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The
Passport to Paradise gallery highlights the bold, visual images found
all over Dakar by focusing upon the urban visual culture of the Mourides,
a Senegalese Sufi movement centered upon the life and teachings of
a local saint named Sheikh Amadou Bamba.
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Fuuta Tooro Oral History Project: Interview with Mammadu Njaari Mben French Translation Session from which is taken selection 2 of Moustapha Kane and David Robinson, eds, The Islamic Regime of Fuuta Tooro. An Anthology of Oral Tradition transcribed in Pulaar and Translated into English (East Lansing, Michigan State University, African Studies Center, 1984). MBENGUE, Mamadu Ndiari 23 janvier 1969 Traducteur: Alioune Diallo Musa Gueye: Mamadu, nous sommes venus ici vous demander de nous parler de l’histoire du Futa, et avant tout de votre village depuis son fondement, ses chefs et ses habitants. M’Bengue: Horkadiere est un village de Kolyabe qui ont succédé aux Denyankes qui avaient régné pendant 333 ans sur le pays de Dagana à Diorol. Autrefois le village était habité par des Denyanke, des Yalalbe, leurs griots et quelques Kolyabe. Les chefs du village sont élus de la caste torodo descendue de Haymut Takko Malik Rasin Bubu Hamat. Quand Haymut est arrivé ici il trouva le règne des Denyanke; lui et sa suite refusèrent d’habiter avec les Denyanke et s’installèrent à côté dans leur propre village. Les Denyanke et Kolyabe étaient complètement païens, ils ne priaient pas. Alors un jour un vieux ceddo du village du Satigi monte sur un cheval coûtant 20 esclaves, portant un fusil valant 7 esclaves et des bottes d’une valeur de 3 esclaves. Il croisa Haymut, qui était vêtu d’un bubu en bandes tissées et cousu des fibres d’écorce du baobab [son pantalon et son bonnet étaient fabriques de la même façon]. Le ceddo était étonné: “Mais créature, d’où sorts-tu comme ca? Tu es vraiment drôle avec tes habits cousus avec les fibres de l’écorce de baobab.” Haymut: “Pourtant tu ne devais pas te moquer de moi, je suis une créature de Dieu comme toi, c’est à dire un esclave de Dieu.” Le ceddo: “Esclave de Dieu! J’ai souvent entendu parler de Dieu et de sa grandeur, et ses esclaves sont si drôles à voir? Non, je suis `esclave du Satigi,’ tu diras ça à ton maître Dieu. Mais avant tout je vais te montrer mon maître [khalifa].” Puis il conduit Haymut auprès de Satigi Sule Ndiaye. Le Satigi s’écria: “Qui m’amènes-tu comme ca?” Le ceddo, sur un ton ironique, répondit: “C’est un esclave de Dieu.” Le Satigi reprit: “Mais Dieu a alors des drôles d’esclaves!” Quelques jours après le ceddo mourut, sa mort démontrant encore une fois le manque de religion du Satigi et de son entourage. Le ceddo s’appelait Maham. Apres avoir présenté Haymut, Maham ne remit pied chez le Satigi, qui remarqua son absence pendant 3 jours. “Il est peut-être chez lui et ne veut pas venir,” répondit quelqu’un. “Vas chez lui et dis-lui que je veux le voir immédiatement,” dit le Satigi. Arrive chez Maham l’envoyé trouva la femme de Maham devant la case et lui demanda: “Ou est Maham? Est-il en voyage?” Elle répondit: “Non, il dort depuis 3 jours sans se réveiller, il ne me répond point. Entre et vois si tu peux le réveiller.” Ils entrèrent dans la case et trouvèrent Maham allonge sur sa natte. “Maham, lève-toi, viens répondre au Satigi,” crièrent-ils en le secouant. Puis il constatèrent qu’il était mort et allèrent le dire au Satigi, qui dit: “Mais est-ce qu’il eut une querelle dans le villages ces jours-ci?” “Non,” répondit l’entourage. “Mais c’est impossible, on ne peut pas mourir sans être battu.” Puis il ordonna a ses hommes d’examiner le corps de Maham pour voir s’il avait été poignardé ou fusillé. Ils s’y rendirent et revinrent dire: “Nous n’avons rien constaté sur le corps de Maham, pourtant il est mort.” “Impossible,” dit le Satigi furieux. “Il faut voir si ce n’est pas celui que l’on appelle Dieu qui l’a tué,” dit quelqu’un d’autre. “Quoi? Dieu? Non, c’est inadmissible que Dieu tue mon homme, il n’ose pas. Mais si Dieu a tué mon esclave il faut que je me venge, allez chercher un esclave de Dieu, dépêchez-vous,” répondit le Satigi. Les griots se mirent a chanter: “Bismillaye, Sule Ndiaye, arrahim Sule Ndiaye! Aller au jeu des diables est meilleur que d’aller au jeu de Sule Ndiaye. Au jeu des diables tu deviendras fou simplement. Chez Sule Ndiaye les balles et les epées vont te tuer. Sule Ndiaye est une marmite de venin où l’on prépare la mort avec du sang et des balles.” Les hommes du Satigi allèrent trouver Haymut chez lui, il était en train de prier. “He! Vieux, c’est toi qui disait que tu es esclave de Dieu,” crièrent les cavaliers du Satigi. “Oui, c’est moi, je suis esclave de Dieu,” répondit Haymut indifféremment. “Donc, lève-toi. Tu as affaire avec le Satigi car ton maître Dieu a tué un esclave du Satigi, qui veut maintenant un esclave de Dieu pour se venger.” “Vous êtes venus en retard. Hier vous auriez pu m’emmener mais aujourd’hui j’ai accompli mon devoir envers mon maître, et Dieu m’a vendu à Muhammad le Prophète.” “Qu’est-ce que tu dis? Le Satigi dit de venir toute de suite,” ils répondirent. “Allez dire au Satigi que Dieu m’a vendu à Muhammad et que je ne suis plus l’esclave de Dieu.” Les cavaliers retournent au Satigi et lui dirent: “Nous avons vu l’esclave de Dieu mais il nous dit que Dieu l’a vendu à Muhammad..” Le Satigi répondit: “Qu’est-ce que je vais foutre avec un esclave de Muhammad, je veux un esclave de Dieu, c’est Dieu qui m’a offensé. Allez me chercher un esclave de Dieu.” Les cavaliers revinrent chez Haymut lui demander de leur indiquer un esclave de Dieu. Puis Haymut leur remit une lettre où il dit: “Mon cher frère, ces jeunes qui vous portent cette note sont de fiers païens à la recherche d’un esclave de Dieu pour le tuer. Gardez-vous bien de leur dire que vous êtes esclaves de Dieu mais recommandez-leur une note comme celle-ci adressée a un marabout encore plus éloigné, lui indiquant de faire pareil, tout afin que périssent ces jeunes.” Il leur dit d’aller voir Cerno Ngapugu et de lui remettre la note, qu’il les aiderait ensuite à trouver un esclave de Dieu. Ils trouvèrent le marabout et Cerno Ngapugu leur remis une autre note en leur disant d’aller voir le Cerno Funebe. Celui-ci les envoya chez le Cerno Tillere, ainsi errent-ils dans le pays avec cette note. On dit qu’ils ne sont jamais revenu et cherchent toujours. Ou qu’ils périrent avec la note de Haymut. On dit que Haymut était un saint. Haymut eut 2 fils, saints aussi: Amadu Bodejo [“le rouge”] et Amadu Balejo [“le noir”]. Le premier eut Rasin dit Alfa Rasin. Le 2e eut Rasin appelé Tapsiru Rasin. Ce dernier eut Sire, Dioro et Raki. La mère de Tapsiru était Kumba Abdullay Jiby Selli Ali Mamudu. Alfa Rasin eut Belly, Aliyu, Mamadu, Ibrahima et Haymut. La mère de Haymut et d’Ibrahima était Kumba Umar Eliman Bamba Alfa Rasin. La mère de Belly et d’Aliyu était Raby Almamy Amadu Babaly. Belly Alfa Rasin eut Mamadu, Diary, Mariam, Kursum, Ibrahima, Muteyni, Ama, Haymut et Saydu. Selli Umu Selli Wahhab Babakar Abdul Sire fut la mère de Mamadu, Diary, Mariam et Kursum. La mère d’Ibrahima était Umu Sawadi Baila Yero Moktar Aly Rasin Dimaly. La mère de Muteyni, Ama, Haymut et Saidu était Selli Jeynaba Mamudu Sawdatu Cerno Mamudu Aly Rasin Jamilu. Musa Gueye: Quel nom de famille? Mbengue: Sall, des Eliman Lewa. Musa Gueye: Pouvez-vous nous parler de la bataille livrée par la famille de Haymut a Mouderi? Mbengue: Ils se sont battus avec les Sarakolles sous le règne de l’Elfeki de Ngenar. Eut et l’Elfeki étaient contre les Sarakolles de Borde. Musa Gueye: Que savez-vous de la famille du Cerno Ngapugu? Mbengue: Il était un très grand marabout, a l’époque d’Almamy Abdul qu’il servit en tant que juge. Il est originaire de Jigue et s’installa à Sinthiou Bamambe où il devint chef. Musa Gueye: Qu’en savez-vous du Cerno Funebe? Mbengue: Il est d’Ogo où il est chef de village. De cette famille provient Amadu Sire Babaly, actuellement à Kaedi et aussi beaucoup d’Almamies du Futa, dont Amadu, Sibe, Mamadu et Sire. Musa Gueye: Elfeki Ngenar était le chef de Gaol à Diorol. A-t-il règne avant ou après les Almamies? Mbengue: Avant. L’Elfeki vient du Mali, descendant des Tabura qui étaient marabouts. Ils sont venus avec Koly le Denyanke, dont Tabura était le marabout. C’était Tabura qui bénissait la conquête du Futa par Koly. Ensuite Koly donna à Tabura un morceau de terre qui s’étendait entre Gaol et Diowol, c’est ce morceau qui s’appelle Ngenar. L’Elfeki régna jusqu’à la chute des Denyankes, chute occasionnée par les marabouts torodos et leurs kalwas [retraites spirituelles]. Sans s’en rendre compte les Denyanke se battaient entre eux et s’entre-tuaient, par exemple lors de la querelle entre Samba Gelajegi et Konko Bubu Musa à Diowol. Le reste des Denyanke s’associa aux torodos enfin et le titre de Satigi fut remplacé par celui d’Almamy; les Denyanke se convertirent et commencèrent à étudier le Qur’an. C’était Cerno Sulayman Bal qui était le juge et dirigeant du peuple, puis le premier Almamy fut Abdul Qadir. Il satisfaisait toutes les conditions et a régné pendant 30 ans. Musa Gueye: Quelles sont les batailles livrées par Almamy Abdul au cours de son règne? Mbengue: Abdul descend d’un des 5 frères saints venus d’Assal [l’Assaba?] en Mauritanie. Ils étaient Amar Hamat Juldo, Bubu Hamat Juldo, Rasin Hamat Juldo, Mustafa Hamat Juldo et Ali Hamat Juldo. Aly eut Abdul, Samba, Demba, Yero, Biran, deux Usman, Maka, Pathe et Rasin. Rasin planta une mosquée à Dimat au Toro. Abdul le fit à Kobbilo. Samba et Demba le firent à Thiodaye, Yero à Anyam Godo, Biran et un des Usman à Mbolo Birane, Pathe à Siwe, l’autre Usman à Boki Diave. Almamy Abdul commença par lutter contre Sule Bubu. Il battit les maures Brakna. A Bungoye [au Cayor] il a perdu quelques uns de ses enfants. Musa Gueye: Pouvez-vous nous parler de Shaikh Mamadu? Mbengue: Il était le talibé de Shaikh Saad Bu de la Mauritanie et c’est la où Mamadu étudia le Qur’an avant de revenir au Futa. Shaikh fut un grand marabout très connu chez les Futanke. Il eut une femme au Futa qui était la mère d’Abdussalam [Kan] et une femme maure et une femme de Sine. La mère d’Abdussalam s’appelait Hawa Raby Almamy Mamadu; la mère de Habib était la mauresque; la mère de Musa Molo le petit s’appelait Teddy. Musa Molo le grand était un fervent talibé de Shaikh, qui lui donna 10 esclaves et 100 bêtes lors de son mariage. Musa Gueye: Quels sont les liens de parenté entre Abdussalam et les St. Louisiens? Mbengue: Hamat Tapsiru Ndiaye, originaire du Futa, s’installa à St. Louis. Il était de Hore-Fonde. A St. Louis il se maria avec une femme wolof et eut Aminata Hamat, grande mère d’Abdussalam. L’oncle d’Abdussalam était Dudu Seck, un wolof. Musa Gueye: Comment fut destitue l’Elfeki? Mbengue: Avec la chute des Denyanke et l’installation d’Abdul comme Almamy, l’Elfeki fut détrôné et remplace par un musulman Denyanke. Les Denyanke et les Kolyabe, devenus musulmans, régnèrent sur le Ngenar jusqu’à l’époque d’Abdul Bokar qui enleva leur commandement de force. Ainsi le Ngenar devint une province du Bossea. Note: ici le traducteur a saute un passage sur la bataille de Bofel-Thiankone. Musa Gueye: Apres sa défaite devant Abdul Bokar a Thiankone, Bubu Sire, qu’est-ce qu’il est devenu? Mbengue: Il alla à Nioro où il fut bien reçu par le Lam Julbe à qui il demande une armée pour combattre Abdul Bokar, qui voulait commander tout le Futa. Mais le Lam Julbe refusa habilement en disant qu’un musulman ne doit jamais combattre un autre musulman. Il fit perdre à Bubu Sire tout idée de vengeance sur Abdul et Bubu se résigna et finit par mourir à Nioro sans jamais revenir au Futa. Musa Gueye: Est-ce qu’Abdul eut un vrai adversaire au cours de son règne? Mbengue: Pratiquement pas. Il soumit le Bossea et le Ngenar Damga. Il combattit les Yirlabe et le Law, mais ils n’acceptèrent pas à se soumettre. Abdul s’est souvent battu avec Mamadu Sile de Pete, Ibra Almamy et Lam Toro Mamadu Mbowba. Il les battait presque toujours mais ne réussit pas à les soumettre. Eux enfin finirent par le battre avec l’aide des blancs, qui leur prêtèrent des canons et des soldats. Ils obligèrent Abdul de quitter le Futa et se réfugier en Mauritanie. Musa Gueye: “Qu’en savez-vous de Baidy Elfeki? Mbengue: C’est le père de Baidy qui se battit contre Abdul, deux fois, le vainquant à Bofel et subissant la défaite à Thiankone. Baidy ne fut qu’un sujet soumis à Abdul, bon gré mal gré. Baidy et les torodos et les Denyanke du Ngenar Damga furent les sujets d’Abdul malgré eux. Ils ne l’aimaient pas mais n’osaient pas révolter. fin |
Sampling from L'Institut Fondemental d'Afrique Noire (IFAN) Collection Charles Becker: Recherches et documents sur le Sida Photographs from “Passport to Paradise’: Sufi Arts of Senegal and Beyond |
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