école de Ndiassane a été créée. D'ailleurs il était le directeur.
04:17: DF: Qu'est-ce qu'il fallait faire pour convaincre les parents de laisser leurs enfants aller à l'école, surtout les filles?
Bon, Monsieur Kounta était une personnalité très connue et très respectée du village. Tout le monde l'aimait, l'adorait de par son éducation étant donné qu'il était très apprécié et il a fait l'école. Les gens se sont inspirés de lui pour maintenant laisser leurs enfants aller à l'école. En ce qui concerne la scolarisation des filles, ce problème ne s'est jamais posé à Ndiassane. Parce que la plupart du temps dans toutes les classes, les filles étaient pratiquement supérieures ou égales aux garçons donc ce problème ne s'est jamais posé ici à Ndiassane.
05:04: DF: Est-ce-que vous avez joué un rôle dans tout cela?
Bon, un petit peu, parce que quand nous étions ici, nous n'étions pas nombreux. Quand je venais ici, il y avait quatre classes. Quand donc les habitants nous ont vus, nous fils de Ndiassane, évoluer à l'école, beaucoup ont eu confiance en nous et ont voulu amener leurs enfants à l'école. Il y avait des réticences, mais puisqu'ils nous ont vus alors ils se sont dit que, peut-être, « bon c'est une bonne chose ». C'est petit à petit que la plupart se sont inscrits et maintenant l'effectif devient de plus en plus grand.
05:43: DF: Comment s'est effectuée la transition entre l'élémentaire et le collège de Ndiassane?
Les élèves de Ndiassane étaient très brillants, mais la plupart abandonnaient leurs études au niveau du CM2. Pourquoi, parce qu'il y avait pas de CEM, ils devaient aller à Tivaouane. Il y avait le problème d'hébergement ou bien il y avait pas les moyens, il y avait pas de calèche, il y avait pas de voiture à ce moment-là. Les élèves étaient obligés de faire des vas-et-viens toute la semaine. Ils étaient fatigués, et cela n'en valait pas la peine. La plupart des enfants qui étaient très brillants ont dû abandonner au CM2. Compte tenu de tous ces facteurs, nous avons fait des démarches et nous avons demandé un collège. Au début c'était très difficile parce qu'il n'y avait que neuf élèves. C'était un défi à relever. Monsieur Kounta était le directeur de l'école primaire, il n'y avait pas de local. Il a fallu qu'il prête une classe pour qu'on puisse démarrer le CEM. Les gens se disaient qu'avec un effectif de neuf élèves ça n'allait pas marcher. La plupart ont voulu amener leurs enfants ailleurs parce qu'ils se disaient qu'avec cet effectif-là, les gens ne pouvaient pas faire un bon travail, surtout les professeurs. Mais c'était un défi, on y croyait, on s'y est mis et finalement l'année suivante l'effectif a triplé. Nous avons atteint une quarantaine d'élèves. Et ainsi chemin faisant, le CEM s'est installé.
07:15: DF: Comment s'est effectué votre affectation comme surveillante au collège maintenant?
J'étais ici à l'école primaire, à un certain moment donné Monsieur Kounta a quitté et j'ai même eu à assurer l'intérim du directeur. Mais finalement en 2005, j'étais un peu malade alors c'est pour cette raison que j'ai demandé d'être affecté au CEM comme surveillante, pour des raisons de santé.
07:43: DF: Pourriez-vous nous parler de votre travail à l'école?
Bon, au CEM je suis surveillante, chaque surveillant a sa classe. Ensuite je m'occupe aussi de la cantine scolaire qui nous a été… je salue au passage l'Association des Racines et des Hommes qui a beaucoup contribué au développement du CEM de Ndiassane. Parce que c'est grâce à cette association que nous avons pu acquérir l'eau, l'électricité, la cantine et bien d'autres choses. Donc, je m'occupe de la cantine scolaire, je suis aussi le comptable matière.
08:23: DF: Comment est-ce que l'école a évolué depuis votre arrivée à Ndiassane?
Bon, depuis notre arrivée, celui qui a le plus marqué l'école c'est Monsieur Kalidou Sow. Lui, il était vraiment un grand travailleur, il était entrepreneur, vraiment c'est grâce à lui que l'école a évolué. Avec lui est arrivé l'électricité, le téléphone, l'eau, le mur de clôture et tout. Donc nous lui rendons un grand hommage et les professeurs aussi n'ont pas démérité. Parce qu'en tout ce qui les concerne, ils ont montré le maximum d'eux-mêmes et ils ont tout fait pour que l'école évolue. Actuellement les résultats sont là. Nous avons de très bons résultats au niveau du BFEM et l'effectif grandit de plus en plus. D'ailleurs les classes sont maintenant très pléthoriques et nous avons aussi des problèmes de salle de classe.
09:12: DF: Quelles sont vos principales satisfactions?
Bon, la principale satisfaction c'est voir, au départ il y avait neuf élèves et aujourd'hui nous parlons de cinq cents élèves, donc ça c'est une grande évolution. Pour une durée qui ne dépasse pas dix ans, donc ça c'est une satisfaction. Le fait aussi de voir les élèves qui se sédentarisent, les élèves qui continuent leurs études parce qu'ils ont actuellement un CEM de proximité. Ils peuvent étudier et rentrer chez eux facilement, ça aussi c'est une satisfaction. Et les résultats aussi, les élèves aussi sont très méritants, il y a des moyennes de dix-huit en classe de sixième. Donc ça c'est une satisfaction.
10:02: DF: Dans votre vie, quels sont vos plus grands défis?
Un défi à relever ou bien que j'ai déjà relevé?
10:14: DF: Non, votre défi dans votre vie.
Le défi, c'est que le CEM soit érigé en lycée, ça c'est notre idéal. Le CEM soit un lycée pour que les élèves puissent rester à Ndiassane, du préscolaire, l'élémentaire, le moyen et le secondaire. Ensuite quitter pour l'université ou bien pour les études supérieures ou bien les formations, donc c'est ce que nous voulons. Que le CEM de Ndiassane soit érigé en lycée très bientôt.
10:43: DF: Et dans votre vie de tous les jours?
Dans notre vie, bon, Ndiassane est un petit village qui s'agrandit certes mais il y a beaucoup de choses qui manquent surtout au niveau des jeunes filles. Ici, la plupart des filles qui ont quitté l'école ont des métiers de domestiques. Ça c'est déplorable, nous souhaitons avoir un centre où l'on puisse former les jeunes filles à la couture, à d'autres choses au lieu de les laisser faire des métiers de domestiques, donc nous voulons une formation pour les jeunes filles.
11:21: DF: Quelle est la place du CEM par rapport aux autres structures éducatifs à Ndiassane?
Deuxième partie
Bon par rapport aux autres structures, je crois que chaque structure… peut-être l'école primaire et le CEM sont liés. Il y a un institut islamique ici, mais ils s'en vont parallèlement. Ils ont de bonnes relations, mais là-bas, il y a l'arabe et le français et ici il y a le français mais aussi il y a l'arabe. Donc ce sont des structures parallèles. Ils n'ont pas de rapport, ils ont peut-être des rapports amicaux.
00:37: DF: Est-ce-que vous avez des engagements professionnels, sociaux, religieux hors de votre travail?
Personnellement, je voudrais peut-être plus tard, je rêve de devenir peut-être, directrice de l'école élémentaire. Sociaux, comme je vous l'avais dit tantôt je voudrais qu'on crée des centres de formation pour les jeunes filles. Je voudrais que Ndiassane, comme toutes les communautés religieuses soit dotée d'une très grande mosquée, d'une daara moderne et de toutes les structures nécessaires pour une grande ville religieuse. Je voudrais aussi que, puisque à chaque année il y a deux grands rassemblements religieux ici à Ndiassane, en l'occurrence le gamou et le ziara, et durant ces rassemblements, les maliens, les ivoiriens et tous les autres qui viennent pour vendre leurs produits, je voudrais que ce marché perdure, se pérennise parce que ça pourrait être un marché, comme c'est la CDEAO, que ça ne se limite pas seulement à ces deux événements. Que Ndiassane soit un pôle d'attraction pour tous ceux qui veulent acheter des produits de la CDEAO. Donc que ça soit un marché qui reste ici à Ndiassane où tous les sénégalais, même tous les autres puissent venir ici à Ndiassane acheter ici des thioubs1, des savons et autres. Donc mon rêve serait qu'on mette ici un grand marché qui pourrait attirer tous les ressortissants des autres pays ici à Ndiassane. Et ce marché ne soit pas seulement limité au gamou et au ziara.
02:32: DF: Tout à l'heure vous avez dit que vous voulez, dans vos engagements, vous avez besoin d'un daara moderne, qu'est-ce que vous entendez par daara moderne?
Oui, daara moderne ! Dans mes rêves, je me dis souvent que plus tard, je rêve de créer ou bien par le biais de mes relations ou autres créer un daara moderne. Ça veut dire un daara où l'on enseigne aussi bien le français, on récite le coran, l'arabe, le français et pourquoi pas l'anglais, comme tous les autres. Qu'on puisse être ici même et créer un internat où les jeunes filles et les jeunes garçons puissent être internés. Apprendre couramment le Coran, ensuite, au-delà du Coran, apprendre l'arabe, le français et l'anglais. Qu'ils soient formés ici et apprennent tout cela aussi à Ndiassane même au lieu d'aller dans les autres zones, dans la capitale ou autre. Qu'ils puissent être formés ici à Ndiassane même. Donc c'est un rêve que je voudrais qu'on puisse réaliser plus tard.
03:37: DF: Quelles sont vos préoccupations principales pour vous-même, vos enfants et pour Ndiassane en particulier?
Pour Ndiassane, je commence par Ndiassane, je l'ai dit tantôt, que Ndiassane se développe comme toutes les cités religieuses, qu'il ait une grande mosquée, qu'il y ait des daaras, je ne parle pas d'un daara mais des daaras, qu'il y ait tout, des centres sociaux, des structures, tout. Que Ndiassane soit un pôle d'attraction pour tous les musulmans. Bon, pour mes enfants, pas seulement pour mes enfants, pour tous les habitants de Ndiassane, qu'ils réussissent dans la vie. Et moi aussi c'est la même chose, ce que je souhaite pour moi, je le souhaite pour tout le monde, tout le monde réussisse, tout le monde ait une longue vie, c'est tout et la paix surtout dans les cœurs.
04:25: Maria Grosz-Ngaté (MGN) : Merci, j'aimerais ajouter quelques questions qui sortent de ce que vous avez dit. Hum, c'est-à-dire comme vous dites, vous souhaitez qu'on puisse créer un daara moderne et aussi une école, si vous voulez, pour apprendre des métiers comme, être tailleur etc. Pour faire tout ceci qu'est-ce que, selon vous qu'est-ce qu'il faut pour que cela aboutisse?
Bon, il suffit de s'organiser, il faudrait peut-être s'organiser, former des GIE, contacter les autorités bien sûr parce qu'on ne peut pas faire toutes ces choses-là sans les autorités. S'organiser, former des GIE, former des regroupements, s'unir. Il y a beaucoup d'intellectuels à Ndiassane. La plupart ne sont pas ici mais ils sont à Dakar et travaillent. Les jeunes sont dynamiques, ils ont beaucoup de travail. Ici par exemple, il y a beaucoup de mains d'œuvre. Donc on s'organise : essayer de s'organiser, essayer de trouver les autorités, essayer de trouver des financements pour faire aboutir à tout ça. Nous réfléchissons, peut-être dans l'avenir nous pourrons peut-être réaliser toutes ces choses.
05:44: MGN: Et pour le marché, je suis sûre que les maliennes qui viennent ici, et actuellement je vis parmi les maliens qui sont ici pour le gamou qui est passé, eux ils seront très contents de cela, n'est-ce pas?
Oui, c'est un pari très, trés ambitieux, certes c'est une promesse, c'est réalisable. C'est ambitieux mais c'est réalisable.
06:11: MGN: Quel pas est-ce qu'il faut suivre pour arriver à ça?
Donc pour le moment la première chose qu'il faut faire c'est trouver un local. Et peut-être bâtir ce local, et maintenant voir, parce qu'à chaque fois qu'ils viennent, il y a des bâches. Il y a des bâches démontables et quand ils partent on enlève les bâches. Pourquoi ne pas construire un très grand marché à la place des bâches ? Et il y en a qui peuvent rester sur place. Ou bien au lieu de deux fois par an, venir une fois par mois peut-être ou bien organiser des foires et autres. Parce qu'ils restent ici pratiquement un mois, ils ont beaucoup de produits, beaucoup de produits de la CDEAO, du Mali, du Burkina, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée. Vous voyez les tissus, le wax2, les savons, les produits, beaucoup de produits sont là, des fruits secs et ça se vend très bien. Ça se vend très, très bien, ils y trouvent leur compte. Et en même temps quand ils partent, ils achètent des choses pour les amener, pour les revendre chez eux. Donc ça, ce n'est pas seulement bénéfique pour Ndiassane mais c'est bénéfique pour le Sénégal. Moi, mon rêve c'est d'avoir vraiment ce marché. Ce marché existe à Ndiassane qu'on laisse ça à Ndiassane.
07:23: MGN: Et autre chose, puisque vous disiez que les démarches pour l'école ont commencé sous le khalifat Sidi Yakhya Kounta et ils ont abouti sous le khalifat de…
Bien sûr, sous le règne de Sidi Yakhya, il y avait une école mais l'école n'était pas construite, il y avait un hangar là-bas c'est lui-même qui nous avez donné ce hangar. Et on a commencé là-bas, ensuite on a construit la première classe là-bas et maintenant Monsieur Kounta est venu ici.
08:01: MGN: Donc à travers cela, je vois maintenant que c'est très important pour la vision du Khalife, n'est-ce pas, pour le développement de Ndiassane et l'engagement ? Pourriez-vous un peu en parler?
Bon, comme je vous l'ai dit le Khalife, lui il est très ouvert, il a une idée très positive de l'école. Je vous ai dit que le premier directeur, c'est lui qui l'a inscrit à l'école française, c'est son frère, mais c'est lui qui l'a inscrit à l'école française. Quand ils ont fini l'apprentissage du Coran, ils étaient plusieurs, trois ou quatre, cinq, il a demandé à son père, feu Serigne Mamadou Kounta, de lui laisser ses frères pour qu'il les inscrive à l'école française. Au début son père était un peu réticent, mais finalement il a accepté. Et c'est comme ça que les autres, son frère Sidi Lamine, Omar et Mouhamed son fils aîné sont allés à l'école. C'était là-bas au Saloum, dans son village qu'on appelait Ndiassane Saloum, c'est là qu'ils ont débuté leur scolarité. Donc ça c'est des années et des années. Le Khalife a eu très tôt une vision de l'école française.
09:23: MGN: Est que vous avez autre chose à ajouter, quelque chose dont on n'a pas parlé, on n'a pas pensé?
Peut-être parler un peu de la mendicité, on parle très souvent de la mendicité au Sénégal. Moi je suis fière de dire qu'à Ndiassane, il n'y a pas de mendiant. Ça je le dit haut et fort, ici il n'y a pas de mendiant, les talibés ne font pas l'aumône, ils restent chez eux, chez leur marabout, ce sont les marabouts qui les entretiennent, qui les nourrissent. Ils ne font pas la mendicité. Vous pouvez contrôler, les gens qui sont ici à Ndiassane dans les daaras ne font pas la mendicité, ça je suis fière de le dire.
10:10: MGN: Oui, effectivement, je ne l'ai jamais vu et on me l'a dit à plusieurs reprises et c'est vraiment bien. Merci beaucoup. Merci.
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1 Tissus de textile souvent teinté servant à la fabrication des boubous traditionnels dans beaucoup de pays de l'Afrique de l'ouest, surtout au Mali et au Sénégal.
2 Type de tissus
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Courtesy of Maria Grosz-Ngaté
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Creator: Kounta, Aminata
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Grosz-Ngaté, Maria
Faye, Daouda
Grosz-Ngaté, Maria
Description: Aminata Kounta, is a daughter of Khalif El Hadj Mame Bou Mouhamed Kounta and his second wife Aminata Mbacke from Touba. She begins by speaking about her upbringing, her schooling, and her work in education, and then discusses the establishment of the Ndiassane primary school and the middle school, where she works. In the last part of the interview she elaborates on her aspirations for herself and for the community and outlines some of the steps necessary to achieve them.
Interview conducted in French by Daouda Faye and Maria Grosz-Ngaté. Transcribed by Gana Ndiaye.
Interview conducted in French by Daouda Faye and Maria Grosz-Ngaté. Transcribed by Gana Ndiaye.
Date: June 16, 2015
Date Range: 2010-2019
Location: Ndiassane, Thies, Senegal
Format: Audio/mp3
Language: French
Rights Management: For educational use only.
Contributing Institution: Maria Grosz-Ngate; MATRIX: Center for Digital Humanities and Social Sciences at Michigan State University
Digitizer: Maria Grosz-Ngaté